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mercredi, 25 mars 2020

Pertes d'exploitation des professionnels : créer un fonds par tous les assureurs remboursable par des primes minorées


Publié le 24 mars 2020 dans Le Cercle-Les Echos et sur LinkedIn et  le 3 avril en commentaire dans Vox-Fi à l'article  " Aplanir le choc économique comme on le fait pour la courbe épidémique " de François Meunier 

L'Etat ne pourra pas tout sauf à le mettre dans quelques mois en position très difficile car malmené par les marches financiers (comme le furent la Grèce, l'Italie, l'irlande, le Portugal après la dernière crise financière). Et ce serait au grand détriment de tous. Aussi essayons d'envisager un système plus coopératif, plus solidaire.

                                                                                                * * * 

Madame Florence Lustman, la Présidente de la Fédération Française des Assurances (FFA) a déclaré dans Les Echos du 20 mars:

" S'il fallait couvrir les pertes d'exploitation de tous ceux qui sont aujourd'hui touchés par les effets de la pandémie et surtout les effets des décisions gouvernementales qui ont été prises, ce serait totalement hors de portée des capacités des assureurs. On est dans une crise qui est systémique. Les risques systémiques ne sont pas mutualisables et ne sont pas assurables. On est dans une situation qui nécessite une intervention de l'Etat. Nous, nous pouvons venir en complément ".   


Mais elle  a ajouté une idée importante " Un état de catastrophe sanitaire c'est une idée pour le futur; Il faudrait un mécanisme d'accumulation de primes dans le temps pour éventuellement couvrir les catastrophes sanitaires."  C'est une idée à travailler non pas demain mais maintenant et au plus vite. Elle peut, elle doit être instaurée pour cette crise actuelle sans précédent, capable de générer des risques économique, politiques et sociaux incommensurables dans les années qui viennent.


Aussi j'avance l'idée qu'il est possible de préfinancer dès maintenant un tel mécanisme de primes. Mécanisme capable de couvrir immédiatement au moins partiellement, mais substantiellement, tous les secteurs touchés par la fermeture administrative du 14 mars, avec en contrepartie des prélèvements, des primes, étalées sur disons 3 ou 4 ans (durée à évaluer le plus précisément possible bien sûr) sur les entreprises aidées ou plutôt sur toutes les entreprises desdits secteurs violemment touchées dans leur activité, que ce soit après cette fermeture administrative ou par l'évaporation " spontanée" de leur activité ( le champ à couvrir est un point épineux mais à négocier sans perdre de temps pour ne pas bloquer le projet). Ces prélèvements, ces primes, pourraient être allégées annuellement par une aide significative de l'Etat et réduites par une participation des assureurs non symbolique. variant selon que l'entreprise avait ou non souscrit à une couverture des pertes d'exploitation (cf. "Nous, nous pouvons venir en complément" énoncé ci-dessus).

Il faut vite constituer un tel fonds, sous la forme d'un fonds commun à toute la profession des assureurs, comme les emprunts groupés l'ont fait pendant des décennies jusqu'à une date assez récente. Profitons de ce savoir faire pour les étudier: cela pourra utilement éclairer de la meilleure façon de partager les risques et d'établir les garanties à offrir aux souscripteurs. Ce fonds lèverait sans doute une dizaine de milliards sur les marchés dans un premier temps, voire plus si nécessaire un peu plus tard, en profitant des taux d'intérêts actuels proches de zéro.

En même temps qu'une évaluation des besoins qui pourraient porter sans doute sur deux mois et demi à trois mois de non activité desdits secteurs, il faut mobiliser une task force au plus vite, composée des meilleurs experts et praticiens publics et privés de levées de fonds obligataires sur les marchés internationaux pour parfaire le prospectus et travailler sur la présentation aux investisseurs.

