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Mot-clé - transition énergétique

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jeudi, 7 mars 2019

BCE : une incroyable occasion ratée !

ECB : an incredible  opportunity missed !
   

La Banque centrale européenne a annoncé ce jour qu'elle lancera en septembre prochain de nouveaux prêts bancaires à long terme (TLTRO) et que ses  taux resteront inchangés jusqu'à la fin de 2019.
Dont acte !
Mais aucun ciblage en faveur de financements  privés de la transition énergétique et du développement durable alors qu'il y a de plus en plus péril en la matière puisque les Etats sont dans l'incapacité de financer seuls ces besoins énormes et que l'horizon ultime pour essayer de contenir les catastrophes à venir se rapproche de plus en plus dangereusement.    

Il est en effet incroyable que la BCE reconduise à l'identique sa politique de refinancement à moyen terme exceptionnel des banques comme elle l'avait mis en oeuvre en septembre 2014 puis en juin 2016. Politique qui, avec le "quantitative easing" (Q.E ) a certes contribué à éviter un assèchement du crédit dans la zone euro mais a aussi poussé à un endettement massif des grands groupes (les incitant à arbitrer crédits contre fonds propres, à réaliser de méga prises de contrôle) et poussé également à la spéculation sur l'immobilier et les actifs financiers, sans infléchir un tant soit peu les financements carbonés.

Alors que la BCE aurait déjà pu remployer dès 2019, comme elle s'y est engagée, tout ou partie des amortissement de titres acquis dans le cadre du QE  en obligations publiques et privées et en crédits titrisés représentatifs de financements verts, elle n'a rien changé, refinançant toujours à l'aveugle les Etats et les groupes internationaux ayant une présence juridique dans un pays de la zone euro.

Il y avait une dernière chance à saisir pour aller dans ce sens : c'était cette troisième salve de TLTRO annoncée aujourd'hui.

Au lieu de quoi, rien de changé !
Dans les deux premières salves, les montants que les banques pouvaient emprunter à la BCE et leur taux dépendaient de leurs encours de crédits accordés aux entreprises non financières et aux ménages (hors prêts immobiliers). Encours de crédits indifférenciés, sans aucun fléchage en faveur de domaines considérés comme prioritaires comme les financements verts (éventuellement arrêtés par les instances européennes qui disposent d'études et de projets suffisamment mûrs pour pouvoir les circonscrire).

Dans le cadre de cette nouvelle salve de TLTRO les banques pourront emprunter jusqu'à 30% de l'encours des prêts éligibles au 28 février 2019, à un taux indexé sur le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement pendant la durée de chaque opération, sans autre précision.
Si, le communiqué de la BCE se termine en disant: " De plus amples informations sur les conditions précises des TLTRO-III seront communiquées prochainement. »  On peut toujours espérer...mais ne soyons pas naïfs rien n'ira dans ce sens.
Une claire orientation de ce dispositif vers des refinancements favorisant les financements verts n' aurait pas été une mesure de second ordre susceptible d'être simplement finalisées dans des " conditions précises communiquées prochainement ". Si cela avait été le nouvel objectif, totalement innovant, le Président Draghi en aurait fait l'annonce comme il sait le faire. Au hasard  (!) :  le 26 juillet 2012, il  annonçait que la BCE ferait « tout ce qui était nécessaire » pour sauver la zone euro. Rien de tel, à ce jour, pour contribuer à sauver la planète.

Il n'est pas trop tard M. Draghi !!

jeudi, 4 octobre 2018

Les cinq ingrédients qui préparent la crise de 2020

Les Echos- Nouriel Roubini - article du 04/10/2018

" Dix ans après la chute de Lehman Brothers en 2008, le risque d'une nouvelle déflagration est à nouveau élevé. Et, cette fois, les Etats surendettés ne disposent plus des mêmes armes pour y faire face".

