Liberté politique.com - article de Pierre de Lauzun  ( 11/11/2011) 

Décryptage

 

Après les excellents articles de Thierry Boutet et de Jean-Yves Naudet, je reviens sur le texte du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’ de fin octobre  2011 (‘Pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle’) [1], notamment sous l’angle des proposions concrètes.

mon commentaire :


Je partage presque complètement toutes les observations de Pierre de Lauzun. Le seul point sur lequel je ne le rejoins pas est la taxation des transactions financières. Il est favorable à une taxation des résultats. Je pense qu’il est préférable de retenir une assiette plus ciblée, avec une taxation différenciée selon l'utilité des transactions opérées. Ainsi les opérations pour compte propre, les prises de position sur CDS à nu, le trading à haute fréquence par exemple seraient fortement taxés alors que ne le seraient pas la couverture d'un risque de taux ou de change faite en contrepartie d’opérations réalisées pour des clients non financiers.


Le Conseil aurait fait oeuvre beaucoup plus utile, selon moi, si elle avait dénoncé notamment l'objectif toujours en vigueur de 15 % de rendement des fonds propres dans la plupart des sociétés cotées, dont les banques, même quand ces dernières sont aussi fragilisées qu'aujourd'hui et qu'elles réduisent leurs bilans au risque de moins financer les entreprises et taillent dans les effectifs ! Tout juste si ces dernières concèdent qu’elles ne pourront pas atteindre tout de suite ce chiffre mais que leur objectif est un retour sur fonds propres de 12 à 15 % d’ici 2013 (HSBC - les Echos du 10 novembre par exemple), ou qu’elles visent une rentabilité comprise entre 12 et… 17 % dès 2013 ! (UBS- les Echos du 18 novembre).


Demander avec force un retour sur fonds propre beaucoup plus raisonnable (autour de 7 à 8 % pour donner un ordre de grandeur) est pourtant un discours essentiel à tenir pour rapprocher les conditions de fonctionnement de la finance de l'économie réelle qui ne permet absolument pas 15% de rendement des fonds propres de façon permanente et généralisée surtout actuellement.
En effet, avec des PIB qui progressent aujourd’hui - quand ils progressent- de 1 à 2 % dans les pays développés et de 7 % environ chez les pays émergents, 15 % de rendement (et plus comme cela a été le cas entre 2000 et 2008 ; une grande banque européenne s’était fixé un objectif de 25 % en2006 !), il n’est étonnant que les circuits de financements dysfonctionnent et entrainent de ce fait toutes les économies dans leur sillage quelques mois après… et ce pour de longues années.
Au Moyen Age, la Chrétienté avait condamné les prêts usuraires. Aujourd’hui il lui faut avoir un même discours fort sur des rendements sur fonds propres qui veulent généraliser une exigence incompatible avec l’économie réelle et plus généralement le bien commun. On n’est pas loin d’une nouvelle forme d’usure …