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Mot-clé - réglementation bancaire

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jeudi, 9 mars 2017

Monsieur Macron et le moins disant réglementaire en matière bancaire

Le Cercle-les Echos du 9/03/2017

M. Macron souhaite que les grands ratios de solvabilité de liquidité et de fonds propres des banques et des assurances puissent être discutés au niveau européen à l'Ecofin

 

M. Macron, ex ministre de l'Economie et candidat à la présidence de la République  a déclaré devant la Condéfération des PME le 6 mars dernier:

«Ce que je souhaite c'est que les grands ratios de solvabilité de liquidité et de fonds propres des banques et des assurances puissent être discutés au niveau européen à l'Ecofin chaque année et qu'on en fixe, avec des objectifs de financement économique, les grandes règles». Selon lui, les régulations adoptées après la crise (Bâle 2 et 3, ainsi que Solvency 2), ont incité les acteurs financiers à désinvestir. Ces régulations ne sont «pas adaptées à la France»..

«Nous nous sommes fait avoir», a-t-il ajouté en précisant qu'elles «touchent beaucoup les économies comme les nôtres qui n'étaient pour rien dans l'origine de la crise.» «Les instances prudentielles veulent de la prudence, donc elles n'ont qu'un objectif de réduction du risque et donc elles ont désincité les banques et les assurances à financer l'économie»,

Que penser de ce diagnostic et de cette proposition ?

D'abord il est un peu surprenant d'entendre un Ministre averti dire que "nous nous sommes fait avoir". Il est su depuis longtemps que la France, mais aussi toute l'Europe continentale, dépend plus des banques que les USA et la Grande-Bretagne pour leur financement et que depuis 4 à 5 ans toutes les instances politiques nationales et européennes veulent dès lors faire plus de place aux marchés de capitaux. Ensuite on rappellera que la croissance des crédits a été proche de 5 % en 2016 en France pour une croissance nominale de 3% environ,  que la Fédération Bancaire Française s'en félicite ( " Le crédit bat des records en 2016 : Les banques françaises financent l'économie" , communiqué du 22 février 2017 ) et que les résultats des banques ont été plus que confortables. 

Livrer, chaque année, la fixation des règles prudentielles aux Ministres des Finances conduit à politiser le débat et à provoquer des désaccords supplémentaires entre les pays de la zone euro  ...qui n'en ont pas besoin ! Avec en plus des résultats dépendant bien plus de marchandages que des besoins réels des différents pays.

Faire fluctuer fortement chaque année les conditions de distribution du crédit en fonction de la conjoncture en jouant sur les normes prudentielles alors que la politique monétaire est en charge de cette régulation - avec les taux d'intérêt, les conditions de refinancement, voire les réserves obligatoires - c'est demander à des données structurelles de se substituer aux instruments de politique monétaire bien mieux appropriés.


Le contrôle prudentiel est un soubassement structurel stable - un peu comme les règles fiscales- qui ne doit pas être modifié en fonction des conjonctures économiques car s'il faut peu de temps pour en réduire  les exigences il en faut beaucoup pour les relever. Cette inertie vient du fait que les ratios prudentiels portent essentiellement sur les fonds propres qui sont d’une manipulation difficile et qui jouent sur la géographie du capital et sur les capitalisations boursières.
De plus l'histoire financière de ces 15 dernières années a montré et montre que les banques sont bien souvent obligées de respecter des ratios de fonds propres supérieurs à ceux édictés par les autorités prudentielles pour maintenir la qualité de leur signature. Un assouplissement conjoncturel décidé par l'ECOFIN  mais qui ne serait pas ratifié par les marchés serait du plus mauvais effet. 
Cette proposition reprend enfin celle des Républicains les plus anti-régulation aux Etat-Unis, avec le Président Trump comme porte-parole. Or ce n'est pas une bonne chose pour la robustesse de l"économie financière mondiale qui est loin d'être assurée; l'OCDE vient d'ailleurs de noter que les risques financiers s'accentuent. Un haut niveau de normes prudentielles, stables de surcroît,  est en outre un gage de sérieux qui peut être de nature à rassurer des investisseurs et les opérateurs sur l'interbancaire dans la zone euro...  Une carte que l'Europe ne doit pas perdre.