Mon commentaire :

Tous les ingrédients sont réunis pour qu'il y ait une crise financière dans les 2 à 3 ans qui viennent, sans doute plus grave qu'en 2007/2008 par la disparition des marges de manoeuvre pour la plupart des états. Pour faire bonne mesure il ne faut pas oublier que pendant ces périodes il n'y a plus de projets significatifs ni d'argent pour financer les investissements lourds et longs avant d'être rentables. Parmi les grandes victimes il y aura le financement de la transition énergétique, du traitement de la pollution et des déchets, de l'accès à l'eau notamment. La fin programmée des politiques accommodantes des banques centrales doit impérativement prendre en considération ces besoins. Voir une proposition concernant les refinancements :
https://www.linkedin.com/pulse/pour-vraiment-verdir-le-financement-de-l%C3%A9conomie-michel-castel/ 

mardi, 28 août 2018

Pour vraiment verdir le financement de l'économie


Pour vraiment verdir le financement de l'économie la sphère financière toute entière doit se mobiliser. Elle le fera d'autant mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.  

To really green the financing of the economy, the entire financial sphere must mobilize. It will do so much better than central banks and supervisors will strongly and skilfully accompany it through an adequate prudential environment but also by the implementation of a sustainable policy of preferential refinancing.

article publié sur Linkedin le 28/08/2018

      Pour réduire de façon drastique les émissions de carbone (engagement de l'U.E. de les  réduire de 40 %  avant 2030 notamment) il est indispensable de très fortement verdir le financement de l'économie. Les financements publics sont et resteront très insuffisants, les financements privés par les banques et les marchés doivent être massivement mobilisés. Surtout  qu'il y a le même impératif pour lutter contre la pollution, pour renforcer  les économies d'énergie et arrêter l'effondrement de la biodiversité. 

Il est heureux que neuf banques centrales[1] et superviseurs bancaires se soient mobilisés en décembre 2017 en vue de publier un rapport en avril 2019. Le défi, selon le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau,  est pour ces autorités " notre  nouvelle frontière à l'instar  du financement de la croissance et des grandes infrastructures au XIXème siècle ou de la gestion des grandes crises financières au cours de cent dernières années"[2].   
Ces Banques centrales et superviseurs travaillent essentiellement pour déterminer le bon environnement prudentiel pour intégrer le développement de la finance verte même si leur objectif  vise aussi à renforcer la mobilisation des capitaux en faveur de ce développement. Le prudentiel prédomine dans ces travaux et dans la gamme des éléments de préconisations déjà en partie dévoilés; le volet superviseurs a  et de loin pris le pas sur la partie  banques centrales et les politiques et taux et de refinancement, bases des politiques monétaires.  
A très grands traits, pour le prudentiel il s'agit de bien mesurer les risques climatiques après en avoir harmonisé les composantes et de mettre en place des stress tests appropriés auprès des banques et des assurances  comme ces autorités savent le faire pour les risques classiques après en avoir ajusté les dispositifs plusieurs fois depuis Bâle 1 et les directives européennes.  Mais l'usage des ratios prudentiels est de manipulation difficile - en quoi par exemple un financement vert serait-il systématiquement moins risqué qu'un financement classique et  justifierait une moindre exigence de fonds propres ?  Moindre exigence susceptible de mettre en question la robustesse individuelle et globale du système financier  aux crises et autres risques (de solvabilité, de taux, de change...) qui existerons toujours. Une alternative ?  Avoir une politique de malus pour les crédits à forte intensité carbone ou facteurs de pollution ? Elle n'est pas davantage facile à déterminer. Même avec des taux unitairement élevés sa production globale sera  faible car  elle ne portera  que sur les nouveaux crédits fortement carbonés (de peu de poids par rapport aux encours) et  elle sera très fluctuante car fonction des cours très volatiles de l'énergie et des matières premières. De plus elle ne dissuadera pas d'investir dans des activités carbonées ou négatives pour l'environnement quand les cours flambent. Par ailleurs, le développement de stress tests climatiques pertinents - intégrant tous les effets de chaîne à moyen long  terme possibles - mentionné par le groupe  est tout sauf évident. On l'a vu pour les stress tests visant les risques classiques connus pourtant de longue date. 
Cependant malgré toutes ces difficultés des mesures prudentielles doivent être approfondies et mises en place. Pour autant elles ne règleront pas l'enjeu de mobiliser une forte capacité d'offre financière pour les investissements verts et pour ceux touchant plus globalement  à l'impact des hommes sur la planète.
 Jusqu'à présent, sur cette question essentielle, le groupe de banques centrales et de superviseurs précité montre ses limites. Il indique réfléchir à un développement des obligations vertes et de leur titrisation;  et là on sait par avance qu'il y aura des avancées; c'est dans l'air du temps ! Le groupe déclare également  " qu'il faut plus de prêts verts  et plus de financements verts en général accessibles aux particuliers, aux PME et aux start-ups". Là par contre rien n'est vraiment préconisé voire même simplement esquissé.
Au-delà de là cette pétition de principe de plus de financement pour les particuliers et les PME et hormis un traitement prudentiel approprié - cf. ci-dessus - il n'y a, semble t-il, aucune réflexion sur le volet taux et refinancement par les banques centrales dans le cadre de leur politique monétaire seul moyen substantiel pour "booster" l'offre de financements verts dans son volet bancaire et financier.  
Actuellement et sans doute pour quelques années encore, plus qu'une politique de taux spécifique, la véritable  incitation forte à octroyer des crédits verts et à souscrire des obligations vertes serait de permettre leur refinancement préférentiel par les banques centrales à l'instar de la mise en place progressive  à partir de 2010 du rachats de  titres publics et de grandes entreprises qui a permis de faire face à la très grave crise de confiance entre acteurs financiers minant les facultés de refinancement interbancaires. Maintenant que cette mesure non conventionnelle est arrêtée (USA) ou en cours de réduction avant son arrêt (BCE) il y a là la possibilité de remplacer progressivement  un refinancement à l'aveugle (qui fut néanmoins utile) par un refinancement ciblé visant à relever un des plus grand défit actuel de la planète. En charge de la surveillance directe des plus grandes banques européennes,  la BCE  peut se donner les moyens de vérifier ( a priori, par sondage ou a posteriori) que le papier présenté à ses guichets correspond  bien à un financement concourant à la sauvegarde de la planète. Elle relèverait ainsi à la fois un défi quantitatif de financements à offrir et un défi qualitatif que  ces même financements soient réellement sources de progrès et non des opérations de "greenwashing".
Sur le plan financier "la nouvelle frontière" ne sera effective que si la sphère financière toute entière se mobilise. Elle le fera d'autant mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.  
                                                            *
Plus de détails et de précisions dans
http://www.michelcastel.com/index.php?post/2012/04/26/La-quote-part-souhaitable-de-la-BCE-dans-le-pacte-de-croissance  

