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jeudi, 18 août 2011

les valeurs bancaires dévissent sur les places européennes


Les Echos - le 18/08/2011

Jeudi noir pour le secteur bancaire européen. Les titres des banques se sont effondré sur les places financières européennes, victime d'un regain d'inquiétude sur la croissance mondiale et de la publication d'indicateurs économiques décevants aux Etats-Unis. Après avoir déjà connu un premier coup de chaud le 12 août dernier, le secteur semblait également faire les frais des craintes prêtées à la Réserve fédérale américaine (FED) concernant d'éventuels problèmes de liquidité sur le Vieux Continent

mon commentaire :

Encore un petit effort Messieurs et les plus grandes banques du monde peuvent sombrer comme Lehman l'a fait il y a trois ans !
Bâle 3 plus exigeant pour ces méga-banques n'aura même pas eu le temps de s'installer, les testaments de se dessiner que des défaillances auront eu lieu ! Or aucun Etat n'est plus apte aujourd'hui et pour longtemps à sauver une ou deux de ses très grandes banques. De plus, cette fois les opinions publiques s'y opposeront d'autant plus que l'essentiel de leur activité et de leurs risques ne sont plus nationaux mais ont pour origine les marchés et leurs activités à l'étranger.

Il est urgent que le G20 se mette à réfléchir au nécessaire (eh oui! nécessaire ) sauvetage de ces " too big to fail" par des moyens qui dépassent les seuls pays des sièges sociaux en mobilisant notamment directement le FMI pour leur sauvetage au lieu que ce dernier prête aux pays concernés pour ces sauvetages et aggravent d'autant leurs dettes publiques. Pour la zone euro c'est vital.

mercredi, 23 juin 2010

Que faire des dettes publiques dans la zone euro ?

Le Cercle Les Echos - 22/06/ 2010

Pour sauvegarder l'unité de la zone euro et redresser la situation de pays d'autant plus touchés par la crise qu'ils avaient déjà avant celle-ci une dette publique ou privée très forte, le FMI et les pays membres de la zone euro (plus deux) déploient soutiens financiers considérables et s'engagent tous dans des plans de rigueur conséquents. Cela suffira t-il ? Ne faudrait-il pas aussi engager une restructuration de la dette publique des pays dont la situation est la plus dégradée financièrement? Est-ce possible, est-ce souhaitable ?

"Europe : échange dette "bleue" et dettes "rouges" contre réformes". Sous ce titre, Jacques Delpla développait il y a quelque temps une proposition que l'on pourrait résumer schématiquement dans les termes suivants.

La crise actuelle de la zone euro est d’abord et avant tout une crise de compétitivité des pays périphériques, dont les prix, salaires et coûts ont augmenté beaucoup plus que leur productivité. Pour leur donner du temps et des chances de succès, l’auteur, Jacques Delpla, propose un échange de leur dette publique en dette senior (Bleue) et en dette junior (Rouge), sans paiement d’intérêt pendant 10 ans sous condition de réformes majeures. En contrepartie, les pays de l’UE (Allemagne et France surtout) accepteraient de garantir la dette Bleue des pays dits "périphériques". Les pays garants auraient un droit de veto sur les soldes budgétaires de ces pays tant que leur dette Bleue zéro coupon ne sera pas remboursée, ainsi qu’un droit de regard sur les réformes structurelles.

L’idée est séduisante, elle fait penser à un plan de redressement pour une entreprise en difficulté.

Dans de tels plans les créanciers doivent accepter des reports d’intérêt et/ou des réductions de taux, voire des réductions de dettes. Les dirigeants doivent parfois modifier une partie de l'actionnariat, mais toujours changer de politique, trouver de nouveaux débouchés et produits, réduire très fortement les coûts dont essentiellement les charges sociales par compression des salaires et allègement des effectifs suite à la recherche de gains de productivité et le fait que le chômage partiel ne suffit généralement pas à traiter les sur-effectifs et les reconversions qu’ils créent et que le temps de la conversion réussie est forcément long.

