Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a lancé hier un avertissement aux banques. A Bâle, au cours d’une réunion des principales banques centrales du monde entier, il a mis en garde les banques privées des grands pays en leur demandant de renforcer leurs bilans, en clair de ne pas se disperser dans des activités trop risquées, de ne pas trop distribuer leurs bénéfices et d’être mesurées sur les rémunérations. Tout çà était évidemment dit en langage ultra codé.
mon commentaire :
Les banques centrales disent à demi-mots que les banques investissent les liquidités obtenues auprès d’elles dans des actifs risqués et spéculatifs et ne montrent pas beaucoup de zèle pour financer les entreprises. Mais comme elles ne peuvent pas remonter leurs taux, sauf à casser la convalescence des économies,leur discours est sans effet. Que n’agissent-elles pas de façon ciblée- presque chirugicale- par une politique de réserves obligatoires non rémunérées et progressives,assises sur l’augmentation de ces prises de risques sur actifs spéculatifs ? Cela au moins dans l’attente du renforcement des exigences de fonds propres de Bâle 2 sur le compte propre notamment qui ne verront le jour au mieux que dans un an ou plus tardivement encore notamment dans certains pays comme ce sera sans doute le cas aux USA... qui n’appliquent toujours pas Bâle 2.
Bonus : Obama dit non à un plafonnement La Tribune.fr - 14/09/2009
Le président américain refuse un retour des "comportements inconsidérés" et des "excès incontrôlés", rappelant sa volonté de mettre en place une réforme "énergique" du système réglementaire. Mais il s'oppose également au plafonnement des rémunérations variables.
MichelCastel a écrit le 15/09/2009
Bravo, voilà un président qui ne confond pas les conséquences- les bonus- et les causes ! Les bonus ne représentent que 5 à 7 % de ce que gagne les banques pour leurs activités de marché . Il veut que son pays réforme de manière énergique son système réglementaire.
Logiquement et nécessairement Il va donc plafonner la source la plus dangereuse des bonus, à savoir celle qui résulte des opérations de trading pour compte propre. Opérations qui, aux dires notamment de Volcker, d'Adair Turner ( deux dangereux anarchistes !), sont sans utilité économique avérée et source de risques majeurs.
Non c'était un rève ... comment en serait-il autrement alors que très populaire, l'idée de plafonner les bonus (c.à.d l'écume) ne passe même pas sous la pression de Wall Street ! Alors quant à s'attaquer au coeur du système, il y a un abîme qui ne sera pas franchi. Wall Street et ses émules ne le permettraient pas.
Michel Aglietta : "l'épargne collective va être garantie par la puissance publique
La Tribune.fr - 24/08/2009 |
Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin de l'actualité sur sa vision de l'après-crise. Propos recueillis par Éric Benhamou
Dernier livre paru : "Crise et rénovation de la finance" (Odile Jacob).
Propos recueillis par Éric Benhamou
• Mon commentaire :
1- " Il faudrait pour le moins exiger des banques beaucoup plus de fonds propres et revenir sur certains principes prudentiels de Bâle 2..." il faudrait au moins doubler le niveau de capital actuellement requis par les règles de Bâle 2 " dites-vous encore. Oui à la proposition sur Bâle 2 mais pour la première qui apporterait ces fonds propres ? Les actionnaires privés dont certains ont beaucoup perdus -y compris les fonds souverains- ou qui demandent 15 % et plus de rendement quand ces dernières années ils ont apporté des capitaux ? Les Etats ?? Ils sont quasiment tous surendettés ... et ces apports avec sous sans droit de vote ? car personne ou presque n'ose plus parler de nationalisations durables alors qu'ils pourraient se retrouver majoritaires ? Pourquoi ne pas plutôt proposer de renforcer les exigences de fonds propres des seules opérations de marché pour compte propre ? Source de risques micro et macro-économiques non nécessaires au bon financement de l'économie réelle ces opérations amplifient considérablement la vulnérabilité de tel ou tel acteur financier majeur- tel AIG- voire de tout le système financier ? Cela calmerait les envies de prendre des positions pour améliorer le rendement global des fonds propres des intervenants.
