Libérons de l'idéologie l'enseignement de la science économique !
Par Michel Castel le jeudi, 27 septembre 2018, 15:01 - Réactions à des articles de presse - Lien permanent
Vendredi dernier, j’ai eu l’honneur d’accueillir au Parlement Européen la rentrée académique de l’Université Libre de Bruxelles, dont l’année 2018-2019 s’inscrira dans la dynamique de l’Europe de la connaissance. Ce fut pour moi l’occasion de remettre en cause la manière dont la science économique est enseignée dans la plupart des facultés et des écoles de commerce, mais aussi à tous les non-spécialistes. En effet, alors qu’elle est démentie presque en tout par le réel, la théorie néo-classique règne hégémoniquement depuis des décennies sur cet enseignement. Cette théorie que j’ose qualifier de pseudo-scientifique fournit la base idéologique au néo-libéralisme, dont les ravages humains et naturels sont à mes yeux l’un des facteurs essentiels de la colère qui s’exprime au fil des élections en Europe.
mon commentaire :
Le discrédit de la pensée et (à juste titre) des réalités communistes du XXème associé au triomphe de la pensée unique d'un libéralisme sans contrainte ni valeurs mettent en péril la plupart des sociétés et même l'avenir de l'humanité.
Phénomène particulièrement perceptible et ressenti comme tel dans les pays qui ont mené depuis l'après-guerre des politiques de type sociales démocrates. Politiques qui malheureusement ont fortement contribué à cette marchéïsation généralisée des économies, sans recul ni vision à très long terme. Quand de plus, et depuis 15-20 ans, ces pays n'ont pas su se réformer pour toujours assurer l'efficience de leurs actions contre la pauvreté et l'inégalité des chances il n'est pas étonnant que les fractures sociales s'aggravent et poussent les peuples à de nouvelles aventures dramatiquement dangereuses.
Libérons les intelligences de tout déterminisme économique et social et de toutes les pensées binaires.
Commentaires
Jean Marie Litardi. (banking consultant and contractor) sur Linkedin
Bonne question !
Je ne peux pas y répondre en quelques lignes. Une proposition toutefois. Il faudrait que s'engage rapidement une réflexion académique et pratique sur ce qu'il ne faut surtout pas faire en matière de finance, d'économie, de commerce international, d'environnement et de social. Il faudrait renouveler ce que le GIEC a été pour la transition énergétique .Ses travaux ont fini par créer un quasi consensus et ont permis une feuille de route qui engage les Etats.
C'est un travail de longue haleine, plein d'obstacles comme tu le dis, mais il finira, espérons-le, par permettre d'éviter le pire.
Si on avait fait cela depuis 30 ans on n'aurait notamment pas eu des multinationales maîtresses du jeu, une mondialisation sans cadre fiscal, sans quelques règles sociales de base, sans considérations environnementales, une déréglementation financière biaisée pour tout marchéîser et faire du shadow banking un risque systémique.
Mais même en espérant que cette réflexion sur ce qu'il ne faut surtout pas faire devienne une réalité puissante il faut être conscient que c'est bien tardif et que les erreurs majeures commises depuis ces dernières décennies sont et resteront à l'oeuvre avec force et pendant longtemps.