A quand la dégradation généralisée des signatures de presque
tous les pays de l'OCDE (Allemagne, Canada, Australie, Corée exceptés) ?
A quand l’implosion de l’euro et une crise aussi grave que celle des
années 30 ? On oserait presque dire tout cela seulement parce que les
dettes publiques s’envolent partout, et à ce titre la zone euro inquiète
tout particulièrement, et ce suite à 3 ans de crise majeure partout
sauf en Chine et dans quelques pays émergents. Pourtant il faudrait se
rappeler quelques données de base.
Se focaliser uniquement sur les dettes publiques, c’est
oublier ce qui compte vraiment pour mesurer l’endettement d’un pays, à
savoir le total de l'endettement de l'ensemble des agents économiques
de ce pays et son évolution... alors qu’
observateurs, analystes, et marchés se focalisent presque uniquement
sur la dette publique ; la dette brute de surcroît ! C'est aussi
le fait de disposer ou non d'assez d'épargne nationale pour
couvrir l'ensemble de ces besoins ne pas trop dépendre des capitaux
étrangers. De ce point de vue des pays comme le Japon et la France se
tiennent encore bien avec une épargne nationale abondante. On ne peut
pas en dire autant des Etats-Unis ni du Royaume-Uni notamment.
Quelques chiffres donc d’endettement intérieur total pour quelques
pays : à mi 2009, la dette totale du Japon était de 345% du PIB (!),
celle du Royaume-Uni de 242%, celle des Etats-Unis de 234%, alors que
celle de la France était de 192%, juste
derrière l'Allemagne qui était à …190%. Sur la période juin
2008/ juin 2009 suite à la crise, la dérive de l'endettement total a
été de 11% du PIB pour l'Allemagne, de 13 % pour les Etats-Unis, de 17%
pour la France et le Royaume-Uni, de 21% pour le Japon.Entre juin 2008 et juin 2009 ( les chiffres à fin 2009 ne sont pas
publiés) dans la zone euro l'endettement total de tous les agents est
passé de 197,5 % du PIB à 214,4 % soit un alourdissement de 16, 9
points dont 10,1 points au titre des dettes publiques.
Au total les écarts se
creusent, mais restent dans le domaine du gérable si des politiques
responsables et coopératives sont engagées.
Au-delà de ces chiffres actuels, il est également important de
rappeler qu’il y a 15 ans l’endettement total d’aucun pays ne dépassait
150% du PIB, et était de l’ordre de 100% pour la France et l’Allemagne.
Qui s'est inquiété de cette dérive majeure au cours de cette période ?
Les analystes, les agences ? Les marchés ? Les politiques ? Les
régulateurs ? Le FMI ? Qui plus est, ces dettes sont devenues de plus en
plus négociables sur les marchés avec des effets de levier se
généralisant et aggravant ainsi la volatilité et les risques de
contreparties ; le tout dans une déresponsabilisation largement
applaudie si ce n’est orchestrée.
C’est ainsi que les dettes publiques sont presque toutes entièrement
négociées sur les marchés, alors qu’à peine la moitié l’était dans la
plupart des pays il y a 15-20 ans. Il est plus qu’urgent de ne pas
oublier ces deux données :
- avoir une vision globale des endettements qui relativise sans le
nier le poids des dettes publiques;
- ne pas oublier qu’on ne peut pas inverser en 2 ou 3 ans 15 ans
d’évolutions des endettements aussi majeures et aussi contraires à ce
que tous les pays sont aujourd’hui obligés d’engager.
- Il faudra faire du désendettement (mais jusqu’où ? les réflexions et
travaux manquent cruellement en la matière). Mais il faut le faire en
donnant du temps au temps, en stimulant les moyens d’une croissance
durable pour en faciliter la réalisation. Dans l’attente, il faut
desserrer les contraintes financières pour les dettes publiques de la
zone euro.
- Au-delà des décisions européennes du week-end et en limitant au
maximum les achats directs de ces dettes par la BCE pour ne pas nuire à
la crédibilité de l’euro, il faudrait stabiliser les
portefeuilles de titres publics européens détenus par les acteurs
financiers européens (on ne peut rien pour les
non-résidents) pour que les 750 milliards ne s’avèrent pas insuffisants
dans les 3 ans à venir pour les pays de la zone euro (mais aussi
possiblement pour le Royaume-Uni qui bien que n’ayant pas participé et
n’étant pas dans la zone euro ne devrait pas être laissé à lui-même si
on veut que l’Union Européenne n’apparaisse pas comme morte aux yeux de
l’étranger). Il faudrait aussi relancer l’émission de bons du
Trésor et d’obligations directement auprès des ménages européens dont
l’épargne est globalement très abondante, Voire si leur
confiance est en partie érodée comme en Grèce, passer par un emprunt
obligatoire. On a bien eu un impôt sécheresse… les enjeux sont d’une
tout autre ampleur et les inconvénients politiques qu’il représenterait
ne doit pas faire flancher les gouvernements.