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Mot-clé - marchéisation des économies

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jeudi, 27 septembre 2018

Libérons de l'idéologie l'enseignement de la science économique !

Vendredi dernier, j’ai eu l’honneur d’accueillir au Parlement Européen la rentrée académique de l’Université Libre de Bruxelles, dont l’année 2018-2019 s’inscrira dans la dynamique de l’Europe de la connaissance. Ce fut pour moi l’occasion de remettre en cause la manière dont la science économique est enseignée dans la plupart des facultés et des écoles de commerce, mais aussi à tous les non-spécialistes. En effet, alors qu’elle est démentie presque en tout par le réel, la théorie néo-classique règne hégémoniquement depuis des décennies sur cet enseignement. Cette théorie que j’ose qualifier de pseudo-scientifique fournit la base idéologique au néo-libéralisme, dont les ravages humains et naturels sont à mes yeux l’un des facteurs essentiels de la colère qui s’exprime au fil des élections en Europe.

mon commentaire :

 

Le discrédit de la pensée et (à juste titre) des réalités communistes du XXème associé au triomphe de la pensée unique d'un libéralisme sans contrainte ni valeurs mettent en péril la plupart des sociétés et même l'avenir de l'humanité.

Phénomène particulièrement perceptible et ressenti comme tel dans les pays qui ont mené depuis l'après-guerre des politiques de type sociales démocrates. Politiques qui malheureusement ont fortement contribué à cette marchéïsation généralisée des économies, sans recul ni vision à très long terme. Quand de plus, et depuis 15-20 ans, ces pays n'ont pas su se réformer pour toujours assurer l'efficience de leurs actions contre la pauvreté et l'inégalité des chances il n'est pas étonnant que les fractures sociales s'aggravent et poussent les peuples à de nouvelles aventures dramatiquement dangereuses.

Libérons les intelligences de tout déterminisme économique et social et de toutes les pensées binaires.

 

vendredi, 5 juin 2015

"La discrète américanisation" de l'Europe des capitaux

Les Echos- 21/05/2015-  Eric Le Boucher -éditorialiste

" L’union européenne du marché des capitaux est sur les rails. Elle doit aboutir, comme aux Etats-Unis, à atténuer le poids des banques dans le fonctionnement de l’économie. Un tournant historique qui eût mérité un débat."

mon commentaire :

La poursuite accélérée de la désintermédiation en Europe, à l’instar du système américain, voulue et saluée par presque tout le monde se révélera très certainement extrêmement dangereuse à terme. Il est bon qu'Eric Le Boucher invite à y réfléchir sérieusement. C 'est en effet un modèle de financement aux cycles économiques très contrastés, gérable quand il était limité aux pays anglo-saxons, qui le sera beaucoup moins quand il aura été généralisé. Sur une longue période, banques et marchés sont à égalité dans la pertinence de l’analyse du risque microéconomique. Par contre, la maîtrise du risque macroéconomique est moindre quand les marchés assurent l’essentiel des financements et des risques.
L’atomisation des risques, leur couverture et le succès apparemment durable anesthésient longtemps les acteurs et les observateurs… jusqu’à leur réveil.
Et là, c’est une déferlante, en temps réel, face à laquelle on ne sait pas faire face, pas plus demain qu’hier, malgré les dispositifs prudentiels récemment mis en place.

mercredi, 4 mars 2015

Subprimes, saison 2

Les Echos du 04/03/2015- Chronique  Edouard Tetreau / Associé-gérant de Mediafin |


Commentaire :

1- "L'argent déborde de partout: depuis le robinet de la Réserve Fédérale  et ses

 3 700 Mds de dollars de "quantitative easing" (..).

2- "Chacun d'expliquer que le risque financier avait disparu puisqu'on avait trouvé la martingale pour le diffuser partout de façon indolore" .

L'analyse d'E. Tétreau  ne peut que conduire à son diagnostic très inquiétant même si l'horizon peut être plus long d'un ou deux ans.

Financer aussi puissamment  et surtout  à l'aveugle les économies comme le font la Fed, la Banque du Japon, du Royaume-Uni et comme commence à le faire la BCE ne peut qu'accroître les effets de levier et la spéculation sur toutes sortes d'actifs mobiliers et immobiliers. L'emballement aura une fin et on n'aura plus cette fois les moyens de la juguler comme il l'écrit très justement.

