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mercredi, 7 août 2013

La zone euro doit maintenant apprendre à se passer du FMI

Point de vue de Stéphane  Cossé - Les Echos du 07/08 | 2013

Le recours au FMI pour sauver la zone euro a permis aux Etats européens de détourner en partie l'impopularité des mesures et de disposer d'un outil financier éprouvé. Maintenant qu'ils ont leurs propres mécanismes, ils peuvent s'en passer.


mon commentaire :

Alors que la zone euro n'arrive pas actuellement à mobiliser à temps 50 à 60 Mds d'euros, elle se priverait ainsi volontairement des possibilités financières tout à fait exceptionnelles du FMI en cas de crise ! En effet, en novembre 2011 les pays du G 20 se sont engagés à donner à l'avenir au FMI toutes les ressources nécessaires pour lui permettre de faire face aux crises financières les plus graves.

Qu'on se rappelle les sommes mobilisées en 2007 et 2008 par les Etats, les banques centrales. Demain, les montants impliqués dans une crise mondiale seront plus importants encore mais cette fois avec des Etats exsangues des banques centrales saturées de risques qui ne pourront plus intervenir de façon suffisante. Et toute la solidarité européenne affichée n’y suffira pas ! Il faudra donc faire appel en urgence au FMI armé pour cela.
Tout le monde le ferait sauf la zone euro ?

Voir mon article « l’Europe veut se passer du FMI. On croit rêver. » Le Cercle - Les Echos du 21-07-2013

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Commentaire repris dans presseurop.eu avec un ajout- indiqué en italique-  rendu possible par l'absence de la contrainte des 1000 signes dans Le Cercle-Les Echos.


MichelCastel  08.08.2013 |

Alors que la zone euro n'arrive pas actuellement à mobiliser à temps 50 à 60 Mds d'euros, elle se priverait ainsi volontairement des possibilités financières tout à fait exceptionnelles du FMI en cas de crise ! En effet, en novembre 2011 les pays du G 20 se sont engagés à donner à l'avenir au FMI toutes les ressources nécessaires pour lui permettre de faire face aux crises financières les plus graves. Dommage que l'auteur ne mentionne pas ce fait qui ne limite pas les interventions du FMI aux seuls problèmes de balance des paiements comme il est écrit.

Pour ce qui concerne les crises financières systémiques, qu'on se rappelle les sommes mobilisées en 2007 et 2008 par les Etats, les banques centrales. Demain, les montants impliqués dans une nouvelle crise mondiale seront plus importants encore mais cette fois avec des Etats exsangues des banques centrales saturées de risques qui ne pourront plus intervenir de façon suffisante. Et toute la solidarité européenne affichée n’y suffira pas ! Il faudra donc faire appel en urgence au FMI armé pour cela.

Tout le monde le ferait sauf la zone euro ?

Pour une analyse plus fouillée; voir mon article « l’Europe veut se passer du FMI. On croit rêver. »Le Cercle - Les Echos du 21-07-2013

dimanche, 21 juillet 2013

L'Europe veut se passer du FMI. On croit rêver !

Le Cercle - Les Echos du 21-07-2013

L'Europe évoque une sortie du FMI de la troïka au chevet des pays en difficulté. Pourtant ce choix est un enjeu majeur. En cas de crise financière grave il faut pouvoir mobiliser toutes les forces financières possibles. Se priver du soutien du FMI alors que les autre grands pays le pourront est proche du suicide. Et tant pis si quelques fois ses critiques agacent !


Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, Président de l'Eurogroupe, ont évoqué il  a quelques jours le possible retrait du FMI des plans de sauvetage des pays en crise de la zone euro. Le 17 juillet, à son tour, la  Vice-présidente de la Commission Européenne, Viviane Reding, a déclaré  que  "la Troïka devait être abolie ».
Aujourd'hui la Commission, l'Allemagne et le Président de l'Eurogroupe parlent (ce dernier parle t-il en son nom propre ou au nom de tous et si oui après quels débats ?). La France  se tait. Personne ne dit rien. A notre connaissance pas un homme politique non allemand, pas un universitaire de renom pour s'insurger contre cette orientation, ou à tout le moins pour s'interroger !! Seul l'institut Bruegel s'est exprimé dans le sens d'un quasi effacement du FMI dans le traitement des crises européennes avec retrait de la Troïka en cas de désaccord.
Il est vrai que le FMI - en bon disciple des Chicago boys-  s'est fait tellement d'ennemis pour ses traitements à la hache pendant des décennies qu'il se trouve bien peu de personnes pour risquer de dire que son exclusion de plans de sauvetage de pays de la zone euro en difficulté  serait très regrettable. Et cela le sera encore plus quand le problème pourra toucher non plus un ou quelques pays mais la zone euro toute entière. Nous ne fûmes pas loin de cette situation pendant l'été 2012 quand  la signature de l'Allemagne  a commencé à être discutée; un répit n' ayant été donné acquis que par les propos de Mario Draghi en septembre disant qu'il ferait tout pour défendre l'euro et d'ajouter,  le 4 juillet dernier, que la BCE maintiendrait des taux d'intérêt bas pendant une période prolongée.
Pourtant envisager au plus haut niveau la possibilité d'exclure le FMI des plans de sauvetages à l'avenir mérite une sérieuse réflexion et devrait susciter de réels débats .
Cette volonté de sortir le FMI des plans actuels ne peut que signifier que l'Europe ne fera plus appel à lui. Bien. Très bien. Alors que cette même Europe n'arrive pas à mobiliser  à temps 50 à 60 Mds d'euros, elle se priverait ainsi volontairement des possibilités financières tout à exceptionnelles du FMI en cas de crise.
En effet, dès 1995 un fonds d'urgence de 50 Mds $ est créé pour faire face aux crises financières internationales. Ses ressources seront augmentées de 500 Mds $ pour être portées à 750 Mds s en 2009, après le G20 d'avril à Londres, dans le cadre d'une enveloppe totale de 1100 Mds $ destinés à restaurer la croissance, les échanges et l'emploi à l'échelle mondiale. Plus encore,  les 3 et 4 novembre 2011 les pays du G 20 se sont engagés à donner à l'avenir au FMI toutes les ressources nécessaires pour lui permettre de faire face aux crises financières les plus graves.
Le retrait du FMI envisagé le serait parce que l'Europe n'a pas du tout apprécié les critiques récentes  formulées par le FMI sur le premier plan d'aide à la Grèce de mai 2010 le considérant trop optimiste et trop sévère. Elle envisage de se passer de ses concours dès maintenant et d’abolir la troïka. Cela laisse entendre qu'elle ne fera plus appel au FMI car il faut se souvenir que le FMI n'intervient dans un pays ou une zone sans leur demande expresse.
