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mardi, 28 août 2018

Pour vraiment verdir le financement de l'économie


Pour vraiment verdir le financement de l'économie la sphère financière toute entière doit se mobiliser. Elle le fera d'autant mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.  

To really green the financing of the economy, the entire financial sphere must mobilize. It will do so much better than central banks and supervisors will strongly and skilfully accompany it through an adequate prudential environment but also by the implementation of a sustainable policy of preferential refinancing.

article publié sur Linkedin le 28/08/2018

      Pour réduire de façon drastique les émissions de carbone (engagement de l'U.E. de les  réduire de 40 %  avant 2030 notamment) il est indispensable de très fortement verdir le financement de l'économie. Les financements publics sont et resteront très insuffisants, les financements privés par les banques et les marchés doivent être massivement mobilisés. Surtout  qu'il y a le même impératif pour lutter contre la pollution, pour renforcer  les économies d'énergie et arrêter l'effondrement de la biodiversité. 

Il est heureux que neuf banques centrales[1] et superviseurs bancaires se soient mobilisés en décembre 2017 en vue de publier un rapport en avril 2019. Le défi, selon le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau,  est pour ces autorités " notre  nouvelle frontière à l'instar  du financement de la croissance et des grandes infrastructures au XIXème siècle ou de la gestion des grandes crises financières au cours de cent dernières années"[2].   
Ces Banques centrales et superviseurs travaillent essentiellement pour déterminer le bon environnement prudentiel pour intégrer le développement de la finance verte même si leur objectif  vise aussi à renforcer la mobilisation des capitaux en faveur de ce développement. Le prudentiel prédomine dans ces travaux et dans la gamme des éléments de préconisations déjà en partie dévoilés; le volet superviseurs a  et de loin pris le pas sur la partie  banques centrales et les politiques et taux et de refinancement, bases des politiques monétaires.  
A très grands traits, pour le prudentiel il s'agit de bien mesurer les risques climatiques après en avoir harmonisé les composantes et de mettre en place des stress tests appropriés auprès des banques et des assurances  comme ces autorités savent le faire pour les risques classiques après en avoir ajusté les dispositifs plusieurs fois depuis Bâle 1 et les directives européennes.  Mais l'usage des ratios prudentiels est de manipulation difficile - en quoi par exemple un financement vert serait-il systématiquement moins risqué qu'un financement classique et  justifierait une moindre exigence de fonds propres ?  Moindre exigence susceptible de mettre en question la robustesse individuelle et globale du système financier  aux crises et autres risques (de solvabilité, de taux, de change...) qui existerons toujours. Une alternative ?  Avoir une politique de malus pour les crédits à forte intensité carbone ou facteurs de pollution ? Elle n'est pas davantage facile à déterminer. Même avec des taux unitairement élevés sa production globale sera  faible car  elle ne portera  que sur les nouveaux crédits fortement carbonés (de peu de poids par rapport aux encours) et  elle sera très fluctuante car fonction des cours très volatiles de l'énergie et des matières premières. De plus elle ne dissuadera pas d'investir dans des activités carbonées ou négatives pour l'environnement quand les cours flambent. Par ailleurs, le développement de stress tests climatiques pertinents - intégrant tous les effets de chaîne à moyen long  terme possibles - mentionné par le groupe  est tout sauf évident. On l'a vu pour les stress tests visant les risques classiques connus pourtant de longue date. 
Cependant malgré toutes ces difficultés des mesures prudentielles doivent être approfondies et mises en place. Pour autant elles ne règleront pas l'enjeu de mobiliser une forte capacité d'offre financière pour les investissements verts et pour ceux touchant plus globalement  à l'impact des hommes sur la planète.
 Jusqu'à présent, sur cette question essentielle, le groupe de banques centrales et de superviseurs précité montre ses limites. Il indique réfléchir à un développement des obligations vertes et de leur titrisation;  et là on sait par avance qu'il y aura des avancées; c'est dans l'air du temps ! Le groupe déclare également  " qu'il faut plus de prêts verts  et plus de financements verts en général accessibles aux particuliers, aux PME et aux start-ups". Là par contre rien n'est vraiment préconisé voire même simplement esquissé.
Au-delà de là cette pétition de principe de plus de financement pour les particuliers et les PME et hormis un traitement prudentiel approprié - cf. ci-dessus - il n'y a, semble t-il, aucune réflexion sur le volet taux et refinancement par les banques centrales dans le cadre de leur politique monétaire seul moyen substantiel pour "booster" l'offre de financements verts dans son volet bancaire et financier.  
Actuellement et sans doute pour quelques années encore, plus qu'une politique de taux spécifique, la véritable  incitation forte à octroyer des crédits verts et à souscrire des obligations vertes serait de permettre leur refinancement préférentiel par les banques centrales à l'instar de la mise en place progressive  à partir de 2010 du rachats de  titres publics et de grandes entreprises qui a permis de faire face à la très grave crise de confiance entre acteurs financiers minant les facultés de refinancement interbancaires. Maintenant que cette mesure non conventionnelle est arrêtée (USA) ou en cours de réduction avant son arrêt (BCE) il y a là la possibilité de remplacer progressivement  un refinancement à l'aveugle (qui fut néanmoins utile) par un refinancement ciblé visant à relever un des plus grand défit actuel de la planète. En charge de la surveillance directe des plus grandes banques européennes,  la BCE  peut se donner les moyens de vérifier ( a priori, par sondage ou a posteriori) que le papier présenté à ses guichets correspond  bien à un financement concourant à la sauvegarde de la planète. Elle relèverait ainsi à la fois un défi quantitatif de financements à offrir et un défi qualitatif que  ces même financements soient réellement sources de progrès et non des opérations de "greenwashing".
Sur le plan financier "la nouvelle frontière" ne sera effective que si la sphère financière toute entière se mobilise. Elle le fera d'autant mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.  
                                                            *
Plus de détails et de précisions dans
http://www.michelcastel.com/index.php?post/2012/04/26/La-quote-part-souhaitable-de-la-BCE-dans-le-pacte-de-croissance  

