Article paru dans le Rapport moral sur l'argent dans le monde 2010

Rapport publié par l'Association d'Economie Financière

Synthèse :

Depuis le début des années 80,  le financement des économies par un recours accru aux opérations de marché  a été privilégié dans tous les pays de l’OCDE. Pendant longtemps, aux dires de responsables et d’experts, ce choix aurait permis une croissance économique mondiale exceptionnelle. Depuis la crise est passée.
De nombreux prosélytes, après avoir œuvré  à ce basculement du crédit vers les marchés, en sont parfois venus à dire maintenant que la titrisation, les CDS, les activités pour compte propre…  n’auraient pas dû être autant encouragés. Dans le même temps, notamment sous l’impulsion du G.20, un nouveau cadre institutionnel (loi Dodd-Frank aux USA, nouvelles autorités de surveillance dans l’U.E) et prudentiel (Bâle II devenant Bâle III) se dessinent pour renforcer la robustesse des systèmes financiers. L’auteur, pour le regretter, constate néanmoins que leur contenu n’empêchera pas le processus de désintermédiation de s’accélérer en Europe pour tendre vers le « modèle » américain qui ne sera pas fondamentalement changé après la mise en force de ladite loi.


L’intermédiation bancaire, même si elle commet des erreurs, n’ajoute pas la volatilité et l’instantanéité des marchés aux risques intrinsèques à tout financement. Ce point est essentiel pour limiter les risques systémiques. Aussi propose t-il quelques grands principes sur lesquels la régulation devrait s’inscrire pour trouver un bon équilibre entre intermédiation et marchés:
- ne pas favoriser réglementairement la sortie des risques des bilans bancaires,

- limiter la titrisation à la partie des crédits dont la durée restant à courir est compatible avec des horizons de marchés profonds et liquides, 

- favoriser une offre de produits d’épargne bancaires performants plutôt qu’orienter l’épargne vers des produits négociables.

- … 

                    Deux annexes présentent une analyse critique des taux d’intermédiation comparés Europe/ France/ Etats-Unis utilisés, montrant notamment que le discours convenu selon lequel l’intermédiation bancaire est inférieur au quart des financements aux Etats-Unis et près des trois quart en Europe est un discours  simplificateur et plus que discutable.