Article d'Alain Grandjean sur son Blog en date du 25/10/2018
" L’histoire va–t-elle se répéter et l’Italie vivre la tragédie grecque de l’année 2015, qui a vu un gouvernement démocratiquement élu sur un programme de relance économique être obligé par les institutions européennes à faire l’exact inverse de ce pourquoi il avait été élu ?
Ce scénario ne semble pas exclu après le refus de la Commission européenne d’accepter le budget présenté par le gouvernement italien. Nous allons voir comment la Commission européenne (via l’action de la BCE) tente de faire plier le gouvernement italien au nom d’une discipline budgétaire qui ne se justifie pas économiquement. Seulement, l’Italie, poids lourd européen, n’est pas la Grèce ! Le rapport de force ainsi engagé pourrait mener à une crise européenne majeure tant au niveau économique que politique en faisant le lit de l’extrême..."
Mon commentaire :
Espérons que Commission Européenne et Italie saurons raison garder; les enjeux pour l’avenir de l’Europe et de ses peuples sont trop importants pour jouer au jeu du » perdant-perdant » pour reprendre l’analyse d’ Alain Grandjean.
Dans cette espoir rappelons quelques données factuelles pour prendre du recul par rapport à la fébrilité croissante que connaît cette question.
On regroupera ces données factuelles autour de deux grands thèmes.
I – Le premier thème concernera l’évolution de cette dette publique depuis la création de l’euro. Au moins trois observations peuvent être faites :
a – Historiquement, la forte dette publique de l’Italie n’a pas empêché qu’elle fasse partie des 11 pays fondateurs de l’euro le Ier janvier 1999. Parmi les cinq critères du traité de Maastricht à respecter pour en faire partie il fallait que la dette publique d’un état ne dépasse pas 60% de son PIB. Celle de l’Italie était de 109,7 %; celle de la Belgique était même de 114%, tandis que l’Allemagne était à 60 % et la France à 60,5%. Ce qui montre bien qu’au-delà de critères techniques des considérations politiques supérieures peuvent prévaloir.
b – Cette dette est passée de 109,7 % en 1999 à 102,4 % en 2008 au début de la dernière crise financière. Pendant cette période plusieurs pays de la zone euro (élargie entre temps) ont eux vu leur dette légèrement augmenter.
c – Avec le crise, aggravée par la forte prime de risque demandée à l’Italie par les prêteurs, cette dette a atteint 129 % en 2013. A noter que depuis cette date elle a été assez remarquablement maîtrisée puisqu’elle a oscillé entre 130% et 132 % actuellement.
II – Le second thème vise à rappeler une évidence, la dette publique n’est pas tout l’endettement d’un pays donné ! Ne prendre en considération que la première c’est oublier ce que donne l’endettement intérieur total qui résulte de l’ajout de l’endettement des ménages et des entreprises.
Et à ce titre dans les comparaisons de la zone euro la situation de l’Italie paraît moins périlleuse qu’au vu de la seule dette publique. En effet son endettement des agents non financiers privés est de 107,8 % du PIB en mars 2018, à raison de 41 % pour les ménages et 66,8 % pour les sociétés.
A la même date l’endettement des agents privés (non financiers) était de 127,6 % en Espagne, de 131% en France, avec une moyenne de la zone euro de 119,3 % tirée par le bas par le poids de l’Allemagne qui n’a que 89,6 % d’endettement privé (52,7% pour les ménages mais seulement 36,9 % pour les sociétés).
Ainsi l’endettement intérieur total au début de 2018 était de 241,2 % pour l’Italie à fin mars 2018, de 228,6% pour la France et de 226,4 % pour l’Espagne et de 206,1% pour l’ensemble de la zone euro; chiffre là encore très fortement tirée vers le bas par l’Allemagne avec seulement 152,5%d’endettement total.
Enfin , même si tous ces taux d’endettement sont très élevés, hormis l’Allemagne – pour des raisons connues mais qui mériteraient d’être à nouveau rappelées dans un autre cadre – on ne peut pas non plus raisonner sans inclure quelques autres données de grand pays de l’OCDE puisque le marché des capitaux est sans frontière. Le Royaume-Uni est avec un endettement intérieur total de 242 %, – comme l’Italie !! à cause de la dette de ses ménages- les Etats-Unis à 251,4% et le Japon à …357,2% mais dont les 9 /10èmes de la dette publique ( 201,3 %) est détenue par les japonais.
Sources :Sources de données Eurostat
– https://www.google.fr/publicdata/explore?ds=ds22a34krhq5p_&met_y=gd_pc_gdp&hl=fr&dl=fr#!ctype=l&strail=false&bcs
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et Banque de France – le taux d’endettement desagents non financiers –
comparaisons internationales T 1 – 2018)