Le Figaro 08/05/2010
     

     

Les chefs d'Etats réunis à Bruxelles vendredi annoncent la mise en place d'un «mécanisme de stabilisation» pour aider les pays en difficultés de la zone. Les détails sur le fonctionnement de ce fonds seront discutés lors d'une réunion de l'Ecofin dimanche.


mon commentaire :

La création de ce fonds est un grand progrès car il montre que nos dirigeants sont enfin conscients des risques de contagion que personne ne pourra arrêter si on ne l'arrête pas maintenant. Mais que ce fonds soit de 70 milliards ou de 100, cela ne permettra pas de juguler le mouvement de défiance et de spéculation actuels.

Déjà au lendemain de l'engagement de soutenir la Grèce les Ministres des Finances français et allemands ont invité leurs banques à ne pas de désengager des concours antérieurement faits à la Grèce. N'était-ce pas reconnaitre implicitement que leur action serait insuffisante si les investisseurs européens notamment se délestent des risques grecs ? Les grandes banques françaises ont dit s'y engager ainsi que certaines des grandes banques allemandes ainsi que deux grands assureurs. En fin de semaine les banques allemandes se sont engagées pour 8 milliards de dollars. On peut saluer ce geste et prendre note des engagements pris par certains... mais pas par tous, et surtout ces gestes et engagements ne visent que la seule dette grecque...

Toutefois on ne peut pas s'en contenter. La question est maintenant d'une toute autre ampleur puisqu'il vise potentiellement 3 à 4 pays de la zone euro (plus possiblement l'Angleterre) sans pouvoir dire jusqu'où ira la contagion. Il faut d'urgence prendre une décision au niveau européen (comme Bâle 1 et 2 sont des décisions à l'échelle européenne) pour empêcher tout désengagement des banques et assurances de la zone euro sur les dettes de l'ensemble des dettes publiques de cette zone. D'abord cette décision serait même de nature à aider les établissements à respecter leurs engagements puisqu'elle viserait tous les acteurs européens et éviterait ainsi les comportements non coopératifs de certains qui ont refusé ou qui ont bien évité de dire quoi que ce soit. C'est ensuite et essentiellement le seul moyen d'éviter une récession et un péril majeur pour l'euro. Ces deux chocs mettraient vraiment en risque également toutes les créances privées européennes portées par ces établissements bancaires et d'assurances européens sur la zone euro ! C'est le seul moyen d'éviter de déclassement en chaîne des signatures publiques obligeant de fil en aiguille des provisionements publics et privés tellement élevés- bien supérieurs à leurs fonds propres - que les banques et peut-être certaines sociétés d'assurances seraient mis en péril et tout le financement des économies avec. Heureusement, banques et assurances européennes ont rétabli leurs résultats ces derniers trimestres, ils ont même souvent augmentés leurs fonds propres et ainsi ont effacé l'essentiel des effets de la crise 2007-2009. Ils peuvent supporter sans dommage le risque résiduel et purement virtuel d'une défaillance quasi généralisées des dettes publiques européennes que cette mesure peut comporter ; risque de défaillance d'autant plus virtuel que depuis ce week-end les dirigeants de la zone euro ont enfin compris que sans une solidarité indéfectible leurs pays iraient tous à la déconfiture et à des situations économiques et sociales extrêmement dangereuses.

Il faut une mesure de ce type pour empêcher que des désengagements de quelques établissements financiers de la zone euro - d'autant plus qu'on ne maitrise pas les investisseurs et opérateurs hors zone - enclenche le chacun pour soi avec des cessions massives de titres publics de 2, 3,4 pays voire davantage dans les semaines qui viennent, nécessité faisant autrement loi que des promesses en matière de comportement. Face aux sommes colossales en cause, ni les Etats européens même aidés par le FMI, ni même le reste des marchés du monde ne sauront maîtriser ce maelström, quand bien même parmi ce reste du monde le Président américain nous assure de son soutien. On ne voit que trop qu'il ne maitrise pas Wall Street !! Les Ministres des Finances français et allemands ont esquissé le mouvement en demandant des gestes de bonne volonté à leurs banques : il faut aller plus loin...et vite .. la viabilité des décisions de ce week-end en dépend.