Suite à cet article de Jean Quatremer paru sur le site de Libération le 06/02/2010

Michel Castel a dit...

Après que tous les Etats aient dû jouer les pompiers ils se trouvent maintenant totalement dans la main des marchés! A nouveau maîtres du jeu, ils peuvent ainsi tester la solidarité réelle entre les pays de l'U.E, et même maintenant celle des pays de la zone euro. Une éventuelle cassure de l'Union Européenne n'est pas leur problème.

Quant à la solidarité de l'Union : elle existe et est régulièrement proclamée. Dans la réalité, celle-ci a été plus que mesurée au début de 2009 pour soutenir les membres rentrés dans l’Union en 2004, si bien qu'ils ont dû faire appel au FMI. Une cassure au sein de la zone euro ne peut même pas être exclue quoi qu'on dise pour rassurer. La solidarité forcément plus forte dans la zone euro – ne serait-ce qu’en raison de l’imbrication très forte des économies. Mais le traité de Maastricht, les statuts de la BCE ne favorisent pas l’expression de cette solidarité, loin s'en faut, et la crise perdurant le chacun pour soi redevient une tentation. Le refus réitéré d’un emprunt européen en est une des illustrations. L’euro pourrait perdurer mais en s’allégeant des pays les plus faibles.

Ce serait économiquement une folie certes, mais les peuples et leurs dirigeants se sont t-ils toujours conduits uniquement en fonction de la raison dans l'histoire ? L'urgence serait de réduire la dépendance des Etats vis-à-vis des marchés en réduisant fortement le poids de la dette négociable sur les marchés comme cela était encore le cas il y a 15-20 ans avant la marchéisation généralisée de la finance.

Il est urgent de favoriser : - le placement direct dans chaque pays de bons du Trésor négociables ou non, d’obligations auprès des ménages ; ménages européens qui, comme le Japon un fort taux d’épargne. Rome et maintenant Londres en ont vu l’intérêt. La stabilité de leur détention réduirait progressivement la volatilité inhérente à une détention totale par des opérateurs professionnels, largement non résidents de surcroit ; - le respecter d’un plancher de bons du trésor par les banques présentes dans chacun des pays de la zone (en fonction de leurs dépôts) et ce à des taux que la BCE pourrait arrêter ; cet emploi ne serait que la contrepartie du financement que les Etats ont dû faire à leur place depuis 2ans.
Cette mesure aurait sans doute plus de pertinence et d’effet que de vouloir taxer les banques : mimer sur ce point les USA – à supposer qu’on y parvienne – n’est pas forcément le dispositif le plus astucieux par rapport à nos problèmes respectifs. En effet il ne faut pas oublier que la BCE ne peut pas acheter directement de dettes publiques, contrairement aux banques centrales américaine et anglaise.