2- " L'épargne collective relève également du lien social et elle doit être garantie par la puissance publique, même lorsqu'elle reste gérée de façon privée". Ce serait une révolution par rapport aux tendances lourdes engagées tant dans le privé que dans le secteur public depuis plus d'une décennie. N'a t- on pas vu les contrats d'épargne d'entreprise du monde anglo-saxon qui étaient antérieurement à prestations définies progressivement remplacés par des contrats à cotisations définies, renvoyant le risque des employeurs vers les salariés ? Ne voit-on pas les états ou les systèmes sociaux de retraite par répartition faire progressivement la place à la capitalisation; capitalisation qui à ma connaissance n'est jamais garantie. Mais à supposer qu'elle le soit, le risque reviendrait un jour aux états. Or les états des pays développés dépendent tous à plus de 80 % des marchés pour se refinancer. Encore dans la capacité d'être garants en dernier ressort ces derniers mois, leurs marges de manoeuvre ont considérablement diminué. Dans quelques années, avec en sus le risque de la mise en jeu de cette garantie de l'épargne collective, ils ne pourraient plus jouer ce rôle car à leur tour ils seraient dans l'incapacité de se financer sur les marchés... sauf à des taux exorbitants. Cela a d'ailleurs failli être le cas au début de 2009 pour trois ou quatre pays européens (dont certains sont dans la zone euro). La boucle serait bouclée et la crise systémique sans doute retardée par ce dispositif finirait par éclater.
André Orléan : "le G20 a manqué sa cible"
La Tribune.fr - 18/08/2009
Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin de l'actualité sur sa vision de l'après-crise.
Aujourd'hui, pour André Orléan, un monde nouveau suppose une remise en cause radicale de la finance de marché, l'abandon de la recherche du rendement maximal et des sociétés moins inégalitaires.
Mon commentaire :
Je partage complètement les avis de ceux qui saluent la pertinence de l'analyse et partagent les doutes d'André Orléan sur la médication prônée par le G.20. Je ne le suis pas complètement par contre sur l'idée d'un retour au cloisonnement des acteurs de la finance.
. L'auteur préconise, comme plusieurs économistes, un retour notamment au Glass Steagall act(loi qui a séparé banques commerciales des banques d'investissement aux USA en 1933) J e n'y crois pas pour deux raison : 1- depuis 15 ans les banques commerciales classiques -même les mutualistes- ont énormément développé les activités de marché et 2- depuis la crise presque toutes les banques d'investissement sont passées sous le contrôle des banques commerciales. Le ver est donc bien dans le fruit !!• Ce qui amplifie formidablement la spéculation et la course au rendement des fonds propres est le recours au compte propre par les intermédiaires financiers bancaires ou non bancaires. Ce qu'il faudrait proposer c'est que le G.20 prenne une position de principe pour limiter progressivement le poids du compte propre dans le chiffre d'affaires et les risques pris par ces professionnels, surtout quand ils sont soumis à une réglementation prudentielle. Utile pour équilibrer les marchés entre acheteurs et vendeurs de risques de crédit, de taux, de change, le compte propre est devenu totalement déconnecté du réel et a permis et permet toujours en pleine crise d'extérioriser des résultats (et des bonus !) mirifiques par le département BFI (banques de financement et d'investissement) des banques , sauf en cas de crise des marchés bien entendu... mais là, les Etats sont là pour les renflouer ...
• Il faudrait aussi que le G.20 préconise la limitation du volume de ce qui peut être titrisé (crédits rendus négociables) : en la matière il s'agirait de ne permettre la titrisation que des dernières années d'un crédit (3 à 5ans) pour responsabiliser fortement le prêteur (les 5% des crédits devant être conservés envisagés par les régulateurs sont une douce plaisanterie) et ne mettre ainsi sur le marché que des produits à des horizons gérables par les marchés (3 à 5 ans par exemple). C'est bien le rôle en effet des professionnels du risque que d'apporter leur puissance financière et leur expertise pour allouer au mieux les financements, pour gérer les risques de défaillance des emprunteurs, le risque de taux et/ou de change, pour lesquels les agents non financiers sont généralement démunis. Ce n'est plus le leur que d'introduire sciemment des risques additionnels qui devront être socialisés s'ils tournent mal ...sauf à provoquer un effondrement des économies.