D'urgence il faut que les banques centrales ciblent mieux les refinancements et rachats qu'elles font et/ou,plus ponctuellement, édictent quand nécessaire des règles empêchant les dérives constatées (taux d'effort trop élevé, prêt plus longs que la durée de vie des biens...). Il faut aussi que toutes les autorités arrêtent d'urgence de pousser à des financements de marché qui diffusent les risques auprès d'acteurs financiers n'ayant pratiquement pas de dispositifs prudentiels à respecter et  qui renvoient le risque (accru par la volatilité et le temps réel) sur les entreprises et les ménages qui ne sont pas armés pour les gérer.


dimanche, 15 décembre 2013

Finance et économie : La fracture

Entretien réalisé par Olivier PIOT le 2 avril 1995 et publié dans le livre Finance et économie, la fracture. Le Monde Editions, 1995.









Rectificatif

Il aurait été logique qu'après le krach de l'Union Générale les contrats d'argent à terme, comme je l'ai dit, aient été interdits. En fait ils ont été légalisés par une loi du 28 mars 1885 !. Son article 1 stipule:

"Tous marchés à terme sur effets publics et autres, tous marchés à livrer sur denrées et marchandises sont réputés légaux". Mais cette légalisation n'était pas tant pour les encourager que pour moraliser ces transactions. En effet beaucoup de débiteurs ne voulant pas essuyer une perte sur les contrats perdants faisaient un procès à leurs créanciers en excipant de l'exception de jeu. D'où la suite de cet article "Nul ne peut, pour se soustraire aux obligations qui en résultent, se prévaloir de l'article 1965 du code civil, lors même qu'ils se résoudraient par le paiement d'une simple différence". Cet article 1965 stipule que "La loi n'accorde aucune action pour une dette du jeu ou pour le paiement d'un pari".

On peut lire avec intérêt le livre " L'exception de jeu en matière d'opérations de bourse" par Numa Salzedo, avocat à la cour de Paris- 1880- BnF- Gallica.

Au début des années 1980, " le cadre juridique permettant la création d'un marché à terme digne de ce nom n'existait pas ...Il a fallu passer par une loi de modernisation permettant de lever l'exception de jeu . Celle-ci sera adoptée le 11 juillet 1985." Citation de Gérard Pfauwadel, ancien Président du Matif, dans un article de La Tribune du 26 juillet 2013 " Les traders du Matif aux couleurs de chaque intermédiaire" 

lundi, 20 mai 2013

Quand le pape François et Merkel parlent d'économie

Le Figaro  du 19 /05 / 2013

Le Saint-Père a accordé une audience d'une durée exceptionnelle de quarante-sept minutes à la chancelière allemande, samedi matin.

mon commentaire ;

Enfin un pape qui ne se contente plus de discours lénifiants; il dénonce le fétichisme de l'argent :

     http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/05/16/01016-20130516ARTFIG00685-le-pape-denonce-le-fetichisme-de-l-argent.php

et discute très utilement avec Angela Merkel.


Très utilement, me semble t-il, car sans de tels discours tenus par des "hommes de foi" et incarnant ou étant censés incarner la sagesse des hommes - et ce quelque soit leur religion ou leur philosophie- est un indispensable contrepoids aux marchés et à l'économisme ambiant.

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A propos de l'encyclique  Caritas in Veritate de Benoît XVI, le  07/07/2009, dans Le Cercle -les Echos -  suite à un résumé d'un  article qui indiquait :

"Le souverain pontife insiste sur "l'urgence de la réforme de l'Organisation des Nations Unies comme celle de l'architecture économique et financière internationale" dans ce texte de 150 pages intitulé "Caritas in veritate" qui fait le tour des questions posées à la société actuelle". 

j'écrivais  en réaction : 


Après 2 ans de silence quasi total sur la crise, cette Encyclique est plus que bienvenue. Avec force elle se prononce sur:

- "l'urgent besoin" d'une autorité mondiale,
- un nouveau rôle pour les Etats dans la mondialisation
- réglementer l'exploitation des ressources non renouvelables,
- consacrer une part plus grande du PIB des pays développés au développement,
- avoir une gestion humaine de la migration; développer un tourisme responsable...


C'est important de parler de la responsabilité sociale de l'entreprise; de la place du don à l'intérieur de l'activité économique normale...Mais pourquoi ne pas avoir dénoncé précisément les exigences de rendement intenables de 15 % et plus exigés par les actionnaires institutionnels et de s'en tenir à un discours intéressant mais largement utopique "que toute l'économie et toute la finance soient éthiques"?

Pourquoi des propos précis sur certaines questions et un discours très général sur les profits? Pourquoi deux poids, deux mesures ?

Il semble bien qu'il y a une réelle avancée aujourd'hui avec ce nouveau Pape.