Marianne
interview par Alexandra Combe

08 Août 2009

http://http://www.marianne2.fr/On-incite-les-traders-a-prendre-des-risques_a181735.html?com#comm...




Les bonus de la BNP polarisent l'attention. Et les réactions fusent. Alexandra Combe en a cueilli quelques unes au passage.

 Voici celle de Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM). Pour elle le problème du capitalisme se pose au niveau mondial. Les interventions du gouvernement ne servent à rien. La prochaine échéance, c'est le G20.


extrait : "Faut-il une intervention du gouvernement pour mettre fin à ce genre de pratiques de la part des banques ?
Ce ne serait pas efficace. Le problème se pose au niveau mondial et ne peut trouver de solution que dans une régulation mondiale adaptée. C’est de la compétence du prochain G20. "


18. Posté par Michel Castel le 08/08/2009

Je partage complètement l'analyse de Colette Neuville.

Plus que les bonus en soi, ce sont les activités de marchés qui, par le développement considérable des prises de position pour compte propre par les banques notamment, multiplient par10, voire davantage (avec les produits dérivés), les transactions entre financiers réalisées à partir d' un seul financement initial. Elles permettent de réaliser des marges ou des plus-values instantanées aussi colossales... alors que cela optimise très peu le financement des économies et la gestion des risques. Elles permettent des rentabilités (et des bonus au passage) beaucoup plus élevées que celles réalisées par la banque classique qui collecte des dépôts et accorde des crédits.

il serait indispensable que le G.2O énonce le principe de réduire progressivement l'importance des opérations pour compte propre. Utiles pour équilibrer les positions des agents économiques acheteurs et vendeurs de risques, ces opérations pour compte propre devraient toutefois être plafonnées par rapport au niveau des fonds propres et ce indépendamment du respect des ratios prudentiels existants.Plus que la titrisation souvent accusée d'avoir déclenché la crise, c'est le compte propre qui en a été l'amplificateur et qui demeure le principal risque pour la robustesse du système financier et le principal frein pour un meilleur équilibre entre le marché des capitaux et le crédit..


53. Posté par Michel Castel le 10/08/2009



suite aux commentaires 51 et 52 :

Vous préconisez comme plusieurs économistes un retour au Glass Steagle act (loi qui a séparé banques commerciales des banques d'investissement -c'est à dire banque de marché en 1933)

.J e n'y crois pas pour deux raisons :

 1- depuis 15 ans les banques commerciales classiques -même les mutualistes- ont énormément développé les activités de marché et
2- depuis la crise presque toutes les banques d'investissement sont passées sous le contrôle des banques commerciales. Le ver est donc bien dans le fruit !!

Aussi je propose que le G.20 prenne une position de principe pour limiter progressivement le poids du compte propre.
Certes cela ne suffira pas à stopper la spéculation, mais le compte propre (cf 18) est devenu considérable dans la stratégie et les résultats mirifiques des BFI (banques de financement et d'investissement) des grandes banques - sauf en cas de crise bien entendu... mais là les Etats sont là pour renflouer ...

Il faudrait aussi limiter le volume de ce qui peut être titrisé (crédits rendus négociables) : en la matière il s'agirait de ne permettre la titrisation que des dernières années d'un crédit (3 à 5ans) pour responsabiliser fortement le prêteur (les 5% prévus sont de la rigolade) et ne mettre ainsi sur le marché que des produits à des horizons gérables par les marchés.

Ainsi limiter très fortement le compte propre ne supprimera pas les risques de marché c'est vrai ni de tarir les bonus. Mais ces risques et bonus me gênent beaucoup moins, ils sont la contrepartie utile voire nécessaire de risques générés par des opérations réalisées avec des clients finaux (entreprises, ménages, états, collectivités locales).

C'est bien le rôle en effet des professionnels du risque que d'apporter leur puissance financière et leur expertise pour gérer les risques de défaillance des emprunteurs, le risque de taux et/ou de change, pour lesquels les agents non financiers sont généralement démunis.