Sauf qu' ici il ne s’agit pas d’une seule entreprise (ici un seul Etat) mais de plusieurs (entreprises ou Etats) qui sont en difficulté et dont ne sait même pas si de nouvelles entités ne pourraient à leur tour le devenir assez rapidement ; les difficultés cantonnées à la périphérie du groupe se rapprochent dangereusement des entreprises (des Etats) qui en constituent le centre. Et ce groupe est en fait un conglomérat qui s’est constitué, assez classiquement comme la plupart des conglomérats, progressivement, au fil des évènements, des opportunités ou même des menaces. Un conglomérat très disparate aux échanges intra-groupes importants, aux positionnements vis-à-vis des marchés extérieurs très contrastés et dont finalement l’actionnariat ultime (les responsables) est (sont) incapable(s) d’avoir une politique s’imposant aux différentes baronnies (ici sûrement légitimes d’ailleurs) que constituent ces entreprises (Etats) qui au fil du temps se sont maintenues, voire se sont renforcées. Au point que devant les efforts énormes à consentir pour sauver le groupe, certaines entités les plus importantes et les plus solides et leurs dirigeants se demandent, ou pourraient se demander, si finalement il ne faudrait pas s’alléger de plusieurs de ces entreprises (Etats).

Le tout est à traiter de surcroît sans la présence d’un tribunal puissant pour aider à l’élaboration et à l’acceptation d’un plan de redressement ; un tribunal sous l’autorité duquel tous les créanciers seraient contraints d'accepter les plans d'apurement et de redressement élaborés en concertation avec la majorité des créanciers et validés par ce tribunal. On voit difficilement ce rôle joué par le FMI alors qu’il ne peut même pas le faire dans les pays en développement malgré une trentaine d’années d’interventions.

Comment espérer voir les sociétés périphériques se remuscler quand le cœur du groupe va réduire les achats de biens et services qu’il effectuait précédemment, que les autres clients (pays) habituels sont en train de réduire les leurs pour réduire leurs déficits publics et de balance commerciale? Et cela sans pouvoir baisser les prix à l’exportation (fixité de la monnaie, l’euro) et en supportant des prix augmentés à l’importation (suite à la baisse du pouvoir d’achat décrété –dévaluation interne-) et ce, d’ailleurs sur une assiette fortement élargie puisque portant aussi sur les importations intra-groupe (intra-européenne, c’est à dire par rapport aux pays du centre). La dévaluation interne décrétée ne peut se traduire que par une baisse très forte de la masse salariale (20 à 25 % ) et par des réductions d’effectifs qui, contrairement au secteur privé, dont la charge ne peut pas être reportée sur la collectivité, puisque dans le cas des Etats, ils sont cette collectivité ! Les dettes publiques et sociales y perdront en assiette imposable, et la baisse autoritaire des prix est plus facile à décréter et à appliquer aux salaires publics voire au secteur privés qu’à faire respecter pour la plupart des prix à la consommation mais aussi pour les mensualités de crédit accession à la propriété ou à la consommation pour ne parler que des ménages. Comment réduire ces charges d’intérêt vis-à-vis de banques qui ont beaucoup emprunté à un taux donné sur les marchés auprès de résidents mais aussi de non résidents pour accorder ces crédits aux ménages mais aussi aux entreprises: la dette internationale privée serait-elle aussi touchée ?

Comment espérer voir des créanciers faire massivement l’échange de titres préconisé – 40% de décote, les 60% restants assortis d’intérêts différés mais garantis par un (ou deux ?) chef(s) de file dont on rappelle que le plus important ne sent pas forcément en charge de l’avenir du groupe, en tout cas pas à n’importe quel prix… et que le second, si la question se posait vraiment lui, pourrait se trouver devant les mêmes difficultés … à supposer qu’il en ait les moyens financiers …

Les risques juridiques (inconstitutionnalité) et politiques majeurs pourraient faire douter les créancier de franchir le pas et procéder à cette conversion tant ils pourraient douter de l’indéfectibilité de l’engagement pris. Et d’ailleurs pourquoi faire ce saut maintenant alors que de facto avec le plan de 750 milliards d’euros ils sont garantis à 100 % pour les encours actuels et que de surcroît les inquiétudes présentes leur permettent d’exiger des primes de risques très élevées, d’alimenter de fructueux arbitrages sur le marché des CDS, alors que ces Etats ne feront pas défaut – à l’exception éventuelle du cas très particulier de la Grèce- mais qui ne pèse pratiquement pas dans la dette globale de la zone euro. On peut même penser que la prime de risque pour 100 % des financements nouveaux resterait forte même avec 60 % garantis dans la mesure où le risque marginal sur les 40% additionnels (« honorée que si les réformes marchent ») n’est pas réellement maitrisé et qu’une signature s’apprécie dans sa globalité et éventuellement celle de ses garants.