D’autres griefs existeraient. L'institut  Bruegel mentionne les récriminations actuelles de pays d'Amérique latine et d'Asie disant que le Fonds  est moins sévère pour l'Europe qu'il ne l'a été pour eux dans les années 80 et 90 et que les sommes en cause sont très importantes (60 Mds pour la Grèce) et mettent le Fond en risques. Depuis quelques années le FMI a reconnu ses erreurs vis à vis d'eux et gageons que la plupart de ces pays  y feront appel en cas de choc majeur pour des  causes qui leur seraient propres ou par suite à un choc systémique mondial.  Choc qui ne manquera pas d'arriver  avec une finance négociable  mondialisée qui représente  2 à 3 fois le PIB mondial  et dispose d'instruments de levier ( les dérivés)   qui nécessite de mobiliser une puissance de feu presque inimaginable pour essayer d'en arrêter les effets de panique . Qu'on se rappelle les sommes mobilisées l'été 2007 et l'automne 2008 par les Etats, les banques centrales (mais pas le FMI à ce moment là).  Demain, les montants impliqués dans une crise mondiale seront plus importants encore mais cette fois avec des Etats exsangues financièrement et les banques centrales saturées de risques ne pourront plus intervenir de façon suffisante. Il faudra donc faire intervenir le FMI.
Tout le monde le ferait sauf la zone euro voire toute l'Union Européenne, on ne sait trop ?
Si l'Europe avait les moyens financiers pour se passer du FMI et encore plus si, ayant les moyens, elle était capable d'agir en temps réel et de façon totalement unanime, elle pourrait avoir cette envie de traiter par elle-même ses problèmes. On pourrait le comprendre. Mais on en est très loin tant sur le plan des actions budgétaires que des plans de sauvetage des banques en difficulté susceptibles d'être montés de façon crédible sans faire appel aux états. Si on l'est un jour, compte tenu des différents calendriers, des contraintes politiques, juridiques et institutionnelles cela ne sera pas acquis avant une décennie. Et dans ce cas, on serait, au mieux, dans la situation d'un état fédéral proche des Etats-Unis aux  différences essentielles près qu'elle n'en aurait  pas pour autant  le poids diplomatique ni la disposition d'une monnaie, l'euro, qui serait  une monnaie mondiale acceptée sans limite par les non résidents comme l'est le dollar.
Plutôt que de faire les fiers à bras, ne faudrait-il pas réfléchir et travailler avec le FMI, le Conseil de stabilité financière et finalement proposer des réformes dans les modalités d'intervention du FMI conjointement à celle des Etats et des banques centrales dans le cadre d'un prochain G20?
Je  ferai ici une proposition. Le projet de directive «  Redressement et résolution des défaillances des établissements de crédit »   ne sera pas  avant très longtemps, s’il l’est un jour,  en état de faire face à la défaillance des plus grandes banques européennes. Surtout quand  celle-ci  aura pour origine un choc majeur sur une ou plusieurs des trente des plus grandes banques mondiales (listées par le Comité de stabilité financière) pour des risques pris en Europe mais surtout  hors de l'Europe, sans parler des sinistres des plus gros des hedge funds.

