A  propos de l'article  de  François Le Grand "Le vrai problème des CDS... et du commentaire de Dominique Doise

Le Cercle -Les Echos   14/04/2010


 MichelCastel  a commenté le18 avril 2010

"Il faut, dites-vous, surtout que les acheteurs de précaution fassent leur métier, d’abord en exigeant, avant d’acheter des CDS (et pendant toute la durée de vie de ces titres) que les vendeurs de précaution leur fournissent un état certifié et constamment à jour de la totalité de leurs engagements hors bilan".

Sans aucun doute, et les accidents récents y poussent fortement même si le passage des CDS standardisés par une chambre de compensation en réduira le besoin puisque ces chambres assureront la bonne fin des opérations. Mais il restera néanmoins des opérations de gré à gré et lesdites chambres devront se livrer aux exercices que vous dites : on ne peut que leur souhaiter bon courage et bonne chance !

Cependant pour le passé récent, jusqu'à la crise de mi -2007, quand vous avez comme contreparties les plus grandes signatures financières du monde comme contreparties, que celles-ci  font l'objet de comptes certifiés, qu'elles sont cotées , analysées par des cohortes d' analystes financiers, évaluées par les agences de notation et qu'elles sont de surcroît soumises à une supervision prudentielle par les autorités bancaires et/ financières des pays les plus avertis de la chose financière, qui pouvait vraiment  douter de la solidité de ces contreparties ?

Quant à l''entremise des chambres de compensation voulue par le G2O, elle  réduira considérablement les risques de contreparties  liés aux marchés de dérivés. A noter que sa généralisation ne sera  pas avant quelques années, car c'est processus compliqué qui bouscule la rentabilité de certains opérateurs et dont l'élaboration se passe dans un climat non consensuel entre les grandes places financières tant  sur le périmètre concerné, que sur les caractéristiques de la standardisation et les exigences en fonds propres pour ce qui restera en gré à gré. 

Cependant une fois acquise, cette compensation généralisée se traduira par une concentration de risques énormes sur les chambres de compensation . Elle peut produire un  nouveau type de risque à dimension systémique. Tout d'abord les chambres de compensation sont nombreuses et seront soumises à une forte concurrence, dans un «modèle à prix coûtant ». Ensuite, elles n'ont pas d'actionnaires désireux - ou en mesure-de les aider en cas de crise majeure. On peut donc assez facilement se retrouver dans quelques années dans la problématique qu'on a connu avec les rehausseurs de signature privés ainsi qu'avec Fannie Mae et Freddie Mac, à savoir des entités prenant progressivement de plus en plus de risques (simples ou complexes) sans commune mesure avec leur surface financière.

Si nous voulons éviter d’avoir un jour à procéder au sauvetage sur fonds publics d’une ou plusieurs d’entre elles – sauvetage(s) qui serai(en)t  particulièrement inconfortable(s) dans l'UE ou dans la zone euro - nous devons exiger une solidarité entre elles, soit par la mise en place d’un dispositif de réassurance obligatoire soit par la création d’un fonds mutuel de garantie obligatoire

(cf mon article " la compensation des produits financiers dérivés est-elle la panacée?"Revue d'Economie Financière mars 2010 " Regards sur la crise financière"