Certes, ces Etats de la périphérie – à géométrie très variable - pourront traîner 10 ans et plus avant d’absorber réellement les effets de la crise, à l’instar du Japon. Ils essaieront ainsi de réduire très progressivement leur insuffisante compétitivité en reconduisant politiques de rigueur sur politiques de rigueur,mais les dettes seront honorées ; les efforts seront pour l’essentiel portés par les services publics et les ménages des différents pays concernés. Car il faut croire en effet que l’euro, comme la femme de César, ne peut pas rester la monnaie du cœur de la zone sans être insoupçonnable. Les marchés peuvent donc, me semble t-il, continuer à jouer leur jeu actuel pendant de nombreuses années.
        
Les observations et questions énoncées ci-dessus le sont sans doute par manque de compétence et d’informations complémentaires, sans doute de mon fait.

Elles ne visent aucunement à dénigrer l’idée forte que comporte cette proposition et que je partage, à savoir « faire participer les investisseurs privés au financement et aux risques des réformes ». Comme l’auteur, j’aimerais pouvoir dire que « c’est je crois beaucoup mieux que les plans de rigueur d’aujourd’hui - aveugles et sans espérance ».


Peut-être voudra t-il nous en dire davantage ? Peut-être que d'autres analyses de lecteurs pourraient venir compléter ces questionnements ou au contraire aider à nourrir la proposition de Jacques Delpla.

Liens externes: 


Jacques Delpla "Europe : échange dette "bleue" et dettes "rouges" contre réformes" / Blog LesEchosnoclastes

lundi, 1 mars 2010

Des dettes publiques au péril de fonds vautours


Analyse, publié le 01/03/2010
"Des dettes publiques au péril de fonds vautours "

De nouveaux opérateurs sur les marchés des créances et de nouvelles techniques -les CVS- font que les plans de redressement de pays (généralement pauvres) sont mis en péril alors même que la communauté financière internationale peut y avoir apporté capitaux et appuis humains. La situation prend une tournure qui fait qu'il faudrait étendre la procédure du règlement judiciaire aux Etats pour leur donner une protection semblable à celle qui existe pour le secteur privé.


Suite à l'article récent d'Alain Gauvin "Les-Etats-à-la-merci-des-fonds-vautours"  -cf références infra- on ne peut se contenter des commentaires lus sur le site des Echos.

Si une partie du monde a profité de la mondialisation il y a près d'une centaine de pays pauvres qui n'en tirent pas les fruits et sont même de plus en plus marginalisés. Certes, tous ne sont pas exempts de critiques, mais n'oublions pas que même chez nous, pays riches, la montée de la pauvreté est constante et qu'elle ne touche pas que des gens qui le veulent bien, comme il est parfois dit. L'extrême performance de certains (pays, individus) provoque au moins pendant quelque temps la marginalisation des autres (pays, individus).

Les fonds vautours ou « vulture funds » sont des fonds qui rachètent à des prix extrêmement bas des créances sur des pays pauvres, en situation financière difficile, pour les obliger à payer la valeur nominale majorée des intérêts moratoires, y compris en usant et abusant de procédures judiciaires. Avec ces fonds vautours, nouveaux venus - en fait ils sont actifs depuis une quinzaine d'années - une faille de plus existe dans le traitement des dettes publiques et tout particulièrement celles des pays les plus pauvres peu en état de mobiliser des armées de juristes pour se défendre.

Alors que depuis la crise du Mexique de 1982 notamment, Club de Paris (pour les prêteurs publics, et Club de Londres (pour les créanciers privés et plus précisément les banques) agissent assez efficacement en amont et en aval des actions du FMI et de la Banque mondiale, on a des francs tireurs, non réglementés, qui essaient de tirer les marrons du feu dans des proportions totalement indues, forts de leur puissance financière et juridique. Rachetant à vil prix des obligations sur le marché secondaires des titres de pays à la limite de la cessation de paiements, ils produisent leurs créances pour la valeur nominale augmentée d'intérêts qui peuvent bloquer un temps l'intervention du FMI, et agissent après cette intervention par voie judiciaire. L'ampleur de leur créance fait que souvent cela leur permet de s'approprier de facto une partie des aides multinationales accordées - sous condition parfois draconiennes- pour le redressement du pays en difficulté.
"Une restructuration en bonne et due forme des dettes est mise en péril par les menaces formulées par une minorité (quelques créanciers) d'entamer des poursuites en justice" Anne Kruger, First Deputy Managing Director du FMI - 2OO2.

Plus grave encore, les créanciers classiques -banques et autres fournisseurs- risquent à leur tour de se mettre à avoir des comportements voisins de ces fonds par le recours aux credit default swap qui leur permet de se couvrir contre leurs risques - dont les risques souverains (voir à ce titre la montée des volumes et les primes des CDS sur les différents pays de la zone euro depuis un peu plus d'un an). Bien que couverts, ces créanciers restent toujours les créanciers en titre et vont produire leurs créances. Ils n'ont de facto pratiquement plus intérêt à contribuer à un plan de redressement puisque leur couverture ne fonctionnera que si la défaillance est avérée; cette protection sera meilleure que ce qu'ils pourraient récupérer par leur accord à un plan d'apurement du passif et de redressement.