Avec un peu de mauvais esprit, mais dans le même ordre d'idée, à quand une proposition de tel ou tel pour substituer à l'objectif  de la BCE de "un peu moins de 2% d'inflation" par une discussion annuelle au niveau européen dudit objectif !


vendredi, 5 juin 2015

"La discrète américanisation" de l'Europe des capitaux

Les Echos- 21/05/2015-  Eric Le Boucher -éditorialiste

" L’union européenne du marché des capitaux est sur les rails. Elle doit aboutir, comme aux Etats-Unis, à atténuer le poids des banques dans le fonctionnement de l’économie. Un tournant historique qui eût mérité un débat."

mon commentaire :

La poursuite accélérée de la désintermédiation en Europe, à l’instar du système américain, voulue et saluée par presque tout le monde se révélera très certainement extrêmement dangereuse à terme. Il est bon qu'Eric Le Boucher invite à y réfléchir sérieusement. C 'est en effet un modèle de financement aux cycles économiques très contrastés, gérable quand il était limité aux pays anglo-saxons, qui le sera beaucoup moins quand il aura été généralisé. Sur une longue période, banques et marchés sont à égalité dans la pertinence de l’analyse du risque microéconomique. Par contre, la maîtrise du risque macroéconomique est moindre quand les marchés assurent l’essentiel des financements et des risques.
L’atomisation des risques, leur couverture et le succès apparemment durable anesthésient longtemps les acteurs et les observateurs… jusqu’à leur réveil.
Et là, c’est une déferlante, en temps réel, face à laquelle on ne sait pas faire face, pas plus demain qu’hier, malgré les dispositifs prudentiels récemment mis en place.

lundi, 23 mars 2015

Le monopole bancaire sert-il (encore) à quelque chose ?

Vox-Fi -par Hubert de Vauplane - 19 mars 2015

Commentaire :

L'article d'Hubert de Vauplane montre bien que le vieux cadre institutionnel bancaire dans lequel nous avons vécu a du plomb dans l'aile tant dans sa réalité que dans son essence.
C'est vrai que tout l'argumentaire que les autorités monétaires et les Pouvoirs Publics pouvaient développer avec beaucoup de cohérence  pour justifier du monopole des dépôts et des crédits est aujourd'hui mis à mal ; on ne le fera pas ici il faudrait tout un article. Cet argumentaire n'était pas spécifique à la France (même si notre pays a été maximaliste dans ses prises de position avec par exemple la prise en compte des garanties dans le champ du crédit); à preuve les directives bancaires européennes dont la première de 1977, dite de coordination bancaire, visait l'obtention obligatoire d'agréments.
Dans la plupart des pays de l'Union Européenne  le crédit entrait dans le champ des acteurs qui devaient obtenir un agrément ; pas celui de banque s'ils ne collectaient pas de dépôts, mais  celui d'établissement de crédit, concept introduit dans la première directive précitée. 
Et c'était une notion de crédit au sens large qui dans la majorité des pays incluait le crédit à la consommation mais aussi le crédit-bail immobilier et parfois le crédit-bail mobilier, l'affacturage et le crédit à la consommation. La seule grande exception était le Royaume-Uni qui exonérait de réglementation notamment tout le crédit-bail et le crédit à la consommation.
Sur ces bases généralement partagées, un grand marché bancaire européen largement harmonisé - pas totalement-  quant à son périmètre et sa réglementation a été mis en place  dans les années 90, avec instauration de passeports européens pour renforcer la concurrence dans ce marché bancaire unique et contrebalancer les contraintes liées aux respects de règles prudentielles contraignantes. Le tout fonctionnant sous la "haute main " des banques centrales, qui contrôlant via le crédit entre 80 et 85 % du financement des économies de l'Europe continentale, estimaient avoir toutes les cartes en main pour éviter les pires des dérapages monétaires et financiers. La Bundesbank a été très longtemps particulièrement attachée à une telle donne et n'a que, contrainte et forcée, été obligée de l'abandonner avec la déréglementation financière et la montée généralisée des marchés au début des 2000.   
  
