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lundi, 21 novembre 2011

"justice et paix ": une bonne idée, une occasion manquée ?

Liberté politique.com - article de Pierre de Lauzun  ( 11/11/2011) 

Décryptage

 

Après les excellents articles de Thierry Boutet et de Jean-Yves Naudet, je reviens sur le texte du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’ de fin octobre  2011 (‘Pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle’) [1], notamment sous l’angle des proposions concrètes.

mon commentaire :


Je partage presque complètement toutes les observations de Pierre de Lauzun. Le seul point sur lequel je ne le rejoins pas est la taxation des transactions financières. Il est favorable à une taxation des résultats. Je pense qu’il est préférable de retenir une assiette plus ciblée, avec une taxation différenciée selon l'utilité des transactions opérées. Ainsi les opérations pour compte propre, les prises de position sur CDS à nu, le trading à haute fréquence par exemple seraient fortement taxés alors que ne le seraient pas la couverture d'un risque de taux ou de change faite en contrepartie d’opérations réalisées pour des clients non financiers.


Le Conseil aurait fait oeuvre beaucoup plus utile, selon moi, si elle avait dénoncé notamment l'objectif toujours en vigueur de 15 % de rendement des fonds propres dans la plupart des sociétés cotées, dont les banques, même quand ces dernières sont aussi fragilisées qu'aujourd'hui et qu'elles réduisent leurs bilans au risque de moins financer les entreprises et taillent dans les effectifs ! Tout juste si ces dernières concèdent qu’elles ne pourront pas atteindre tout de suite ce chiffre mais que leur objectif est un retour sur fonds propres de 12 à 15 % d’ici 2013 (HSBC - les Echos du 10 novembre par exemple), ou qu’elles visent une rentabilité comprise entre 12 et… 17 % dès 2013 ! (UBS- les Echos du 18 novembre).


Demander avec force un retour sur fonds propre beaucoup plus raisonnable (autour de 7 à 8 % pour donner un ordre de grandeur) est pourtant un discours essentiel à tenir pour rapprocher les conditions de fonctionnement de la finance de l'économie réelle qui ne permet absolument pas 15% de rendement des fonds propres de façon permanente et généralisée surtout actuellement.
En effet, avec des PIB qui progressent aujourd’hui - quand ils progressent- de 1 à 2 % dans les pays développés et de 7 % environ chez les pays émergents, 15 % de rendement (et plus comme cela a été le cas entre 2000 et 2008 ; une grande banque européenne s’était fixé un objectif de 25 % en2006 !), il n’est étonnant que les circuits de financements dysfonctionnent et entrainent de ce fait toutes les économies dans leur sillage quelques mois après… et ce pour de longues années.
Au Moyen Age, la Chrétienté avait condamné les prêts usuraires. Aujourd’hui il lui faut avoir un même discours fort sur des rendements sur fonds propres qui veulent généraliser une exigence incompatible avec l’économie réelle et plus généralement le bien commun. On n’est pas loin d’une nouvelle forme d’usure …

jeudi, 18 mars 2010

La Grèce et la démagogie politique



Les Echos.fr - Le 11/03/10 - AmirWeitmann - Le cercle Economie et entreprises

Les politiciens européens dénoncent "les spéculateurs", responsables de la crise grecque, ou au moins qui "parient" sur la faillite de la Grèce et la précipitent. En fait, ils ne font que montrer leur ignorance, leur démagogie et leur populisme et, surtout, leur dangerosité.

mon commentaire :

Arrêtons les simplifications ! Que les politiques recourent assez souvent à la démagogie en montrant du doigt des opérateurs et/ou des techniques comme autant de bouc-émissaires, personne n'en disconviendra.
Mais que de leur côté les acteurs de la finance ne se présentent que comme de bons petits soldats de la logique, de la rigueur et finalement comme des quasi sauveurs qu'ils faudrait presque remercier (car sans leurs interventions cela aurait été encore pire) qui le croira vraiment ?
En fait les uns et les autres sont très souvent et longuement en étroite collusion jusqu'au moment ou un fait - un déclassement d'une agence de notation, un petit problème de liquidité ou de valorisation de produits négociés sur les marchés, un ralentissement économique voire une crise ...- casse cette belle entente implicite.
C'est bien parce que les banques et les investisseurs institutionnels y ont trouvé leur compte que des ajustements drastiques de balance des paiements sont aussi longuement retardés pour les pays comme les Etats-Unis -plus de 30 ans !-, mais aussi l'Espagne, la Grande-Bretagne et la France -depuis 5 ou 6 ans. Il en est de même pour l'accession à la propriété aux USA avec les subprime qui ont remplacé la capacité de remboursement des emprunteurs par des paris sur le prix des logements et que ces crédits une fois titrisés ont été vendu à toute la planète comme des produits de placements sûrs. On pourrait multiplier les exemples, sur les dettes publiques sur-souscrites , les LBO avec effets de leviers énormes, les flambées des prix sur l'énergie et les matières premières ou alimentaires bien au-delà des données de l'économie réelle ... Au point que le moins suspect des anti- marché, Alan Greenspan, a parlé d'exubérance irrationnelle des marchés dès 1996, que, plus structurellement, les bourses prévoient des cas d'arrêts temporaires des cotations pour que les acteurs reprennent leurs esprits....
Ne serait-il pas plus raisonnable de reconnaître que:

1- si les marchés peuvent avoir la vertu de "recadrer" des politiques de fuite en avant, ils ne le font pas toujours à temps même si c'est avant les politiques. Entre temps ils profitent des facilités de l'heure (et ce d'autant plus qu'ils disposent maintenant de moyens de couvertures considérables pour espérer se défausser des risques juste à temps oubliant que dans les cas extrêmes les contreparties s'évanouissent);
2- leurs corrections peuvent effectivement sur-réagir et provoquer des chocs en chaîne qui n'ont plus de rien de vertueux et qui sont même susceptibles de porter des préjudices graves à leurs clients finaux, voire à leurs actionnaires quand se croyant immunisés de ces risques ils se retrouvent en fait dans ladite chaîne.