[1] Banque d'Angleterre, Bundesbank, Banque des Pays-Bas, de Suède, de Chine, de Singapour, du Mexique , Banque de France et Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) .  Hasard  (??) , la Fed n'y participe pas !!
[2] Conférence internationale des superviseurs sur le risque climatique - Amsterdam, 6 avril 2018 

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Cet article a été également publié en commentaire dans "Chroniques de l'anthropocène"  le blog d'Alain Grandjean  à propos de la " Lettre ouverte au Gouvernement : libérons l"investissement vert"
 https://alaingrandjean.fr/2018/09/03/lettre-ouverte-gouvernement-liberons-linvestissement-vert/#comment-269438


jeudi, 9 mars 2017

Monsieur Macron et le moins disant réglementaire en matière bancaire

Le Cercle-les Echos du 9/03/2017

M. Macron souhaite que les grands ratios de solvabilité de liquidité et de fonds propres des banques et des assurances puissent être discutés au niveau européen à l'Ecofin

 

M. Macron, ex ministre de l'Economie et candidat à la présidence de la République  a déclaré devant la Condéfération des PME le 6 mars dernier:

«Ce que je souhaite c'est que les grands ratios de solvabilité de liquidité et de fonds propres des banques et des assurances puissent être discutés au niveau européen à l'Ecofin chaque année et qu'on en fixe, avec des objectifs de financement économique, les grandes règles». Selon lui, les régulations adoptées après la crise (Bâle 2 et 3, ainsi que Solvency 2), ont incité les acteurs financiers à désinvestir. Ces régulations ne sont «pas adaptées à la France»..

«Nous nous sommes fait avoir», a-t-il ajouté en précisant qu'elles «touchent beaucoup les économies comme les nôtres qui n'étaient pour rien dans l'origine de la crise.» «Les instances prudentielles veulent de la prudence, donc elles n'ont qu'un objectif de réduction du risque et donc elles ont désincité les banques et les assurances à financer l'économie»,

Que penser de ce diagnostic et de cette proposition ?