Dès lors , une idée de nombreuses fois évoquée - y compris au sein des Instances internationales- à la fin des années 90 et début des années 2000 mais toujours restée sans suite va finir par devoir s'imposer. Elle est reprise par Alain Gauvin dans son article. Il s'agit d'étendre les procédures de règlement judiciaire aux Etats alors que seul le secteur privé peut jusqu'à maintenant en bénéficier.
Sous l'autorité d'un juge - ce serait ici le FMI et sans doute la Banque Mondiale- tous les créanciers seraient contraints d'accepter les plans d'apurement et de redressement élaborés en concertation avec la majorité des créanciers et validés par ce "juge".

De nombreuses objections seront élevées. Elles doivent être mises en balance avec les engagements multinationaux de soutien aux pays les plus pauvres et de lutte contre les sources d'instabilité politique et sociale locale, régionale voire mondiale. Dans cette problématique, un point technique, modeste en apparence peut néanmoins contribuer à provoquer son rejet par le secteur bancaire fortement concerné par un tel dispositif. Gageons que son attitude serait beaucoup plus ouverte si les autorités prudentielles acceptaient de ne pas l'obliger,en raison de l'ouverture d'une procédure de règlement judiciaire, à classer ces créances en créances douteuses à provisionner au maximum. Une bonne raison permettant aux autorités d'aller dans ce sens : dans une telle procédure collective, les plans d'apurement et de redressement ainsi homologués par le FMI sont censés être viables et ce d'autant plus qu'il n'y aurait plus le risque de voir quelques créanciers mercenaires obtenir par décisions judiciaires des paiements postérieurs prohibitifs ou des appropriations d'actifs tout aussi dommageables.

Le renforcement récent de la légitimité du FMI par la révision des droits de votes, le renforcement de ses moyens d'interventions financiers ainsi que sa nouvelle mission de veille macroprudentielle que le G2O lui a confié sont autant d'opportunités et de raisons pour que celui-ci se saisisse officiellement de cette question.

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dimanche, 31 janvier 2010

Le FMI s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives


les Echos du 21/01/2010


Il y a moins de 10 jours le FMI par la voix de son directeur Général, DSK, appelait les Etats à rapidement "élaborer une stratégie" pour sortir de la spirale de la dette, afin de "montrer aux marchés et détenteurs d'avoirs que les gouvernements ont conscience de l'importance du problème et de l'urgence de le régler".

Aujourd'hui il s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives au point d'appeler à la mise en place de mesures temporaires de contrôle des capitaux en Asie. N'est-ce pas un peu schizophrène que de vouloir demander d'être vertueux auprès des marchés comme s'ils incarnaient la vérité vraie, qu'en dehors d'eux il n' a pas de salut, alors qu'au même moment lesdits marchés sont repartis dans des exubérances irrationnelles lui faisant dire presque un gros mot!!

C'est un vrai problème que se donner comme juges des acteurs aussi peu fiables ! Il est temps que les Autorités financières remettent les marchés à leur juste place et pas plus !

mercredi, 25 novembre 2009

DSK relativise l'importance du « too big to fail »

En réaction à  l'article : DSK relativise l'importance du « too big to fail »

 [ 25/11/2009 0 ] -  Les Echos


Au-delà de ces propos il serait bon que le FMI s'inquiète de la façon dont les banques centrales vont éponger les liquidités colossales mises sur le marché depuis 2 ans sans nuire à la distribution du crédit.

Il pourrait leur rappeler l'existence d'un outil créé par elles il y a plus de 40 ans -les réserves obligatoires non rémunérées-et qu'elles n'utilisent pas actuellement. Elles servent à compléter l'usage des taux d'intérêt pour mieux maitriser le refinancement des banques. Leur emploi permettrait de maintenir des taux bas indispensables à l'économie réelle tout en frappant les opérations spéculatives sur devises, matières premières, énergie et ce d'autant plus fortement que les banques y sacrifient.

Pour l'U.E ce sont 40 groupes bancaires dont il faudrait que la BCE (et le SEBC) suive l'évolution des activités de carry trade, de prêts aux hedge funds, les appels de marge... pour asseoir ces réserves qui seraient progressives. C'est mieux que la taxe Tobin; et elle existe déjà !


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