[1] Banque d'Angleterre, Bundesbank, Banque des Pays-Bas, de Suède, de Chine, de Singapour, du Mexique , Banque de France et Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) .  Hasard  (??) , la Fed n'y participe pas !!
[2] Conférence internationale des superviseurs sur le risque climatique - Amsterdam, 6 avril 2018 

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Cet article a été également publié en commentaire dans "Chroniques de l'anthropocène"  le blog d'Alain Grandjean  à propos de la " Lettre ouverte au Gouvernement : libérons l"investissement vert"
 https://alaingrandjean.fr/2018/09/03/lettre-ouverte-gouvernement-liberons-linvestissement-vert/#comment-269438


vendredi, 22 avril 2016

La BCE achètera des dettes privées en juin

Les Echos du 22 avril 2016


mon commentaire :

La BCE qui va racheter massivement les obligations émises par les plus grandes sociétés de la zone euro ( telles EDF, Volkswagen, BMW, ENI, Deutsche Telecom, Engie... ! On croit rêver.
Ainsi la BCE va "aider" ces sociétés qui obtiennent actuellement des financements à des conditions de taux inimaginables et qui n'ont aucun problème pour placer leur papier auprès de tous les investisseurs de la planète en mal de placements ! 
Pendant ce temps, rien de ciblé pour aider au financement des énergies nouvelles, des programmes de réduction de la consommation énergétique et de lutte contre la pollution. 
Pourquoi ne pas annoncer une montée en puissance aussi rapide que possible de rachats de titres de dettes - publiques et privées - engagées dans ces domaines au cours des 3 ou 4 dernières années (pour avoir un gisement significatif dès l'annonce) et s'engager à en maintenir le dispositif pendant les 5 ans à venir par exemple ? Pourquoi ne pas prendre de surcroît un engagement à 5 ans de refinancer dans des conditions privilégiées les crédits finançant ces investissements si essentiels pour l'avenir de l'humanité?
Cette nouvelle donne donnerait du sens aux actions non conventionnelles menées et serait de nature à rassurer quelque peu les marchés. De plus elle  conforterait les banques et autres financeurs dans leur accompagnement des investissements indispensables pour la transition énergétique, le traitement des déchets et la réduction des pollutions et les inciterait fortement à participer ainsi à la réalisation des engagements de la COP 21... signés aujourd'hui !