D'abord il est un peu surprenant d'entendre un Ministre averti dire que "nous nous sommes fait avoir". Il est su depuis longtemps que la France, mais aussi toute l'Europe continentale, dépend plus des banques que les USA et la Grande-Bretagne pour leur financement et que depuis 4 à 5 ans toutes les instances politiques nationales et européennes veulent dès lors faire plus de place aux marchés de capitaux. Ensuite on rappellera que la croissance des crédits a été proche de 5 % en 2016 en France pour une croissance nominale de 3% environ,  que la Fédération Bancaire Française s'en félicite ( " Le crédit bat des records en 2016 : Les banques françaises financent l'économie" , communiqué du 22 février 2017 ) et que les résultats des banques ont été plus que confortables. 

Livrer, chaque année, la fixation des règles prudentielles aux Ministres des Finances conduit à politiser le débat et à provoquer des désaccords supplémentaires entre les pays de la zone euro  ...qui n'en ont pas besoin ! Avec en plus des résultats dépendant bien plus de marchandages que des besoins réels des différents pays.

Faire fluctuer fortement chaque année les conditions de distribution du crédit en fonction de la conjoncture en jouant sur les normes prudentielles alors que la politique monétaire est en charge de cette régulation - avec les taux d'intérêt, les conditions de refinancement, voire les réserves obligatoires - c'est demander à des données structurelles de se substituer aux instruments de politique monétaire bien mieux appropriés.


Le contrôle prudentiel est un soubassement structurel stable - un peu comme les règles fiscales- qui ne doit pas être modifié en fonction des conjonctures économiques car s'il faut peu de temps pour en réduire  les exigences il en faut beaucoup pour les relever. Cette inertie vient du fait que les ratios prudentiels portent essentiellement sur les fonds propres qui sont d’une manipulation difficile et qui jouent sur la géographie du capital et sur les capitalisations boursières.
De plus l'histoire financière de ces 15 dernières années a montré et montre que les banques sont bien souvent obligées de respecter des ratios de fonds propres supérieurs à ceux édictés par les autorités prudentielles pour maintenir la qualité de leur signature. Un assouplissement conjoncturel décidé par l'ECOFIN  mais qui ne serait pas ratifié par les marchés serait du plus mauvais effet. 
Cette proposition reprend enfin celle des Républicains les plus anti-régulation aux Etat-Unis, avec le Président Trump comme porte-parole. Or ce n'est pas une bonne chose pour la robustesse de l"économie financière mondiale qui est loin d'être assurée; l'OCDE vient d'ailleurs de noter que les risques financiers s'accentuent. Un haut niveau de normes prudentielles, stables de surcroît,  est en outre un gage de sérieux qui peut être de nature à rassurer des investisseurs et les opérateurs sur l'interbancaire dans la zone euro...  Une carte que l'Europe ne doit pas perdre.

Avec un peu de mauvais esprit, mais dans le même ordre d'idée, à quand une proposition de tel ou tel pour substituer à l'objectif  de la BCE de "un peu moins de 2% d'inflation" par une discussion annuelle au niveau européen dudit objectif !


mercredi, 4 mars 2015

Subprimes, saison 2

Les Echos du 04/03/2015- Chronique  Edouard Tetreau / Associé-gérant de Mediafin |


Commentaire :

1- "L'argent déborde de partout: depuis le robinet de la Réserve Fédérale  et ses

 3 700 Mds de dollars de "quantitative easing" (..).

2- "Chacun d'expliquer que le risque financier avait disparu puisqu'on avait trouvé la martingale pour le diffuser partout de façon indolore" .

L'analyse d'E. Tétreau  ne peut que conduire à son diagnostic très inquiétant même si l'horizon peut être plus long d'un ou deux ans.