Après avoir imposé des pertes aux actionnaires et aux créanciers des banques en souffrance prévu par la directive résolution , il  faudrait  instituer un partage du sinistre résiduel entre le pays d’origine (celui du siège social)  et l’international  pour couvrir la partie des besoins de fonds propres et de refinancements nés des risques pris sur les marchés de capitaux et dans les  pays extra-européns.  Ce partage devrait se faire selon une pondération multi-critères (parts des risques résidents/ non-résidents, poids des marchés dans les risques et le produit net bancaire, sources des résultats, composition de l’actionnariat…) à définir notamment par un Fonds International d’Intervention  (F2 I), de nature prudentielle à créer.

Ce fonds  serait fortement doté par une taxe internationale sur les transactions financières proportionnelle aux risques et à l’utilité desdites transactions comme préconisée par  la France, l’Allemagne et la Commission Européenne. Vu son assiette, elle toucherait toutes les banques mais beaucoup plus les banques systémiques que les autres
A leur démarrage, ces Fonds, européen et mondial, pourraient  être préfinancés par le FMI pour compléter leurs ressources pendant leur montée en puissance. Ils interviendraient pour leur part respective systématiquement en liaison étroite avec le FMI, la BRI, et le Comité de stabilité financière pour décider ou non d’une intervention ainsi que du traitement qui serait fait aux actionnaires et autres créanciers et au partage entre les deux fonds précités. Le  FMI serait  ainsi associé techniquement et financièrement à ces opérations de sauvetage, via les fonds, au lieu de prêter aux pays des sièges sociaux qui aident à leur tour au sauvetage des banques …mais en ayant de ce fait aggravé leur propre endettement.
Pour la zone euro c'est vital si on ne veut pas qu’un pays ne se retrouve un jour dans la situation de l’Islande, de l’Irlande ou de l’Espagne,  malgré la mise en place du dispositif de  résolution des défaillances en cours d'examen.  Que diraient, par exemple, demain les Anglais s’il leur  fallait sauver HSBC  du fait que son siège social est chez eux alors que son cœur de métier est de plus en plus en Asie ? Idem pour les Allemands avec la Deutsche Bank  qui, il y a quelques années, se sentant de moins en moins allemande par son activité sur les marchés, menaçait de déplacer son siège social dans un pays étranger si on la contraignait un peu trop. Et que pourrait faire l'Europe devant de tels mastodontes ... alors qu'il serait bien surprenant que plusieurs autres banques grandes européennes – mais aussi quelques banques plus régionales - soient totalement exemptes des risques qui auraient causé la défaillance d'un HSBC ou d’une Deutsche Bank  et ne doivent pas également faire appel au fonds européen et plus, c’est-à-dire  aux contribuables.  (cf. « Qui devra payer pour les banques systémiques ? » Le Cercle- Les Echos - le 22/09/2011)

Avant de remercier le FMI comme il est envisagé il serait peut-être bon que l’Europe  se pose quelques vraies questions. Et tant pis si quelques fois les critiques du FMI agacent ! Il faut savoir passer outre.

 

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jeudi, 27 septembre 2012

Le FMI craint de nouvelles dérives de la part des banques

L'Echo  du 25/09/2012 par Jean Paul Bombaerts

Dans son rapport sur la stabilité financière publié ce mardi, le Fonds monétaire international dénonce la volonté de certaines banques de contourner les régulations qui leur ont été imposées. 

mon commentaire :

En raison de taux proches de zéro, "les profits que les banques tirent d’activités traditionnelles (principalement les prêts,) devraient rester faibles pour une longue période", souligne le Fonds. En réaction, les banques pourraient se tourner vers le type d’activités "plus rémunératrices" et plus risquées. Pour éviter cela il faut que la BCE initie une sélectivité dans ses refinancements pour que les banques retrouvent l'envie de prêter alors que la crise, les taux très bas et l'instauration de Bâle III pèsent fortement sur l'offre de crédit. Pour cela il faut les aider à accompagner des projets dans les domaines liés à la transition énergétique et écologique. De tels projets, il y en a mais il manque des perspectives européennes claires et durables en la matière, comme manquent la confiance dans les politiques engagées et très souvent aussi le crédit tout particulièrement pour les PME.

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MichelCastel à 12:07 - 27 septembre 2012

suite. Pour faciliter ce dernier, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a le pouvoir - art. 18 et 20 des statuts de la BCE- d'instaurer une préférence pour le refinancement de crédits correspondant à ces crédits et cela sans avoir à changer les statuts de la BCE et rentrer dans des guerres théologiques avec la Bundesbank et l'Allemagne ! Ce que la France, et sans doute d'autres pays, a fait avec succès pour le crédit à l'exportation pendant les "trente glorieuses - via le refinancement privilégié de ces crédits auprès de la Banque de France-, la BCE doit le faire pour les économies d'énergies, les énergies renouvelables et la dépollution notamment. cf. " La quote-part souhaitable de la BCE dans le pacte de croissance" - Le Cercle- Les Echos du 26/04/2012

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En raison de taux proches de zéro, "les profits que les banques tirent d’activités traditionnelles (principalement les prêts,) devraient rester faibles pour une longue période", souligne le Fonds. En réaction, les banques pourraient se tourner vers le type d’activités "plus rémunératrices" et plus risquées.

