vendredi, 12 octobre 2018
Par Michel Castel le vendredi, 12 octobre 2018, 15:56 - Réactions à des articles de presse
Point de vue de Jean Jouzel
" L'Europe doit créer d'urgence une banque et un budget fédéral pour le climat "
Mon commentaire :
La BCE va réinvestir 130 milliards d'euros en 2019 correspondant aux remboursements à échéance des obligations qu'elle a achetées. Pourquoi ne pas les réinvestir dans des projets contribuant à la transition énergétique ?
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Dans ce Point de vue du 12/10/2018 Jean Jouzel demande que " L' Europe crée d'urgence une banque publique et un budget européen pour le climat".
Cette idée est plus que légitime et pertinente mais on peut craindre qu'elle ne demande plusieurs années avant d'aboutir, à supposer qu'elle aboutisse ce qui suppose l'unanimité des 28 ou 27 états. Unanimité sans doute obtenue qu'après un compromis qui pourrait fortement amputer les enveloppes jugées souhaitables.
Alors en attendant et pour "amorcer la pompe" il y a une action qui pourrait être engagée dès janvier- du moins avant l'été- pour les pays de la zone euro. En effet, alors que la BCE arrêtera en décembre son programme de rachat d'obligations publiques et privée (réalisé dans le cadre du "quantitative easing") elle a déclaré qu'elle réinvestira le montant des obligations achetées arrivant à échéance en 2019 en titres public mais aussi en titres privés; comme l'avait fait la Fed entre 2014 et octobre 2017.
Le montant est d'environ 130 milliards en 2019 et sans doute autant sinon plus pendant plusieurs années. Au prorata des parts des pays dans le capital de la BCE cela donnerait 18,4 milliards pour la France, 16 pour l'Italie et 23,4 pour l'Allemagne. Certains états peuvent laisser de la place au secteur privé s'ils sont par trop contraints budgétairement.
mardi, 28 août 2018
Par Michel Castel le mardi, 28 août 2018, 18:27 - Articles
Pour vraiment verdir le financement de l'économie la sphère financière toute entière doit se mobiliser. Elle le fera d'autant mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.
To really green the financing of the economy, the entire financial sphere must mobilize. It will do so much better than central banks and supervisors will strongly and skilfully accompany it through an adequate prudential environment but also by the implementation of a sustainable policy of preferential refinancing.
Pour réduire de façon drastique les émissions de carbone (engagement
de l'U.E. de les réduire de 40 % avant 2030 notamment) il est indispensable de
très fortement verdir le financement de l'économie. Les financements publics
sont et resteront très insuffisants, les financements privés par les banques et
les marchés doivent être massivement mobilisés. Surtout qu'il y a le même impératif pour lutter contre
la pollution, pour renforcer les
économies d'énergie et arrêter l'effondrement de la biodiversité.
Il est heureux que neuf banques centrales
et superviseurs bancaires se soient mobilisés en décembre 2017 en vue de publier
un rapport en avril 2019. Le défi, selon le Gouverneur de la Banque de France,
François Villeroy de Galhau, est pour
ces autorités " notre nouvelle
frontière à l'instar du financement
de la croissance et des grandes infrastructures au XIXème siècle ou de la
gestion des grandes crises financières au cours de cent dernières années".
Ces Banques centrales et superviseurs travaillent essentiellement pour
déterminer le bon environnement prudentiel pour intégrer le développement de la
finance verte même si leur objectif vise
aussi à renforcer la mobilisation des capitaux en faveur de ce développement.
Le prudentiel prédomine dans ces travaux et dans la gamme des éléments de
préconisations déjà en partie dévoilés; le volet superviseurs a et de loin pris le pas sur la partie banques centrales et les politiques et taux
et de refinancement, bases des politiques monétaires.