Les bonus de la BNP polarisent l'attention. Et les réactions fusent. Alexandra Combe en a cueilli quelques unes au passage.
Voici celle de Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM). Pour elle le problème du capitalisme se pose au niveau mondial. Les interventions du gouvernement ne servent à rien. La prochaine échéance, c'est le G20.
extrait : "Faut-il une intervention du gouvernement pour mettre fin à ce genre de pratiques de la part des banques ? Ce ne serait pas efficace. Le problème se pose au niveau mondial et ne peut trouver de solution que dans une régulation mondiale adaptée. C’est de la compétence du prochain G20. "
18. Posté par Michel Castel le 08/08/2009
Je partage complètement l'analyse de Colette Neuville.
Plus que les bonus en soi, ce sont les activités de marchés qui, par le développement considérable des prises de position pour compte propre par les banques notamment, multiplient par10, voire davantage (avec les produits dérivés), les transactions entre financiers réalisées à partir d' un seul financement initial. Elles permettent de réaliser des marges ou des plus-values instantanées aussi colossales... alors que cela optimise très peu le financement des économies et la gestion des risques. Elles permettent des rentabilités (et des bonus au passage) beaucoup plus élevées que celles réalisées par la banque classique qui collecte des dépôts et accorde des crédits.
il serait indispensable que le G.2O énonce le principe de réduire progressivement l'importance des opérations pour compte propre. Utiles pour équilibrer les positions des agents économiques acheteurs et vendeurs de risques, ces opérations pour compte propre devraient toutefois être plafonnées par rapport au niveau des fonds propres et ce indépendamment du respect des ratios prudentiels existants.Plus que la titrisation souvent accusée d'avoir déclenché la crise, c'est le compte propre qui en a été l'amplificateur et qui demeure le principal risque pour la robustesse du système financier et le principal frein pour un meilleur équilibre entre le marché des capitaux et le crédit..
53. Posté par Michel Castel le 10/08/2009
suite aux commentaires 51 et 52 :
Vous préconisez comme plusieurs économistes un retour au Glass Steagle act (loi qui a séparé banques commerciales des banques d'investissement -c'est à dire banque de marché en 1933)
.J e n'y crois pas pour deux raisons :
1- depuis 15 ans les banques commerciales classiques -même les mutualistes- ont énormément développé les activités de marché et 2- depuis la crise presque toutes les banques d'investissement sont passées sous le contrôle des banques commerciales. Le ver est donc bien dans le fruit !!
Aussi je propose que le G.20 prenne une position de principe pour limiter progressivement le poids du compte propre. Certes cela ne suffira pas à stopper la spéculation, mais le compte propre (cf 18) est devenu considérable dans la stratégie et les résultats mirifiques des BFI (banques de financement et d'investissement) des grandes banques - sauf en cas de crise bien entendu... mais là les Etats sont là pour renflouer ...
Il faudrait aussi limiter le volume de ce qui peut être titrisé (crédits rendus négociables) : en la matière il s'agirait de ne permettre la titrisation que des dernières années d'un crédit (3 à 5ans) pour responsabiliser fortement le prêteur (les 5% prévus sont de la rigolade) et ne mettre ainsi sur le marché que des produits à des horizons gérables par les marchés.
Ainsi limiter très fortement le compte propre ne supprimera pas les risques de marché c'est vrai ni de tarir les bonus. Mais ces risques et bonus me gênent beaucoup moins, ils sont la contrepartie utile voire nécessaire de risques générés par des opérations réalisées avec des clients finaux (entreprises, ménages, états, collectivités locales).
C'est bien le rôle en effet des professionnels du risque que d'apporter leur puissance financière et leur expertise pour gérer les risques de défaillance des emprunteurs, le risque de taux et/ou de change, pour lesquels les agents non financiers sont généralement démunis.