Pour éviter cela il faut que la BCE initie une sélectivité dans ses refinancements pour que les banques retrouvent l'envie de prêter alors que la crise, les taux très bas et l'instauration de Bâle III pèsent fortement sur l'offre de crédit. Pour cela il faut les aider à accompagner des projets dans les domaines liés à la transition énergétique et écologique. De tels projets, il y en a mais il manque des perspectives européennes claires et durables en la matière, comme manquent la confiance dans les politiques engagées et très souvent aussi le crédit tout particulièrement pour les PME.

Pour faciliter ce dernier, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a le pouvoir - art. 18 et 20 des statuts de la BCE- d'instaurer une préférence pour le refinancement de crédits correspondant à ces crédits et cela sans avoir à changer les statuts de la BCE et rentrer dans des guerres théologiques avec la Bundesbank et l'Allemagne !

Ce que la France, et sans doute d'autres pays, a fait avec succès pour le crédit à l'exportation pendant les "trente glorieuses - via le refinancement privilégié de ces crédits auprès de la Banque de France-, la BCE doit le faire pour les économies d'énergies, les énergies renouvelables et la dépollution notamment.

cf. " La quote-part souhaitable de la BCE dans le pacte de croissance" -
Le Cercle- Les Echos du 26/04/2012

   

En raison de taux proches de zéro, "les profits que les banques tirent d’activités traditionnelles (principalement les prêts,) devraient rester faibles pour une longue période", souligne le Fonds. En réaction, les banques pourraient se tourner vers le type d’activités "plus rémunératrices" et plus risquées. Pour éviter cela il faut que la BCE initie une sélectivité dans ses refinancements pour que les banques retrouvent l'envie de prêter alors que la crise, les taux très bas et l'instauration de Bâle III pèsent fortement sur l'offre de crédit. Pour cela il faut les aider à accompagner des projets dans les domaines liés à la transition énergétique et écologique. De tels projets, il y en a mais il manque des perspectives européennes claires et durables en la matière, comme manquent la confiance dans les politiques engagées et très souvent aussi le crédit tout particulièrement pour les PME.

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MichelCastel à 12:07 - 27 septembre 2012

suite. Pour faciliter ce dernier, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a le pouvoir - art. 18 et 20 des statuts de la BCE- d'instaurer une préférence pour le refinancement de crédits correspondant à ces crédits et cela sans avoir à changer les statuts de la BCE et rentrer dans des guerres théologiques avec la Bundesbank et l'Allemagne ! Ce que la France, et sans doute d'autres pays, a fait avec succès pour le crédit à l'exportation pendant les "trente glorieuses - via le refinancement privilégié de ces crédits auprès de la Banque de France-, la BCE doit le faire pour les économies d'énergies, les énergies renouvelables et la dépollution notamment. cf. " La quote-part souhaitable de la BCE dans le pacte de croissance" - Le Cercle- Les Echos du 26/04/2012

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jeudi, 22 septembre 2011

Qui devra payer pour les banques systémiques ?

Le Cercle- Les Echos - le 22/09/2011

Résumé :

La trentaine de banques systémiques n’est pas à l’abri de défaillances. Or depuis la chute de Lehman Brothers il est admis que leur sauvetage est quasiment incontournable. Mais ce ne peut plus être le fait de l’Etat du pays du siège seul. Un Fonds International d’Intervention est à créer.Son fonctionnement ne doit pas pour autant augmenter l'aléa moral.


                                                                                              *

Les banques sont mortelles donc les grandes banques dites systémiques (too big to fail ») le sont aussi. Elles ne peuvent échapper à cette loi que parce que leur défaillance entraînerait la chute de beaucoup d’autres et perturberait gravement l’épargne mondiale et le financement des économies; le cas le Lehman Brothers ne l’a que trop illustré.

Que ce soit pour de bonnes raisons ou simplement à la suite de rumeurs et/ou d'emballements de marchés, quand la confiance vis à vis d'une banque et surtout d'une très grande banque n’est plus là, ce n'est pas 1 ou 2,5 % de fonds propres de plus qui changeront la donne. Pas plus que les testaments qui leur seront demandés pour faciliter leur éventuel éclatement ni que la filialisation des activités de marché prônée récemment par la Commission Vickers au Royaume-Uni.