Il serait aussi plus que souhaitable que G 20, le FMI et tous les conseils de stabilité financière existants y réfléchissent et recommandent une telle réorientation des programmes de QE existants.

Nota 1: Après la rédaction de ce commentaire je découvre avec plaisir l'article de Jean-François Boulier (Président du directoire d'Aviva Investors France) dans ce même numéro des Echos et intitulé " Et si la BCE se mettait au vert ? qui va tout à fait dans le même sens.
Il écrit notamment " La BCE aurait tout intérêt à entamer une réflexion spécifique à l'investissement carbone".

Nota 2 mais aussi La Tribune du 02/06.2016 : " Et si le QE de la BCE servait à financer la transition écologique ? " par Romaric Godin

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/et-si-le-qe-de-la-bce-servait-a-financer-la-transition-ecologique-575991.html#xtor=EPR-2-[morning-briefing]-20160602

La Fondation Nicolas Hulot propose d'utiliser la création monétaire de la BCE pour financer 300 milliards d'euros par an de dépenses liées à la transition écologique et à la lutte contre l'exclusion sociale. L'idée répond à plusieurs enjeux macroéconomique de la zone euro, mais sera-t-elle entendue ?


mon commentaire:

Proposition plus qu'intéressante, mais il n'y a pas de raison de ne pas y associer les banques voire les assureurs comme je le préconise depuis deux ans. Investissements publics et privés doivent s'additionner pour relever au plus vite les défis énergétiques et environnementaux et contribuer à une reprise économique saine en Europe. Voir mon blog http://www.michelcastel.com/
 

  Nota 3      Reprise partielle de mon commentaire sur LinkedIn à l'occasion de l'éditorial des Echos de Guillaume Maujean du 8 juin " La BCE, l'inondaton et la décrue "

et complétant le risque d'asséchement de la liquidité sur les marchés des emprunts ainsi rachetés par la BCE mentionné par l'éditorialiste. 

 voir http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211006008812-la-bce-linondation-et-la-decrue-2004646.php

La BCE va acheter des emprunts de très grandes entreprises européennes sur le marché secondaire mais aussi dès leur émission. Au risque de fortement réduire la liquidité de ces titres rappelle a juste titre Guillaume Maujean. Sociétés qui obtiennent déjà des financements à des conditions de taux inimaginables. Et pendant ce temps, rien pour aider les banques à financer précisément les projets publiques et privés visant les énergies nouvelles, la réduction de la consommation énergétique et de la pollution. Drôle de façon de soutenir les conclusions de la COP 21 !  


vendredi, 20 février 2015

Pour un plan Juncker soucieux de la transition énergétique

Le Cercle-Les Echos -  le 19/02/2015  par Damien Demailly / Chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)


Le plan Juncker doit miser sur des projets énergétiques d'avenir afin de répondre aux besoins de demain.


commentaire :


Il est plus que surprenant que la BCE soit laissée de côté pour refinancer partiellement les investissements qui découleront du plan Juncker - surtout dans leur composante " transition énergétique et/ou développement durable" alors qu'elle va racheter à l'aveugle plus de 1100 milliards d'euros de dettes sur les marchés, essentiellement de dettes publiques dans les semestres qui viennent et sans doute pour plus longtemps encore. Une déclaration de principe en ce sens par les autorités européennes et la BCE serait bienvenue.

Un peu de sélectivité dans son action ne pourrait être que profitable à l'intérêt général ; mais c'est encore une idée taboue. Les excès des années cinquante et soixante en la matière ne justifient pas de jeter le bébé avec l'eau du bain.   

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