Les obligations indexées sur l’inflation : une bombe cachée ?
Par Michel Castel le vendredi, 11 octobre 2013, 16:56 - Réactions à des articles de presse - Lien permanent
Le Cercle - Les Echos - le 11/10/ 2013 - article de Didier Marteau
Représentant près de 25 % de la dette obligataire d’État en Grande-Bretagne, et près de 15 % en Europe, les obligations indexées sur l’inflation occupent désormais une place non marginale dans la structure de financement des États. Le moment est donc venu de s’interroger, avant qu’il ne soit trop tard, sur les conséquences macroéconomiques du développement de ce marché.
mon commentaire :
L’auteur a raison de signaler ce risque presque jamais évoqué. On sait pourtant qu’il faut un peu d’inflation pour réduire un peu et en douceur le poids de l’endettement total - public et privé- qui a doublé ou triplé en 15 ans selon les pays dans tout l’OCDE. Même le FMI et les banques centrales l’admettent – le premier qui voit son chef économiste préconiser jusqu'à 4% - et les secondes avoir 2% comme objectif au maximum. L’indexation des obligations est le contraire de ce qu’il faut encourager. D’ailleurs il est surprenant de le faire ou de laisser faire pour l’épargne alors que depuis le début des années 80 partout on a tout fait pour désindexer les salaires - et la Belgique qui résiste encore se fait tancer par l’Europe.
Quand on a tout indexé on « est mal ». Qu’on se rappelle le Brésil qui avait tout indexé dans les années 60 - y compris ses obligations à partir de 1964- au moment de l’hyper-inflation au tournant des années 70. Qu'on se rappelle, heureusement dans une situation bien moins dramatique, la France et les mesures prises à partir de 1958 par le Gl de Gaulle, sur les conseils de Jacques Rueff, pour supprimer presque toutes les indexations.
Commentaires
Intéressant article qui met en exergue une bombe à retardement dont on parle peu
Stresser un retour de forte inflation dans le futur n'est pas qu'un exercice théorique.
D’ailleurs un tel scenario constitue plus un scénario réaliste et central qu’un scénario de stress pour les années futures compte tenu de la monétisation des dettes publiques qui finira tôt ou tard par être inflationniste (avec une transmission de la forte croissance de la base monétaire des banques centrales à la croissance de la masse monétaire)
De ce fait les obligations indéxées sur l'inflation sont surtout perverses pour l'investisseur
Il faut, en effet, s’attendre à un traitement spécifique de la dette indexée inflation car dans une configuration d’endettement de plus en plus insoutenable couplée à une forte inflation, c’est sur cette dette que l’état français ferait défaut en premier lieu. Le comble, c’est que souvent l’on recommande aux investisseurs d’accroître leur exposition aux obligations indexées pour se couvrir contre l’inflation future. Mais il faudrait dans le même temps leur recommander de se se méfier des obligations indexées inflation émises par des entités budgétairement fragiles.
En effet, ces obligations seraient logiquement les premières répudiées en cas de forte inflation et donc de charges d’intérêt insupportables pour l’émetteur (l’investisseur est donc protégé sur ce type d’obligation du point de vue de la valeur de marché mais paradoxalement s’expose plus facilement à un défaut de l’émetteur de titres indexés)
Mory Doré
Lorsqu'il s'agit d'une dette externe il y a mécaniquement une décorrélation entre le l'indexation et la situation du commerce extérieur et par conséquent les risques mentionné sont maximaux. Lorsqu'il s'agit de résidents la dette indexée a pour effet de préserver l'épargne et peut de ce fait servir de support aux revenus des retraites, ce qui se fait normalement par le déficit budgétaire.
Intrinsèquement le risque budgétaire, qui est atténué par l'inflation est plus important globalement mais l'utilisation des fonds et la façon dont l'indexation est proposée a une importance majeure