La Tribune - 20/07/2010
 

Alors que les investissements directs étrangers ont chuté de 39% en 2009 dans le monde, ils ne se sont repliés que de 35% en France.

mon commentaire :

Qui croire ?


Voilà qui contraste fortement –et le mot est faible -avec ce que la Banque de France a dit dans son rapport annuel sur la balance des paiements 2009. Après avoir indiqué des entrées nettes d’investissements étrangers avoisinant  43 milliards , elle a incité à la plus grande prudence quant à l’interprétation de ces chiffres. Et pour cause : après retraitement ces 43 milliards deviennent négatifs à hauteur de 4 milliards ! Excusez du peu ! Un écart de même nature et du même ordre de grandeur a lieu pour les sorties nettes françaises vers l’étranger : de 105 milliards, le chiffre après correction tombe à 59 milliards.
Les écarts colossaux proviennent  de la non prise en compte des prêts de trésorerie intragroupes dans les chiffres retraités. Retraitement qui n’est pas fait pour se complaire dans la sinistrose ambiante mais en application d’une norme  recommandée par l’OCDE !

Et la Banque d’expliquer que « les opérations de prêts intragroupes se traduisent par des investissements directs entrants et sortants entre sociétés sœurs qui gonflent ces statistiques ». Qu’un groupe français décide de financer davantage sa filiale en Allemagne ou au Brésil  à partir de sa trésorerie parisienne  au lieu de  la financer  localement pour les mêmes montants que l’année précédente et on aura  un accroissement  de la présence française à l’étranger. Et réciproquement pour un groupe étranger.  Alors qu’il n’y a dans les deux cas  aucune modification dans la présence et l’activité des groupes à l’étranger.


Il serait hautement souhaitable que des statistiques aussi sensibles que celles-là deviennent vraiment crédibles et que les analyses et commentaires – et je ne parle pas des décisions politiques qui peuvent en écouler !- puissent reposer sur des faits indiscutables  qui n’amalgamant pas des réalités si disparates dans leurs contenus et leurs finalités.
Combien y a-t-il de domaines où de telles aberrations conceptuelles perdurent et font toujours florès ?  S’y on ajoute les débats  depuis deux ans sur l’évolution du prix de l’immobilier en France,  on ne peut que conclure qu’il est grand temps que l’Autorité de la statistique publique fasse un « livre blanc » sur les outils statistiques, leur existence (ou non ) et leur pertinence.