Le Cercle-les Echos du 20 avril 2011- Jacques Delpla

Défaut ou pas sur la Grèce ? Après avoir longtemps pensé que oui, je fais ici mon « coming out » : je crois maintenant que la Grèce ne fera pas formellement défaut ; sa dette sera financée, pendant longtemps, par un mixte de prêts publics européens et de prêts « forcés » des banques et assureurs européens.



mon  Commentaire :


L’auteur dit faire ici son « coming out » : « je crois maintenant que la Grèce ne fera pas formellement défaut ; sa dette sera financée, pendant longtemps, par un mixte de prêts publics européens et de prêts « forcés » des banques et assureurs européens. (…) La BCE et les gouvernements européens le leur « demanderont » en leur tordant les bras. C'est ce que fit Greenspan en 1998 lors de l'effondrement du « hedge fund » LTCM : la Fed « invita » avec insistance toutes les banques qui avaient prêté à LTCM à renouveler leurs prêts jusqu'à la sortie de la crise »


Dommage que cette analyse ne soit faite que maintenant, même si elle a le grand mérite de se démarquer de la nouvelle pensée dominante qui est de pousser à la déclaration de la défaillance d’Etats membres de la zone euro.
Si une telle analyse avait été énoncée il y a deux ans, avant même l’enclenchement du cercle vicieux découlant des premières déclarations négatives des agences de notation sur la qualité de la signature de la Grèce et du Portugal notamment, elle aurait aidé à éclairer les décideurs sur la stratégie réaliste à mettre en place pour éviter ledit cercle vicieux.


Je rappellerai que je l’ai fait à cette époque avec l’idée non pas de « tordre les bras des banquiers » mais d’instituer un plancher d’effets publics européens à conserver par les banques comme cela existait dans les années 60 en France notamment (Le Cercle Les Echos -"Proposition pour remédier au risque pays dans la zone euro", reprise d’un article dans Euredia (2009/1).

Le 7 mai 2010 j’en reprenais les grandes lignes dans vos colonnes :"le seul moyen d'éviter la mise sur le marché de dizaines de milliards de dettes publiques ou d'avoir à provisionner une dette puis une autre, annihilant l'action des Etats, c'est que ceux-ci rendent provisoirement obligatoire le maintien à leur niveau actuel des encours de tous les titres publics de la zone euro détenus par tous les établissements de la zone. Si tels ou tels de ces titres sont fragilisés, les 16 agrégés restent parmi les meilleurs du monde.
Les bons résultats actuels des banques et assureurs, le renforcement de leurs fonds propres leur permettent de supporter le risque très virtuel portant sur les 16 (16 qui en outre viennent de prouver leur solidarité).
Sinon ils auront à provisionner le maximum de dettes publiques mais aussi de dettes privées européennes." Nous y sommes. Quel gâchis d’agir ainsi, toujours trop tard. C'est dès janvier 2009 qu'il fallait caler un dispositif d'ensemble ».