Financer aussi puissamment  et surtout  à l'aveugle les économies comme le font la Fed, la Banque du Japon, du Royaume-Uni et comme commence à le faire la BCE ne peut qu'accroître les effets de levier et la spéculation sur toutes sortes d'actifs mobiliers et immobiliers. L'emballement aura une fin et on n'aura plus cette fois les moyens de la juguler comme il l'écrit très justement.

D'urgence il faut que les banques centrales ciblent mieux les refinancements et rachats qu'elles font et/ou,plus ponctuellement, édictent quand nécessaire des règles empêchant les dérives constatées (taux d'effort trop élevé, prêt plus longs que la durée de vie des biens...). Il faut aussi que toutes les autorités arrêtent d'urgence de pousser à des financements de marché qui diffusent les risques auprès d'acteurs financiers n'ayant pratiquement pas de dispositifs prudentiels à respecter et  qui renvoient le risque (accru par la volatilité et le temps réel) sur les entreprises et les ménages qui ne sont pas armés pour les gérer.


vendredi, 6 juin 2014

Un kit de cinq mesures pour changer la donne en zone euro

Les Echos du 05/06/2014 

La Banque centrale européenne n’hésite pas à explorer des territoires inconnus et promet qu’elle n’a pas épuisé ses munitions.

Commentaire : 

Alors que fin 2011 et début 2012 la BCE avait refinancé 1000 Mds € à l'aveugle, cette fois elle cible le refinancement des crédits aux entreprises. On ne peut que s'en féliciter même si c'est très tardivement; les Anglais ont tiré les premiers dès août 2012 ...

Avant, en novembre 2011, dans un article intitulé "Du bon usage du refinancement de la BCE"  dans Le Cercle- Les Echos du 15/11/2011, je regrettais ce refinancement à l'aveugle mais souhaitais aussi qu'il cible tout particulièrement le financement de la transition énergétique. Cela reste à  faire. Peut-on l'espérer pour les opérations additionnelles programmées entre mars 2015 et juin 2016 ?

dimanche, 21 juillet 2013

L'Europe veut se passer du FMI. On croit rêver !

Le Cercle - Les Echos du 21-07-2013

L'Europe évoque une sortie du FMI de la troïka au chevet des pays en difficulté. Pourtant ce choix est un enjeu majeur. En cas de crise financière grave il faut pouvoir mobiliser toutes les forces financières possibles. Se priver du soutien du FMI alors que les autre grands pays le pourront est proche du suicide. Et tant pis si quelques fois ses critiques agacent !


Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, Président de l'Eurogroupe, ont évoqué il  a quelques jours le possible retrait du FMI des plans de sauvetage des pays en crise de la zone euro. Le 17 juillet, à son tour, la  Vice-présidente de la Commission Européenne, Viviane Reding, a déclaré  que  "la Troïka devait être abolie ».
Aujourd'hui la Commission, l'Allemagne et le Président de l'Eurogroupe parlent (ce dernier parle t-il en son nom propre ou au nom de tous et si oui après quels débats ?). La France  se tait. Personne ne dit rien. A notre connaissance pas un homme politique non allemand, pas un universitaire de renom pour s'insurger contre cette orientation, ou à tout le moins pour s'interroger !! Seul l'institut Bruegel s'est exprimé dans le sens d'un quasi effacement du FMI dans le traitement des crises européennes avec retrait de la Troïka en cas de désaccord.
Il est vrai que le FMI - en bon disciple des Chicago boys-  s'est fait tellement d'ennemis pour ses traitements à la hache pendant des décennies qu'il se trouve bien peu de personnes pour risquer de dire que son exclusion de plans de sauvetage de pays de la zone euro en difficulté  serait très regrettable. Et cela le sera encore plus quand le problème pourra toucher non plus un ou quelques pays mais la zone euro toute entière. Nous ne fûmes pas loin de cette situation pendant l'été 2012 quand  la signature de l'Allemagne  a commencé à être discutée; un répit n' ayant été donné acquis que par les propos de Mario Draghi en septembre disant qu'il ferait tout pour défendre l'euro et d'ajouter,  le 4 juillet dernier, que la BCE maintiendrait des taux d'intérêt bas pendant une période prolongée.
Pourtant envisager au plus haut niveau la possibilité d'exclure le FMI des plans de sauvetages à l'avenir mérite une sérieuse réflexion et devrait susciter de réels débats .
Cette volonté de sortir le FMI des plans actuels ne peut que signifier que l'Europe ne fera plus appel à lui. Bien. Très bien. Alors que cette même Europe n'arrive pas à mobiliser  à temps 50 à 60 Mds d'euros, elle se priverait ainsi volontairement des possibilités financières tout à exceptionnelles du FMI en cas de crise.
En effet, dès 1995 un fonds d'urgence de 50 Mds $ est créé pour faire face aux crises financières internationales. Ses ressources seront augmentées de 500 Mds $ pour être portées à 750 Mds s en 2009, après le G20 d'avril à Londres, dans le cadre d'une enveloppe totale de 1100 Mds $ destinés à restaurer la croissance, les échanges et l'emploi à l'échelle mondiale. Plus encore,  les 3 et 4 novembre 2011 les pays du G 20 se sont engagés à donner à l'avenir au FMI toutes les ressources nécessaires pour lui permettre de faire face aux crises financières les plus graves.
Le retrait du FMI envisagé le serait parce que l'Europe n'a pas du tout apprécié les critiques récentes  formulées par le FMI sur le premier plan d'aide à la Grèce de mai 2010 le considérant trop optimiste et trop sévère. Elle envisage de se passer de ses concours dès maintenant et d’abolir la troïka. Cela laisse entendre qu'elle ne fera plus appel au FMI car il faut se souvenir que le FMI n'intervient dans un pays ou une zone sans leur demande expresse.
D’autres griefs existeraient. L'institut  Bruegel mentionne les récriminations actuelles de pays d'Amérique latine et d'Asie disant que le Fonds  est moins sévère pour l'Europe qu'il ne l'a été pour eux dans les années 80 et 90 et que les sommes en cause sont très importantes (60 Mds pour la Grèce) et mettent le Fond en risques. Depuis quelques années le FMI a reconnu ses erreurs vis à vis d'eux et gageons que la plupart de ces pays  y feront appel en cas de choc majeur pour des  causes qui leur seraient propres ou par suite à un choc systémique mondial.  Choc qui ne manquera pas d'arriver  avec une finance négociable  mondialisée qui représente  2 à 3 fois le PIB mondial  et dispose d'instruments de levier ( les dérivés)   qui nécessite de mobiliser une puissance de feu presque inimaginable pour essayer d'en arrêter les effets de panique . Qu'on se rappelle les sommes mobilisées l'été 2007 et l'automne 2008 par les Etats, les banques centrales (mais pas le FMI à ce moment là).  Demain, les montants impliqués dans une crise mondiale seront plus importants encore mais cette fois avec des Etats exsangues financièrement et les banques centrales saturées de risques ne pourront plus intervenir de façon suffisante. Il faudra donc faire intervenir le FMI.
Tout le monde le ferait sauf la zone euro voire toute l'Union Européenne, on ne sait trop ?
Si l'Europe avait les moyens financiers pour se passer du FMI et encore plus si, ayant les moyens, elle était capable d'agir en temps réel et de façon totalement unanime, elle pourrait avoir cette envie de traiter par elle-même ses problèmes. On pourrait le comprendre. Mais on en est très loin tant sur le plan des actions budgétaires que des plans de sauvetage des banques en difficulté susceptibles d'être montés de façon crédible sans faire appel aux états. Si on l'est un jour, compte tenu des différents calendriers, des contraintes politiques, juridiques et institutionnelles cela ne sera pas acquis avant une décennie. Et dans ce cas, on serait, au mieux, dans la situation d'un état fédéral proche des Etats-Unis aux  différences essentielles près qu'elle n'en aurait  pas pour autant  le poids diplomatique ni la disposition d'une monnaie, l'euro, qui serait  une monnaie mondiale acceptée sans limite par les non résidents comme l'est le dollar.
Plutôt que de faire les fiers à bras, ne faudrait-il pas réfléchir et travailler avec le FMI, le Conseil de stabilité financière et finalement proposer des réformes dans les modalités d'intervention du FMI conjointement à celle des Etats et des banques centrales dans le cadre d'un prochain G20?
Je  ferai ici une proposition. Le projet de directive «  Redressement et résolution des défaillances des établissements de crédit »   ne sera pas  avant très longtemps, s’il l’est un jour,  en état de faire face à la défaillance des plus grandes banques européennes. Surtout quand  celle-ci  aura pour origine un choc majeur sur une ou plusieurs des trente des plus grandes banques mondiales (listées par le Comité de stabilité financière) pour des risques pris en Europe mais surtout  hors de l'Europe, sans parler des sinistres des plus gros des hedge funds.

