Michel Aglietta : "l'épargne collective va être garantie par la puissance publique

 La Tribune.fr - 24/08/2009 |

Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin de l'actualité sur sa vision de l'après-crise.
Propos recueillis par Éric Benhamou

Dernier livre paru : "Crise et rénovation de la finance" (Odile Jacob). Propos recueillis par Éric Benhamou



• Mon commentaire :

 1- " Il faudrait pour le moins exiger des banques beaucoup plus de fonds propres et revenir sur certains principes prudentiels de Bâle 2..." il faudrait au moins doubler le niveau de capital actuellement requis par les règles de Bâle 2 " dites-vous encore.
Oui à la proposition sur Bâle 2 mais pour la première qui apporterait ces fonds propres ? Les actionnaires privés dont certains ont beaucoup perdus -y compris les fonds souverains- ou qui demandent 15 % et plus de rendement quand ces dernières années ils ont apporté des capitaux ? Les Etats ?? Ils sont quasiment tous surendettés ... et ces apports avec sous sans droit de vote ? car personne ou presque n'ose plus parler de nationalisations durables alors qu'ils pourraient se retrouver majoritaires ? Pourquoi ne pas plutôt proposer de renforcer les exigences de fonds propres des seules opérations de marché pour compte propre ? Source de risques micro et macro-économiques non nécessaires au bon financement de l'économie réelle ces opérations amplifient considérablement la vulnérabilité de tel ou tel acteur financier majeur- tel AIG- voire de tout le système financier ? Cela calmerait les envies de prendre des positions pour améliorer le rendement global des fonds propres des intervenants.

 2-  " L'épargne collective relève également du lien social et elle doit être garantie par la puissance publique, même lorsqu'elle reste gérée de façon privée". Ce serait une révolution par rapport aux tendances lourdes engagées tant dans le privé que dans le secteur public depuis plus d'une décennie. N'a t- on pas vu les contrats d'épargne d'entreprise du monde anglo-saxon qui étaient antérieurement à prestations définies progressivement remplacés par des contrats à cotisations définies, renvoyant le risque des employeurs vers les salariés ? Ne voit-on pas les états ou les systèmes sociaux de retraite par répartition faire progressivement la place à la capitalisation; capitalisation qui à ma connaissance n'est jamais garantie. Mais à supposer qu'elle le soit, le risque reviendrait un jour aux états. Or les états des pays développés dépendent tous à plus de 80 % des marchés pour se refinancer. Encore dans la capacité d'être garants en dernier ressort ces derniers mois, leurs marges de manoeuvre ont considérablement diminué. Dans quelques années, avec en sus le risque de la mise en jeu de cette garantie de l'épargne collective, ils ne pourraient plus jouer ce rôle car à leur tour ils seraient dans l'incapacité de se financer sur les marchés... sauf à des taux exorbitants. Cela a d'ailleurs failli être le cas au début de 2009 pour trois ou quatre pays européens (dont certains sont dans la zone euro). La boucle serait bouclée et la crise systémique sans doute retardée par ce dispositif finirait par éclater.