    Ainsi aujourd'hui ces bases tiennent de moins en moins bien dans un environnement :
- de déréglementation poussée (Bâle III ne gêne plus que ceux qui veulent rester avec un statut qui les y soumet ! on va finir par se demander pourquoi ils le gardent !),
- dans lequel les banques centrales poussent elle-mêmes (provisoirement ?) à une très forte création monétaire,
 - et de développement considérable du face à face des marchés et des effets de levier.
 Au temps du shadow banking, de la banalisation des opérateurs des paiements scripturaux, du crowd funding...comment pourrait-il en être autrement ? ...pour le plus grand bien  de risques systémiques.
Tout se passe en effet comme s'il était avéré que leur maîtrise était bien meilleure dans un tel environnement de dissémination généralisée des risques auprès d'acteurs pas ou peu réglementés que dans un système canalisé auprès d'acteurs réglementés (qui n'en présentent pas moins quelques fragilités et risques de dérives).
 
Permettez-moi d'en douter. Seul le temps permettra d'en juger. 



mercredi, 4 mars 2015

Subprimes, saison 2

Les Echos du 04/03/2015- Chronique  Edouard Tetreau / Associé-gérant de Mediafin |


Commentaire :

1- "L'argent déborde de partout: depuis le robinet de la Réserve Fédérale  et ses

 3 700 Mds de dollars de "quantitative easing" (..).

2- "Chacun d'expliquer que le risque financier avait disparu puisqu'on avait trouvé la martingale pour le diffuser partout de façon indolore" .

L'analyse d'E. Tétreau  ne peut que conduire à son diagnostic très inquiétant même si l'horizon peut être plus long d'un ou deux ans.

Financer aussi puissamment  et surtout  à l'aveugle les économies comme le font la Fed, la Banque du Japon, du Royaume-Uni et comme commence à le faire la BCE ne peut qu'accroître les effets de levier et la spéculation sur toutes sortes d'actifs mobiliers et immobiliers. L'emballement aura une fin et on n'aura plus cette fois les moyens de la juguler comme il l'écrit très justement.

D'urgence il faut que les banques centrales ciblent mieux les refinancements et rachats qu'elles font et/ou,plus ponctuellement, édictent quand nécessaire des règles empêchant les dérives constatées (taux d'effort trop élevé, prêt plus longs que la durée de vie des biens...). Il faut aussi que toutes les autorités arrêtent d'urgence de pousser à des financements de marché qui diffusent les risques auprès d'acteurs financiers n'ayant pratiquement pas de dispositifs prudentiels à respecter et  qui renvoient le risque (accru par la volatilité et le temps réel) sur les entreprises et les ménages qui ne sont pas armés pour les gérer.


lundi, 1 décembre 2014

Les entreprises françaises apprennent à se passer des banques

La Tribune du 30/11/2014 -article de Christine Lejoux

commentaire repris pour un article dans La Croix du 19 février 2015 " La commission européenne veut relancer la titrisation pour aider les PME à se financer"


Les marchés vont prendre une place croissante dans le financement des entreprises européennes, compte tenu des contraintes réglementaires qui restreignent la capacité des banques à prêter. Les banques ne pèsent plus que 60% dans le financement des sociétés françaises. De nouveaux acteurs, comme les fonds de prêt à l'économie, surfent sur cette vague de la désintermédiation du financement des entreprises.

mon commentaire :

La poursuite accélérée de la désintermédiation en Europe, à l’instar du système américain, voulue et saluée par presque tout le monde se révélera très certainement extrêmement dangereuse à terme. C 'est en effet un modèle de financement aux cycles économiques très contrastés, gérable quand il était limité aux pays anglo-saxons, qui le sera beaucoup moins quand il aura été généralisé. Sur une longue période, banques et marchés sont à égalité dans la pertinence de l’analyse du risque microéconomique. Par contre, la maîtrise du risque macroéconomique est moindre quand les marchés assurent l’essentiel des financements et des risques.
L’atomisation des risques, leur couverture et le succès apparemment durable anesthésient longtemps les acteurs et les observateurs… jusqu’à leur réveil.
Et là, c’est une déferlante, en temps réel, face à laquelle on ne sait pas faire face, pas plus demain qu’hier, malgré les dispositifs prudentiels récemment mis en place.

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