Après avoir imposé des pertes aux actionnaires et aux créanciers des banques en souffrance prévu par la directive résolution , il  faudrait  instituer un partage du sinistre résiduel entre le pays d’origine (celui du siège social)  et l’international  pour couvrir la partie des besoins de fonds propres et de refinancements nés des risques pris sur les marchés de capitaux et dans les  pays extra-européns.  Ce partage devrait se faire selon une pondération multi-critères (parts des risques résidents/ non-résidents, poids des marchés dans les risques et le produit net bancaire, sources des résultats, composition de l’actionnariat…) à définir notamment par un Fonds International d’Intervention  (F2 I), de nature prudentielle à créer.

Ce fonds  serait fortement doté par une taxe internationale sur les transactions financières proportionnelle aux risques et à l’utilité desdites transactions comme préconisée par  la France, l’Allemagne et la Commission Européenne. Vu son assiette, elle toucherait toutes les banques mais beaucoup plus les banques systémiques que les autres
A leur démarrage, ces Fonds, européen et mondial, pourraient  être préfinancés par le FMI pour compléter leurs ressources pendant leur montée en puissance. Ils interviendraient pour leur part respective systématiquement en liaison étroite avec le FMI, la BRI, et le Comité de stabilité financière pour décider ou non d’une intervention ainsi que du traitement qui serait fait aux actionnaires et autres créanciers et au partage entre les deux fonds précités. Le  FMI serait  ainsi associé techniquement et financièrement à ces opérations de sauvetage, via les fonds, au lieu de prêter aux pays des sièges sociaux qui aident à leur tour au sauvetage des banques …mais en ayant de ce fait aggravé leur propre endettement.
Pour la zone euro c'est vital si on ne veut pas qu’un pays ne se retrouve un jour dans la situation de l’Islande, de l’Irlande ou de l’Espagne,  malgré la mise en place du dispositif de  résolution des défaillances en cours d'examen.  Que diraient, par exemple, demain les Anglais s’il leur  fallait sauver HSBC  du fait que son siège social est chez eux alors que son cœur de métier est de plus en plus en Asie ? Idem pour les Allemands avec la Deutsche Bank  qui, il y a quelques années, se sentant de moins en moins allemande par son activité sur les marchés, menaçait de déplacer son siège social dans un pays étranger si on la contraignait un peu trop. Et que pourrait faire l'Europe devant de tels mastodontes ... alors qu'il serait bien surprenant que plusieurs autres banques grandes européennes – mais aussi quelques banques plus régionales - soient totalement exemptes des risques qui auraient causé la défaillance d'un HSBC ou d’une Deutsche Bank  et ne doivent pas également faire appel au fonds européen et plus, c’est-à-dire  aux contribuables.  (cf. « Qui devra payer pour les banques systémiques ? » Le Cercle- Les Echos - le 22/09/2011)

Avant de remercier le FMI comme il est envisagé il serait peut-être bon que l’Europe  se pose quelques vraies questions. Et tant pis si quelques fois les critiques du FMI agacent ! Il faut savoir passer outre.

 

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