Le récent renforcement des mesures prudentielles en cours de mise en place, bien que souhaitable, n’empêchera pas la survenance de sinistres bancaires en cas de crise majeure, y compris parmi les groupes les plus prestigieux et/ou paraissant les plus solides. Une alerte sur des résultats combinée ou non à un accident majeur sur un marché ou sur des risques juridiques,  des stress tests médiocres en période très chahutée, une rumeur, et malgré tous les fonds propres du monde,  rien n’empêchera la perte de confiance des concurrents, des analystes, des clients et des actionnaires…

Et, en l’état actuel du cadre institutionnel mondial, les Etats pourront se retrouvent obligés de renflouer de méga établissements, une trentaine de par le monde, encore plus gros qu’avant l’éclatement de la crise de 2007. Or depuis une décennie ces méga-groupes bancaires se sont très fortement engagés sur des risques de marché et à l’étranger. Leurs activités, leurs  risques et leurs résultats ne sont plus majoritairement nationaux. De plus, leur capital est souvent détenu à près de la moitié ou davantage par des non-résidents. Dernièrement les plus grands d’entre eux développent en outre une stratégie de  renforcement considérable de leurs effectifs vers les grands pays émergents en diminuant presque aussi fortement leurs effectifs dans leur pays d’origine où est généralement leur siège social.

Ces données structurelles associées au fait que les pays occidentaux où ils ont leur siège social sont dans une situation de quasi sur endettement font qu’il n’est raisonnablement plus possible de demander aux contribuables de ces pays de supporter la totalité de leur renflouement. Aucun Etat ou presque n’est raisonnablement apte et pour longtemps à sauver une ou deux très grande banques. De plus, cette fois les opinions publiques pourraient s'y opposer, d'autant plus que la source essentielle des problèmes en seront souvent les marchés et les activités réalisées avec l'étranger.

Dès lors, il faut reconsidérer les conditions du (nécessaire) sauvetage de la (des) banque(s) systémique(s) en perdition par le seul pays du siège social.

Il  faudrait  instituer un partage du fardeau entre le pays d’origine et l’international  pour couvrir la partie des besoins nés des risques pris sur les marchés et dans d’autres pays.  Il devrait se faire selon une pondération multi-critères (parts des risques résidents/ non-résidents, poids des marchés dans les risques et le produit net bancaire, sources des résultats, composition de l’actionnariat…) à définir par un Fonds International d’’Intervention  (F2I),  de nature prudentielle à créer.

Ce fonds  serait fortement doté par une taxe internationale sur les transactions financières proportionnelle aux risques et à l’utilité desdites transactions comme le préconisent la France, l’Allemagne et maintenant la Commission Européenne. Vu son assiette elle toucherait toutes les banques mais beaucoup plus les banques systémiques que les autres. Et ces dernières, bien que hors de ce dispositif de sauvetage,  en profiteraient quand même indirectement  en réduisant leurs risques de contrepartie qu’elles ont nécessairement sur ces méga-banques.

A son démarrage ce Fonds pourrait  être préfinancé par le FMI pour compléter ses ressources. Il interviendrait systématiquement en liaison étroite avec le FMI, la BRI, et le Comité de stabilité financière pour décider ou non d’une intervention ainsi que du traitement qui serait fait aux actionnaires. FMI qui serait  aussi associé financièrement à ces opérations de sauvetage au lieu de le voir  prêter  aux pays concernés par ces défaillances et qui de se fait aggravent d'autant leur propre endettement… et leurs risques. Pour la zone euro c'est vital si on ne veut pas qu’un pays se retrouve un jour dans la situation de l’Islande, voire de l’Irlande d’avoir encore à aggraver des plans d’austérité pour renflouer des banques dites nationales mais dont l’activité est devenue très largement multinationale.  Et que diraient demain les Anglais s’il leur  fallait sauver HSBC qui a de plus en plus son cœur de métier en Asie mais encore, pour le moment, son siège social à Londres ?