Mieux vaudrait travailler en commun pour trouver le cadre institutionnel -alertes des autorités telles le FMI, le Comité de Stabilité Financière-, les banques centrales et autorités de marchés (en se coordonnant) - et institution de ratios prudentiels adéquats- qui permette à la fois le jeu des marchés dans ses multiples composantes mais qui les rendent plus robustes en évitant des emballements nuisibles pour tous. Des chantiers sont en route en la matière: il ne leur faut ni baisser les bras, ni sur-réagir à leur tour.

dimanche, 31 janvier 2010

Le FMI s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives


les Echos du 21/01/2010


Il y a moins de 10 jours le FMI par la voix de son directeur Général, DSK, appelait les Etats à rapidement "élaborer une stratégie" pour sortir de la spirale de la dette, afin de "montrer aux marchés et détenteurs d'avoirs que les gouvernements ont conscience de l'importance du problème et de l'urgence de le régler".

Aujourd'hui il s'inquiète des risques de reconstitution de bulles financières spéculatives au point d'appeler à la mise en place de mesures temporaires de contrôle des capitaux en Asie. N'est-ce pas un peu schizophrène que de vouloir demander d'être vertueux auprès des marchés comme s'ils incarnaient la vérité vraie, qu'en dehors d'eux il n' a pas de salut, alors qu'au même moment lesdits marchés sont repartis dans des exubérances irrationnelles lui faisant dire presque un gros mot!!

C'est un vrai problème que se donner comme juges des acteurs aussi peu fiables ! Il est temps que les Autorités financières remettent les marchés à leur juste place et pas plus !

mardi, 19 janvier 2010

Une sortie de crise à risque pour les banques centrales

En réaction à l'article : "Une sortie de crise à risque pour les banques centrales "

 18/01/2010 - Les Echos

accès à l'article

Sommes-nous condamnés à de nouveaux chocs sur l'énergie, les matières premières, certaines devises (avec le carry trade)... cassant bientôt des économies toujours en crise ?

Oui , si les banques centrales ne changent pas leur politique. Pourtant, sans toucher aux taux, tout en maintenant une grande aisance de refinancement, que n’agissent-elles pas de façon ciblée- presque chirurgicale- par une politique de réserves obligatoires non rémunérées et progressives assises sur l’augmentation des prises de risques sur actifs spéculatifs ?
Les réserves obligatoires sont un instrument de politique monétaire inventé par les banques centrales il y a plus de quarante ans. Pourquoi ne pas l'utiliser de façon pro-active ? D'ailleurs, de façon certes limitée la Chine le fait pour peser sur l'offre de crédit de ses banques.

Suite à la cinquantaine de réactions publiées portant pour l'essentiel sur la conjoncture, j'ai formulé le commentaire suivant le 25  janvier :


Tous ces propos et débats sur la conjoncture, le capital versus l'emploi sont intéressants mais répondent-ils à la question qui se pose vraiment aux banques centrales ?
Elle est pourtant clairement posée par l'auteur de l'article "la sortie du dispositif de crise ((par les banques centrales)est périlleuse, elle peut ébranler les marchés et casser la reprise économique, si l'on agit trop tôt, trop vite. A l'inverse, en tardant, des bulles financières et pressions inflationnistes vont émerger".
J'ai essayé d'y répondre en proposant l'institution de réserves obligatoires progressives et non rémunérées ciblées sur les actifs spéculatifs dans la ligne de "Revoir le rôle des Banques centrales " de D.Plihon et M.Castel dans le N° 94 -juin 2009- de la Revue d'Economie Financière.
Quelles sont vos analyses, vos propositions ? Les enjeux méritent qu'on y réfléchisse tous.

samedi, 12 septembre 2009

Après Dubaï, peur sur les "PIGS"

En réaction à l'article : Après Dubaï, peur sur les "PIGS"

9/12/2009 - Les Echos

Les marchés nous ont emmenés dans le mur, les Etats ont dû jouer les pompiers mais ils se trouvent maintenant totalement dans la main des marchés ! Les dettes publiques sont en effet presque toutes entièrement négociées sur les marchés - ce qui n'était pas le cas il y a encore 15-20 ans. 

Superbe rétablissement de la finance mais qui joue avec le feu. En poussant les primes de risque à la hausse pour certains pays elle teste de facto la solidarité de l'Europe et de ce fait peut conduire à l’irréparable à savoir une cassure de l'Union Européenne, voire celle de la zone euro... entre les pays qui pourraient rester ancrés à un euro fort et les pays en sortant plus ou moins volontairement (M. Berlusconi a proféré cette menace il y a 2 ans !).

La déstabilisation politique et sociale qui en résulterait pourrait être aussi grave que ce que l’Europe a vécu dans les années 30. Les Etats doivent s’affranchir partiellement des marchés en réduisant d'urgence la part négociable de leurs dettes.

 

Voir sur ce site l'article " Remédier au risque pays dans la zone euro - proposition"

publié par la Revue Eurédia 2009/1