PROGRÈS ET LIMITES DANS LA GESTION DES RISQUES FINANCIERS
Par Michel Castel le mardi, 4 novembre 2014, 14:00 - Articles - Lien permanent
Article publié dans le "Rapport moral sur l'argent dans le monde", édition 2014.
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Résumé:
À la suite de la crise financière commencée en août 2007 et qui s’est considérablement aggravée après la chute de Lehman Brothers le 15 septembre 2008,
dès le 14 novembre, le G20, à Washington, puis le 2 avril 2009 à Londres, a énoncé un vaste plan d’action pour réformer le fonctionnement d’ensemble
du système financier en vue d’en restaurer d’urgence la robustesse.
Le communiqué de Londres ne cachait pas la gravité de la situation.
Il a considéré que les dysfonctionnements du système financier ont été l’une des causes majeures du déclenchement et de l’aggravation
de la crise. Celui de Pittsburgh des 24 et 25 septembre 2009 est encore plus explicite et cinglant : « De graves échecs de la régulation et de la supervision, associés aux risques inconscients et irresponsables pris par les banques et d’autres institutions financières, ont engendré de dangereuses fragilités financières qui ont contribué de manière significative à la crise actuelle. Revenir à la prise de risque excessive qui prévalait dans certains pays avant la crise n’est pas envisageable. »
Plus de 5 ans après ces sommets, où en sommes-nous de la gestion des risques financiers ? Beaucoup de mesures prudentielles et de mécanismes de révision du fonctionnement des marchés ont été décidés et bon nombre d’entre eux sont déjà appliqués ou le seront progressivement entre 2015 et... 2019.
Le présent article en fait une analyse la plus factuelle et objective possible. Il montre qu'on a donc effectivement amélioré le cadre prudentiel de la gestion des risques financiers. Beaucoup de règles prudentielles ont été instituées ou renforcées. Néanmoins sont-elles en mesure de contenir toutes les poussées et dérives financières ? Même en supposant leur application à 100 %, et ce, dans les meilleurs délais et dans tous les pays, celles-ci, telle une nouvelle ligne Maginot, laissent en question d’autres sources de risques majeurs, tous de nature à provoquer des crises systémiques, et ce, d’autant plus que chacune d'elle peut s’additionner à une ou plusieurs autres.
L'auteur en retient quatre qu'il commente :
- 1 - la faiblesse persistante des instruments de politique monétaire,
- 2 - le traitement insuffisant des défaillances des banques systémiques,
- 3 - les chambres de compensation, futur nouveau maillon faible
dans la chaîne des risques, mais surtout
-4 -les conséquences quasi inéluctables de la préférence réaffirmée de la désintermédiation financière.
On peut bien sûr ne pas partager cette analyse. Seul le temps, à cinq-dix ans, permettra de dire si elle était ou non par trop pessimiste.
Commentaires
Dans cet article (pages 186 et 187 de Rapport) j'indiquais que la loi Dodd-Frank du 21 juillet 2010 puis une proposition du Federal Deposit Insurance Corporation de février 2011 énonçaient un dispositif pour encadrer les bonus. Je constatais au début de 2014 ( date de rédaction de cet article) que, a ma connaissance, rien de concret n'en était sorti.
Le 21 avril 2016 un article des Echos est intitulé "Huit ans après la crise, les régulateurs américains veulent encadrer les bonus" Et d'ajouter en sous-titre " les principes d'encadrement définis par le G 20 en 2009 n'ont jamais été appliqués aux Etats-Unis. Barak Obama veut qu'une réglementation soit en place avant la fin de son mandat".
Une fois de plus on voit que très souvent il y a un fossé entre les grandes déclarations, les annonces de mesures et de dispositifs ...et la réalité ! Dans ce domaine les Etats-Unis ne sont pas les moins disant.