article de Michel Rocard du 13/10/2010 dans "Le Cercle Les Echos"

Vingt ans après la réunification allemande, une nouvelle génération qui n'a pas connu la guerre arrive au pouvoir. Ce qui est une bonne nouvelle pour l'Allemagne n'en est pas forcément une pour l'Union Européenne.

Mon commentaire :


Merci Monsieur le premier Ministre pour ces éclairages qui montrent combien l’axe Paris–Bonn, si fort pendant longtemps, s’est progressivement effacé, et ce bien avant que Berlin redevienne capitale !

Que d’occasions manquées dès la décennie 80 !

On citera  l’absence de tout projet et même de tout discours de la part de la France, pourtant avec à sa tête un Président  de gauche, pour  instaurer une certaine Europe sociale ; une France qui a  choisi pendant cette période un capitalisme à l’américaine contre le capitalisme rhénan ( en favorisant fortement les marchés  plutôt que le canal du crédit à partir de 1985/86, en créant par exemple les SICAV monétaires quand l’Allemagne permettait la libre rémunération des comptes bancaires évitant ainsi ces produits volatils et fiscalement coûteux. Une France qui a  privilégié  l’actionnaire dans le partage de la valeur ajoutée…) ; qui a refusé la proposition allemande d’une retenue à la source pourtant raisonnable sur les capitaux européens allant se placer dans un autre pays européen ( en particulier  Luxembourg) à la fin de cette décennie … 

A ce jeu, assez vite après la réunification, l’Allemagne n’avait plus qu’à jouer à son tour cette carte du marché qui, ont le sait, renforce  les forts. Les programmes politiques des deux principaux partis  montraient  clairement ce choix dès 94/95. Dès lors, la France, dépassée dans ce jeu,  a balancé selon les moments et les dossiers tantôt vers des liens privilégiés avec le Royaume-Uni tantôt vers l’Allemagne.

L’échec du rapprochement entre les bourses de Paris  et de Francfort  en 2005/2006 au profit du Nyse ( bourse américaine) a également été un grand moment d’incompréhension mutuelle. Il est presque le symbole du choix du modèle  anglo-saxon de notre pays et de la financiarisation de son économie  contre un modèle allemand  privilégiant moins la finance que le maintien d’un tissu industriel puissant ; moins le clinquant des marchés que la robustesse de ses circuits de financement (même s’il y a eu quelques sérieux dérapages de quelques acteurs tentés par les gains faciles en 2006/2007).     

Je ne reviendrai pas sur les évolutions récentes décrites par plusieurs commentateurs.   Il est clair que les écarts et les agacements  – de toutes nature- grandissent entre nos deux pays alors  qu’il y a aussi et plus généralement délitement de l’idée européenne.

« Que va-t-il se passer dans l’avenir proche ? Nul ne sait »dit M. Rocard.

Faisons le souhait que les deux peuples et plus encore leurs élus sachent  tisser dans les toutes prochaines années de nouveaux liens solides pour entraîner à nouveau l’Europe vers la paix et la prospérité. L’histoire ne se répète pas mais…