Par un tel dispositif on peut agir immédiatement tout en étalant dans le temps son poids tant pour les entreprises que pour l'Etat. Il profitera à coup sûr de la puissance financière et de la bonne signature des assureurs travaillant en France pour lever ces fonds en profitant, redisons-le, de taux encore très bas. A la fin de l'amortissement de ce dispositif celui-ci pourrait être transformé en dispositif pérenne pour constituer "le mécanisme d'accumulation de primes dans le temps pour éventuellement couvrir les catastrophes sanitaires" énoncé par Madame Lustman. 

l faudrait un accord de principe au plus vite (les modalités étant précisées par la suite) pour redonner confiance et espoir à tous ces professionnels violemment touchés et leur permettre tous d'obtenir leur part des crédits garantis à 90% par l'Etat alors qu'aujourd'hui ceux qui sont mal notées par la Banque de France ou ceux qui ne le sont pas (c'est -à- dire le plus grand nombre) n'en bénéficient qu'au cas par cas (cf. Les Echos du 3 avril).

C'est aussi vital pour la survie de ce qui reste de commerce indépendant en centre ville surtout pour les petites et moyennes villes.  

 

Z


vendredi, 20 mars 2020

Coronavirus : l'inadmissible sous-emploi des cliniques

" Nous avons dix lits armés, avec des respirateurs, des anesthésistes-réanimateurs des infirmières de réanimation.
Ils sont prêts depuis vendredi mais ils sont vides car on ne nous a pas envoyé de malades, ce que je n'explique pas"
Christian Matrat - Directeur Général de la Fondation Saint Vincent à Strasbourg.

Il faut absolument lire cet article des Echos d'où est extrait cette déclaration :

 http://lirelactu.fr/source/les-echos/915b3e3d-998a-4181-864c-3a890670d476  


Par ailleurs l'article du Parisien du 15 juin 2019 faisait pourtant déjà le point sur les capacités d'accueil en urgences des cliniques. Cela ne pouvait pas être ignoré de qui de droit.

http://www.leparisien.fr/economie/urgences-sante-n-hesitez-pas-a-vous-rendre-dans-une-clinique-15-06-2019-8093739.php  

il y est notamment indiqué : (...)
Il y a d'abord le problème du « 15 », ce numéro d'appel unique que les patients contactent en cas de soucis de santé pour être conseillés et renvoyés éventuellement vers un service. « C'est historique : le 15 renvoie presque toujours sur l'hôpital », regrette le président de la FHP.

Pendant ce temps là on a mobilisé un Airbus de l'armée pour transféré 6 malades de Mulhouse vers les hôpitaux militaires de Toulon et de Marseille !!! et des gens meurent .

Tout cela est révulsant  

mercredi, 18 mars 2020

Propositions pour une large diffusion des attestations de déplacement obligatoires



Bon nombre de personnes ne peuvent même pas disposer du formulaire de l'attestation de déplacement, dont notamment toutes celles qui n'ont pas d'ordinateur, pas d'imprimante ou une imprimante dont une ou plusieurs cartouches d'encre sont épuisées (cela arrive...!) et qu'on ne peut pas renouveler dans un court laps de temps !

Pourquoi ne pas demander aux journaux nationaux et régionaux de publier chaque jour ce formulaire dans un encadré sur une page par exemple ? Pour ceux qui ne lisent pas la presse - pour différentes raisons qu'on n'explicitera pas ici - pourquoi ne pas mobiliser toutes les grandes surfaces qui inondent nos boîtes aux lettres pour ajouter 2 ou 3 formulaires dans leur pub? Sur la base du volontariat pour commencer ... Idem pour la Poste qui pourrait mettre un ou deux exemplaires de ce document dans nos boîtes à chaque fois que nous avons un courrier.

Il vaut mieux une redondance - par ailleurs sur support recyclable ! - qu'un manque cruel d'attestations qui nuira au le bon fonctionnement d'une disposition par ailleurs totalement justifiée.  

lundi, 27 janvier 2020

La BCE et la transition énergétique et climatique

Dossier : Les politiques monétaires des banques centrales, , par Michel Castel

publié dans la Revue  Les Possibles éditée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac


Comme il est confortable pour la Banque centrale européenne (BCE) de dire qu’elle a tout fait pour le sauvetage de l’euro et des économies de la zone et qu’il appartient maintenant aux États qui le peuvent de participer à la relance de l’investissement, sans oublier son leitmotiv des nécessaires réformes structurelles. Comme il est également confortable pour de nombreux politiques de dire, depuis peu, qu’on peut mobiliser 1000 Mds € d’investissements publics qui seraient réalisés par l’entremise de la Banque européenne d’investissement (BEI). En réalité, faire face aux gigantesques défis énergétiques, climatiques et environnementaux toujours plus menaçants implique de mobiliser fortement des financements privés parallèlement aux financements publics. Mobilisation économique et financière de même nature que celle que les États et tous les acteurs économiques ont su (ont dû) le faire lors des deux guerres mondiales, car c’est bien une guerre contre une mise en péril de l’humanité qui doit être engagée...



