ECB : an incredible  opportunity missed !
   

La Banque centrale européenne a annoncé ce jour qu'elle lancera en septembre prochain de nouveaux prêts bancaires à long terme (TLTRO) et que ses  taux resteront inchangés jusqu'à la fin de 2019.
Dont acte !
Mais aucun ciblage en faveur de financements  privés de la transition énergétique et du développement durable alors qu'il y a de plus en plus péril en la matière puisque les Etats sont dans l'incapacité de financer seuls ces besoins énormes et que l'horizon ultime pour essayer de contenir les catastrophes à venir se rapproche de plus en plus dangereusement.    

Il est en effet incroyable que la BCE reconduise à l'identique sa politique de refinancement à moyen terme exceptionnel des banques comme elle l'avait mis en oeuvre en septembre 2014 puis en juin 2016. Politique qui, avec le "quantitative easing" (Q.E ) a certes contribué à éviter un assèchement du crédit dans la zone euro mais a aussi poussé à un endettement massif des grands groupes (les incitant à arbitrer crédits contre fonds propres, à réaliser de méga prises de contrôle) et poussé également à la spéculation sur l'immobilier et les actifs financiers, sans infléchir un tant soit peu les financements carbonés.

Alors que la BCE aurait déjà pu remployer dès 2019, comme elle s'y est engagée, tout ou partie des amortissement de titres acquis dans le cadre du QE  en obligations publiques et privées et en crédits titrisés représentatifs de financements verts, elle n'a rien changé, refinançant toujours à l'aveugle les Etats et les groupes internationaux ayant une présence juridique dans un pays de la zone euro.

Il y avait une dernière chance à saisir pour aller dans ce sens : c'était cette troisième salve de TLTRO annoncée aujourd'hui.

Au lieu de quoi, rien de changé !
Dans les deux premières salves, les montants que les banques pouvaient emprunter à la BCE et leur taux dépendaient de leurs encours de crédits accordés aux entreprises non financières et aux ménages (hors prêts immobiliers). Encours de crédits indifférenciés, sans aucun fléchage en faveur de domaines considérés comme prioritaires comme les financements verts (éventuellement arrêtés par les instances européennes qui disposent d'études et de projets suffisamment mûrs pour pouvoir les circonscrire).

Dans le cadre de cette nouvelle salve de TLTRO les banques pourront emprunter jusqu'à 30% de l'encours des prêts éligibles au 28 février 2019, à un taux indexé sur le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement pendant la durée de chaque opération, sans autre précision.
Si, le communiqué de la BCE se termine en disant: " De plus amples informations sur les conditions précises des TLTRO-III seront communiquées prochainement. »  On peut toujours espérer...mais ne soyons pas naïfs rien n'ira dans ce sens.
Une claire orientation de ce dispositif vers des refinancements favorisant les financements verts n' aurait pas été une mesure de second ordre susceptible d'être simplement finalisées dans des " conditions précises communiquées prochainement ". Si cela avait été le nouvel objectif, totalement innovant, le Président Draghi en aurait fait l'annonce comme il sait le faire. Au hasard  (!) :  le 26 juillet 2012, il  annonçait que la BCE ferait « tout ce qui était nécessaire » pour sauver la zone euro. Rien de tel, à ce jour, pour contribuer à sauver la planète.

Il n'est pas trop tard M. Draghi !!