Le Cercle-  Les Echos-
publié le 31/05/2010   par Mory Doré

Mise en perspective des avantages et des inconvénients de ce que l'on appelle la titrisation

mon commentaire :


Votre présentation analyse bien les avantages et les inconvénients de la titrisation telle qu'elle a été pratiquée et qu'elle continue à l'être. Elle montre que cet instrument utile en temps  calme sur les marchés ou dans les économies réelles peut devenir extrêmement dangereux en période de fortes turbulences sur les terrains précités, sans même évoquer des inquiétudes de type politique vis-à-vis d'un grand pays ou d'une zone géographique.


S'il est  tout à fait souhaitable que la titrisation joue un rôle significatif, il est essentiel que la révision de Bâle 2 en la matière prenne bien un compte et suffisamment les risques qu'elle laisse aux cédants, aux refinanceurs (problème de liquidité, de risque commercial ou d'image mais aussi souvent de valorisation tant les banques se trouvent être aussi globalement parmi les principaux porteurs de ces créances cédées, ou de  risques qu'elles comportent par le biais de prises de positions sur des dérivés de crédit).
Il importe aussi que les stress tests qui peuvent être demandés par les autorités prudentielles des banques et des assurances  incorporent bien les effets de richesse, voire de liquidité, que toute dévalorisation forte - et on a vu ce que cela pouvait vouloir dire- peut avoir sur le comportement des entreprises et des ménages. Ce point sera de plus en plus crucial dans la mesure où  la titrisation n' a pas pour vocation à laisser finalement l'essentiel du risque au sein de la sphère financière mais à largement l'extourner aux agents économiques finaux par ailleurs de plus en plus demandeurs de titres. La crise de 2007/2009 ne lui en a pas laissé le temps, mais à moyen terme  cette tendance devrait prévaloir, surtout si les contraintes prudentielles mordent de plus en plus et sur un cercle élargi d'intermédiaires.
Pour trouver un bon équilibre entre ce qu'il est bon de titriser et ce qui devrait rester dans le bilan des banques , il paraitrait judicieux de ne permettre de titriser que les crédits dont la durée de vie résiduelle ou la durée totale ne dépasse pas quelques années. Autant le marché peut être efficace pour gérer des créances (en fait des crédits pour l'essentiel) et donc pour alléger les bilans bancaires lorsqu'elles ont 3 à 5 ans d'échéance, autant cela devient une véritable gageure pour des crédits à 10- 15 -20 ans ou plus ... surtout avec une valorisation valeur de marché - incontournable- qui hypertrophie les conséquences du moment pour des crédits qui peuvent courir sur plusieurs cycles économiques, pendant une vie professionnelle, une ou deux révolutions techniques. .. Pour ces financements très longs  on n'a rien fait de mieux que la mutualisation des risques par les banques.


Un dispositif transitoire serait à trouver pour que ces mesures de prudence ne nuisent pas à la production de crédits nécessaire à la sortie de crise. Les 5 % des crédits titrisés à conserver que les autorités viennent de préconiser et qui sont dérisoires en longue période, peuvent jouer ce rôle. Mais ce pourcentage - variante de la durée restant à courir évoquée précédemment- n'aura de sens que si progressivement il monte pour avoisiner  20 à 25 % deux ou trois  ans après la sortie de crise.      

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