Certes  ce renflouement quasi assuré peut entraîner un aléa moral de la part des banques systémiques. Ce serait oublier qu’il  devrait être nécessairement assorti de mesures drastiques concernant les dirigeants et les  actionnaires investisseurs institutionnels et hedge funds qui n'auraient pas répondu aux demandes d'augmentation de capital pressantes formulées par les autorités bancaires tel que le code monétaire français le prévoit dans son article L 511-42 «  Lorsqu'il apparaît que la situation d'un établissement de crédit le justifie, le gouverneur de la Banque de France, président de l'Autorité de contrôle prudentiel, invite, après avoir, sauf en cas d'urgence, pris l'avis de l'Autorité de contrôle prudentiel, les actionnaires ou les sociétaires de cet établissement à fournir à celui-ci le soutien qui lui est nécessaire ».

Il appartient aux autorités internationales mentionnées de dessiner les principes qui présideraient au traitement des actionnaires institutionnels récalcitrants: degré de dilution des doits de vote, privation future de dividendes de leurs titres, attribution par contre de droit de vote double pour les titres des souscripteurs…  autant de paramètres sur lesquels ils pourraient jouer.
Appliqué jusqu’à présent seulement aux petits établissements, ce texte mériterait  d’être activé pour les moyennes mais aussi les très grandes banques dans la cadre élargi du G20. L’inaction éventuellement constatée après cette « invitation » pourrait déclencher le processus de sanction précédemment énoncé.

En effet, le devoir d’actionnaire ne s’arrête pas, contrairement à la vulgate,  à la mise initiale de fonds. Participer à une augmentation de capital pour passer une forte tourmente (et non pour faire de l’acharnement thérapeutique) a été un principe souvent appliqué dans tout l’histoire de la vie des affaires  et ce souvent pour le  plus grand bien à moyen terme de l’entreprise et de ses actionnaires.

Il n’y a plus, avant longtemps, d’actionnaires en dernier ressort pour des groupes aux risques devenus incommensurables. La question de leur sauvetage éventuel est cruciale, complexe, très sensible vis-à-vis des souverainetés nationales et très difficile à mettre sur pied... surtout en pleine crise. Raison de plus pour que ce soit le plus tôt possible un nouveau chantier pour les prochains G20.

On trouvera une analyse assez semblable dans un article du groupe Diogène :
"Il est encore temps d'éviter un nouveau Lehman Brothers",paru le 7 septembre 2011sur Slate.fr :

http://www.slate.fr/story/43267/nouveau-lehman-brother-eviter

jeudi, 8 septembre 2011

Qui devra payer pour les banques systémiques défaillantes ?

Cet article est une contribution réalisée dans le cadre du groupe Diogène que l'on retrouve sur le site Slate.fr sous le titre :

"Il est encore temps d'éviter un nouveau Lehman Brothers" et paru le 7 septembre 2011
que l'on peut trouver par le lien

http://www.slate.fr/story/43267/nouveau-lehman-brother-eviter

Résumé 

Une trentaine de banques internationales présentent un risque systémique. Dans la plupart des cas leur importance est telle qu'elle dépasse les moyens d'interventions des Etats où elles ont leur siège social, surtout depuis la persistance et l"approfondissement de la crise en cours. Or elles nécessitent la plupart du temps un sauvetage sauf à ne pas en pouvoir maitriser les effets de contagion. Une des solutions pour supporter le coût d'un éventuel sauvetage serait de créer un fond international d’intervention fortement doté par une taxation des transactions financières pour partager le fardeau du sauvetage avec le pays du siège social.


en savoir plus sur Diogène :

http://www.slate.fr/source/diogene

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