A très grands traits, pour le prudentiel il s'agit de bien mesurer les
risques climatiques après en avoir harmonisé les composantes et de mettre en
place des stress tests appropriés auprès des banques et des assurances comme ces autorités savent le faire pour les
risques classiques après en avoir ajusté les dispositifs plusieurs fois depuis
Bâle 1 et les directives européennes. Mais
l'usage des ratios prudentiels est de manipulation difficile - en quoi par
exemple un financement vert serait-il systématiquement moins risqué qu'un
financement classique et justifierait
une moindre exigence de fonds propres ? Moindre exigence susceptible de mettre en
question la robustesse individuelle et globale du système financier aux crises et autres risques (de solvabilité,
de taux, de change...) qui existerons toujours. Une alternative ? Avoir une politique de malus pour les crédits à
forte intensité carbone ou facteurs de pollution ? Elle n'est pas davantage
facile à déterminer. Même avec des taux unitairement élevés sa production globale
sera faible car elle ne portera que sur les nouveaux crédits fortement
carbonés (de peu de poids par rapport aux encours) et elle sera très fluctuante car fonction des
cours très volatiles de l'énergie et des matières premières. De plus elle ne dissuadera
pas d'investir dans des activités carbonées ou négatives pour l'environnement quand
les cours flambent. Par ailleurs, le développement de stress tests climatiques
pertinents - intégrant tous les effets de chaîne à moyen long terme possibles - mentionné par le groupe est tout sauf évident. On l'a vu pour les stress
tests visant les risques classiques connus pourtant de longue date.
Cependant malgré toutes ces difficultés des mesures prudentielles
doivent être approfondies et mises en place. Pour autant elles ne règleront pas
l'enjeu de mobiliser une forte capacité d'offre financière pour les
investissements verts et pour ceux touchant plus globalement à l'impact des hommes sur la planète.
Jusqu'à présent, sur cette
question essentielle, le groupe de banques centrales et de superviseurs précité
montre ses limites. Il indique réfléchir à un développement des obligations
vertes et de leur titrisation; et là on
sait par avance qu'il y aura des avancées; c'est dans l'air du temps ! Le
groupe déclare également " qu'il
faut plus de prêts verts et plus de
financements verts en général accessibles aux particuliers, aux PME et aux
start-ups". Là par contre rien n'est vraiment préconisé voire même simplement
esquissé.
Au-delà de là cette pétition de principe de plus de financement pour
les particuliers et les PME et hormis un traitement prudentiel approprié - cf.
ci-dessus - il n'y a, semble t-il, aucune réflexion sur le volet taux et
refinancement par les banques centrales dans le cadre de leur politique
monétaire seul moyen substantiel pour "booster" l'offre de
financements verts dans son volet bancaire et financier.
Actuellement et sans doute pour quelques années encore, plus qu'une
politique de taux spécifique, la véritable incitation forte à octroyer des crédits verts
et à souscrire des obligations vertes serait de permettre leur refinancement
préférentiel par les banques centrales à l'instar de la mise en place
progressive à partir de 2010 du rachats
de titres publics et de grandes
entreprises qui a permis de faire face à la très grave crise de confiance entre
acteurs financiers minant les facultés de refinancement interbancaires. Maintenant
que cette mesure non conventionnelle est arrêtée (USA) ou en cours de réduction
avant son arrêt (BCE) il y a là la possibilité de remplacer progressivement un refinancement à l'aveugle (qui fut
néanmoins utile) par un refinancement ciblé visant à relever un des plus grand
défit actuel de la planète. En charge de la surveillance directe des plus
grandes banques européennes, la BCE peut se donner les moyens de vérifier ( a
priori, par sondage ou a posteriori) que le papier présenté à ses guichets correspond
bien à un financement concourant à la
sauvegarde de la planète. Elle relèverait ainsi à la fois un défi quantitatif
de financements à offrir et un défi qualitatif que ces même financements soient réellement
sources de progrès et non des opérations de "greenwashing".
Sur le plan financier "la nouvelle frontière" ne sera
effective que si la sphère financière toute entière se mobilise. Elle le fera d'autant
mieux que les banques centrales et les superviseurs l'accompagneront fortement
et habilement par un environnement prudentiel adéquat mais surtout par la mise
en place d'une politique durable de refinancement préférentiel.
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Plus de détails et de précisions dans
http://www.michelcastel.com/index.php?post/2012/04/26/La-quote-part-souhaitable-de-la-BCE-dans-le-pacte-de-croissance
Banque d'Angleterre, Bundesbank, Banque des Pays-Bas, de Suède, de Chine, de
Singapour, du Mexique , Banque de France et Autorité de contrôle prudentiel et
de résolution (ACPR) . Hasard (??) , la Fed n'y participe pas !!
Conférence internationale des superviseurs sur le risque climatique -
Amsterdam, 6 avril 2018
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