dimanche, 8 décembre 2019

Surveiller l'emploi de son épargne déposée auprès de sa banque



Surveiller l'emploi de son épargne par sa banque vers des financements verts est une belle idée, mais très difficilement réalisable. Agissons d'abord pour que la régulation des intermédiaires financiers flèchent leur fonds vers des financements verts. Après les épargnants pourront disposer d'informations décantées et fiables pour éventuellement réagir.

                                                                                   *

Dans une chronique des Echos du 6 décembre intitulée " Que font les banques de votre argent? " Jacques Attali pose une bonne question.

En synthèse son article dit que " si on veut que les enjeux du climat soient vraiment pris en compte, il faudrait surveiller de près l'usage que les banques font de notre épargne". Oui, très bien. On ne peut qu'applaudir.

Mais premier point, concrètement, comment voulez-vous que les épargnants puissent évaluer l'emploi de leurs épargne dans l'ensemble des circuits financiers puisque le chaînage est total entre banques, assurances, shadow banking (par les allers et retours incessants entre eux de financements, de couvertures ou de prises de risques....). Toutes ces opérations entre intermédiaires financiers peuvent changer à tout moment l'affectation d'une part considérable des fonds, par exemple en les passant du productif au spéculatif et inversement.

Deuxième point, il a fallu des mois de travaux d'experts pour établir une taxonomie (labellisation) des financements verts versus les bruns en vue de les traiter sur le plan prudentiel par les autorités bancaires. Et le résultat en est tout sauf simple... plus de 67 critères d'éligibilité dans sept grands secteurs sans même parler des désaccords entre Etats membres sur le nucléaire et sur le gaz pour leur classement et se concluant le 5 décembre par un compromis passant par la création de deux catégories intermédiaires pour ne pas tout bloquer... Pour que ces labellisations jouent effectivement dans le dispositif des normes prudentielles à respecter il faut que ces financements restent dans le bilan des banques. En dehors du champ du prudentiel et donc des banques, il faut que cette taxonomie s'applique aussi aux portefeuilles des assurances et autres fonds d'investissements pour qu'elle permette aux analystes, aux agences d'évaluation et aux opérateurs sur les marchés d'évaluer sur des bases objectives la nature verte ou non des produits financiers échangés sur les marchés. De ce point de vue les marchés ont depuis quelques années enrichi leur nomenclature pour fiabiliser les produits négociés et éviter ( à tout le moins réduire) le greewashing.

Autre point épineux pour l'épargnant souhaitant savoir ce que sa banque fait de son argent : que faire des stocks de crédits énormes actuels qui ne peuvent diminuer que très lentement et qui sont beaucoup plus bruns que verts dans cette appréciation ? On ne peut rayer d'un trait de plume les opérations en cours. Va t-on seulement regarder les financements nouveaux qui resteront longtemps faibles pour évaluer le comportement global de son intermédiaire financier ? Et se poser une question semblable pour savoir parmi de nombreuses banques quelle est celle qui serait la moins discutable ?

Certes notre épargnant peut toujours acheter quelques produits dûment labellisés verts ou respectant un développement durable et social mais cela ne peut pas être l'emploi de toute son épargne y compris celle qui doit être immédiatement (ou presque) disponible.

Au total pour l'épargnant vouloir faire une surveillance attentive et régulière de l'emploi de son épargne serait de un beau casse tête en l'état actuel de la réglementation et des informations disponibles.

Alors aidons d'abord à ce que la régulation change par la pression des agents économiques sur tous les décideurs. Que ceux-ci définissent une architecture robuste et fiable à partir de laquelle les comportements individuels pourront éventuellement changer au vu de rapports, d'annexes détaillées et des prospectus que doivent publier, selon les cas, les émetteurs de dettes et les professionnels de la finance. Alors les choses pourront évoluer rapidement; sinon cela restera au niveau de l'incantatoire.  

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