Surveiller l'emploi de son épargne par sa banque vers des financements verts est une belle idée, mais très difficilement réalisable. Agissons d'abord pour que la régulation des intermédiaires financiers flèchent leur fonds vers des financements verts. Après les épargnants pourront disposer d'informations décantées et fiables pour éventuellement réagir.
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Dans une chronique des Echos du 6 décembre intitulée " Que font les banques de votre argent? " Jacques Attali pose une bonne question.
En synthèse son article dit que " si on veut que les enjeux du climat soient vraiment pris en compte, il faudrait surveiller de près l'usage que les banques font de notre épargne". Oui, très bien. On ne peut qu'applaudir.
Mais premier point, concrètement, comment voulez-vous que les épargnants puissent évaluer l'emploi de leurs épargne dans l'ensemble des circuits financiers puisque le chaînage est total entre banques, assurances, shadow banking (par les allers et retours incessants entre eux de financements, de couvertures ou de prises de risques....). Toutes ces opérations entre intermédiaires financiers peuvent changer à tout moment l'affectation d'une part considérable des fonds, par exemple en les passant du productif au spéculatif et inversement.
Deuxième point, il a fallu des mois de travaux d'experts pour établir une taxonomie (labellisation) des financements verts versus les bruns en vue de les traiter sur le plan prudentiel par les autorités bancaires. Et le résultat en est tout sauf simple... plus de 67 critères d'éligibilité dans sept grands secteurs sans même parler des désaccords entre Etats membres sur le nucléaire et sur le gaz pour leur classement et se concluant le 5 décembre par un compromis passant par la création de deux catégories intermédiaires pour ne pas tout bloquer... Pour que ces labellisations jouent effectivement dans le dispositif des normes prudentielles à respecter il faut que ces financements restent dans le bilan des banques. En dehors du champ du prudentiel et donc des banques, il faut que cette taxonomie s'applique aussi aux portefeuilles des assurances et autres fonds d'investissements pour qu'elle permette aux analystes, aux agences d'évaluation et aux opérateurs sur les marchés d'évaluer sur des bases objectives la nature verte ou non des produits financiers échangés sur les marchés. De ce point de vue les marchés ont depuis quelques années enrichi leur nomenclature pour fiabiliser les produits négociés et éviter ( à tout le moins réduire) le greewashing.
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Dans une chronique des Echos du 6 décembre intitulée " Que font les banques de votre argent? " Jacques Attali pose une bonne question.
En synthèse son article dit que " si on veut que les enjeux du climat soient vraiment pris en compte, il faudrait surveiller de près l'usage que les banques font de notre épargne". Oui, très bien. On ne peut qu'applaudir.
Mais premier point, concrètement, comment voulez-vous que les épargnants puissent évaluer l'emploi de leurs épargne dans l'ensemble des circuits financiers puisque le chaînage est total entre banques, assurances, shadow banking (par les allers et retours incessants entre eux de financements, de couvertures ou de prises de risques....). Toutes ces opérations entre intermédiaires financiers peuvent changer à tout moment l'affectation d'une part considérable des fonds, par exemple en les passant du productif au spéculatif et inversement.
Deuxième point, il a fallu des mois de travaux d'experts pour établir une taxonomie (labellisation) des financements verts versus les bruns en vue de les traiter sur le plan prudentiel par les autorités bancaires. Et le résultat en est tout sauf simple... plus de 67 critères d'éligibilité dans sept grands secteurs sans même parler des désaccords entre Etats membres sur le nucléaire et sur le gaz pour leur classement et se concluant le 5 décembre par un compromis passant par la création de deux catégories intermédiaires pour ne pas tout bloquer... Pour que ces labellisations jouent effectivement dans le dispositif des normes prudentielles à respecter il faut que ces financements restent dans le bilan des banques. En dehors du champ du prudentiel et donc des banques, il faut que cette taxonomie s'applique aussi aux portefeuilles des assurances et autres fonds d'investissements pour qu'elle permette aux analystes, aux agences d'évaluation et aux opérateurs sur les marchés d'évaluer sur des bases objectives la nature verte ou non des produits financiers échangés sur les marchés. De ce point de vue les marchés ont depuis quelques années enrichi leur nomenclature pour fiabiliser les produits négociés et éviter ( à tout le moins réduire) le greewashing.
Autre point épineux pour l'épargnant souhaitant savoir ce que sa banque fait de son argent : que faire des stocks de crédits énormes actuels qui ne peuvent diminuer que très lentement et qui sont beaucoup plus bruns que verts dans cette appréciation ? On ne peut rayer d'un trait de plume les opérations en cours. Va t-on seulement regarder les financements nouveaux qui resteront longtemps faibles pour évaluer le comportement global de son intermédiaire financier ? Et se poser une question semblable pour savoir parmi de nombreuses banques quelle est celle qui serait la moins discutable ?
Certes notre épargnant peut toujours acheter quelques produits dûment labellisés verts ou respectant un développement durable et social mais cela ne peut pas être l'emploi de toute son épargne y compris celle qui doit être immédiatement (ou presque) disponible.
Au total pour l'épargnant vouloir faire une surveillance attentive et régulière de l'emploi de son épargne serait de un beau casse tête en l'état actuel de la réglementation et des informations disponibles.
Alors aidons d'abord à ce que la régulation change par la pression des agents économiques sur tous les décideurs. Que ceux-ci définissent une architecture robuste et fiable à partir de laquelle les comportements individuels pourront éventuellement changer au vu de rapports, d'annexes détaillées et des prospectus que doivent publier, selon les cas, les émetteurs de dettes et les professionnels de la finance. Alors les choses pourront évoluer rapidement; sinon cela restera au niveau de l'incantatoire.