par Barry Eichengreen , publié sur le Blog des professions financières -DFCG - le 20 décembre 2010

Malgré le plan de sauvetage européen, les spreads irlandais ne baissent pas et la contagion se poursuit. Voici ce qu’en dit Barry Eichengreen, l’un des économistes les plus réputés au monde en matière d’économie internationale. Par myopie et parce qu’ils prennent leurs rêves pour des réalités, les dirigeants de l’Union européenne et de l’Allemagne ont mis sur pied un programme de sauvetage irlandais qui est non seulement impraticable sur la durée mais aussi intolérable politiquement à court terme. La zone euro ferait mieux de tenir prêt un Plan B pour le jour où le nouveau gouvernement irlandais rejettera le programme et imposera une décote sur la dette souveraine irlandaise.


 
mon commentaire :

On peut craindre malheureusement que cette analyse soit effectivement la bonne.

Il fallait effectivement tracer « une ligne rouge entre cette partie de la dette publique qui garantit les obligations des banques (en gros un tiers du total), et le solde ». La dette obligataire des banques aurait dû faire l’objet d’une décote sévère comme le dit l’auteur mais elle aurait pu être assortie - obligatoirement ou en option – par une part de conversion en actions. Pour les créanciers, cette part convertie en actions pouvait être une solution sérieuse pour « se refaire» à moyen terme puisque les fonds de commerce de ces trois banques représentent une part très significative des activités bancaires de l’Irlande et ont donc une valeur potentielle non négligeable que les créanciers de ces mêmes prêteurs auraient pu prendre en considération.

Mais avant même d’en arriver là, n’aurait-il pas mieux valu une aide publique pendant 2 ou 3 ans aux accédants à la propriété en difficulté à cause de la crise pour réduire le risque de crédit ou celui qui découle de la prise en gage de ces biens, comme en Espagne ou aux USA, là où les banques se sont transformées en partie contre leur gré en des acteurs immobiliers au pire de la valorisation de ces biens ! Cela aurait pu soutenir le moral des ménages, soutenir quelque peu l’activité et réduire le risque de populisme justement évoqué. Le passif bancaire en aurait été réduit d’autant, sans être exorbitant pour le budget.

Pour la dette publique proprement dite, ici comme pour la Grèce, le plan de soutien n’aurait jamais dû comporter des taux à 5% et plus alors que les pays concernés adoptent des plans de rigueur très sévères qui sont déjà le prix à payer pour les erreurs passées. Y ajouter des taux de handicap par rapport aux bonnes signatures européennes, c’est faire jouer une double peine qui pèse lourdement sur des pays déjà en quasi récession ou clairement en récession (Grèce). L’idée sous-jacente : parce qu’il y a eu faute, l’aide doit très coûteuse! C’est introduire là un moralisme qui n’est pas de saison. Lorsqu’on déploie un plan de redressement, il doit se donner le maximum d’atouts pour réussir. C’est la condition première pour que tous ceux qui sont concernés y croient et agissent en conséquence.