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mardi, 12 janvier 2010

M. Trichet hausse la voix...


Les Echos [ 12/01/2010 ]  Dominique Seux

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a lancé hier un avertissement aux banques. A Bâle, au cours d’une réunion des principales banques centrales du monde entier, il a mis en garde les banques privées des grands pays en leur demandant de renforcer leurs bilans, en clair de ne pas se disperser dans des activités trop risquées, de ne pas trop distribuer leurs bénéfices et d’être mesurées sur les rémunérations. Tout çà était évidemment dit en langage ultra codé.

mon commentaire :

Les banques centrales disent à demi-mots que les banques investissent les liquidités obtenues auprès d’elles dans des actifs risqués et spéculatifs et ne montrent pas beaucoup de zèle pour financer les entreprises.
Mais comme elles ne peuvent pas remonter leurs taux, sauf à casser la convalescence des économies,leur discours est sans effet.
Que n’agissent-elles pas de façon ciblée- presque chirugicale- par une politique de réserves obligatoires non rémunérées et progressives,assises sur l’augmentation de ces prises de risques sur actifs spéculatifs ? Cela au moins dans l’attente du renforcement des exigences de fonds propres de Bâle 2 sur le compte propre notamment qui ne verront le jour au mieux que dans un an ou plus tardivement encore notamment dans certains pays comme ce sera sans doute le cas aux USA... qui n’appliquent toujours pas Bâle 2.


mardi, 30 juin 2009

Remédier au risque pays dans la zone euro - proposition

Article paru dans la Revue EUREDIA 2009/1

EUREDIA est une revue trimestrielle, en langue française et anglaise, publiée aux Editions Bruylant, sous l'égide de  l'Association Européenne pour le Droit bancaire et financier.

 euredia.univ-lyon3.fr

Résumé

La crise a obligé les Etats à jouer un rôle de préteur en dernier ressort. Les marchés auprès desquels ils doivent se financer s'inquiètent maintenant de la montée des dettes publiques et, de ce fait,  pour la zone euro, commencent à tester la solidarité des pays membres.
Alors que le FMI peut difficilement intervenir dans cette zone et que les institutions européennes interdisent une intervention directe de la BCE ainsi que tout soutien communautaire à un ou plusieurs pays membres, l'auteur préconise de chercher les moyens permettant de réduire cette dépendance vis-à-vis des marchés.
La technique longtemps utilisée en France, à savoir fixer un  plancher de bons du trésor pour les banques de la zone serait sans doute une des plus efficaces et ne nuirait pas au bon fonctionnement desdites banques. 

lundi, 16 février 2009

Risque pays dans la zone euro


Le Blog Directeur Financier - DFCG-  le 16 février 2009   Par Michel CASTEL

Association nationale des directeurs financiers et du contrôle de gestion


Des écarts de spreads grandissants entre les pays de la zone euro, la dégradation de la signature de plusieurs d’entre eux par les agences de notation et l’approfondissement de la crise font que le risque d’éclatement de la zone euro est une question qui n’est plus taboue depuis mi-janvier.

Le 29 janvier, le Gouverneur de la BCE a certes tenu des propos rassurants sur BFM en indiquant que « la crise actuelle ne présente pas de risque d’éclatement de l’euro ». Cependant, la crise n’a pas dit son dernier mot et on ne voit pas pourquoi les marchés ne continueraient pas à tester le degré de solidarité des 27 pays de l’Union et plus précisément celle du sous-ensemble des 16 pays constituant la zone euro.


Or celle-ci a bien du mal et aura bien mal à se manifester ; on se limitera à deux points pour l’illustrer. D’abord, l’idée d’emprunt(s) groupé(s) qui témoignerait de cette solidarité a été repoussée plusieurs fois par différents responsables au motif clairement explicité le 2 février par le Gouverneur de la Bundesbank « qu’il atténuerait le caractère disciplinant des marchés financiers et que l’engagement de chaque pays à tenir en ordre ses propres finances publiques est un élément clé de la constitution de l’Union Européenne ». Ensuite, la zone euro ne peut pas a priori compter sur un refinancement des pays membres par la BCE, en raison de l’article 104 du Traité de Maastricht qui l’interdit à la BCE et aux autres banques centrales nationales, contrairement à la Fed pour les Etats-Unis.


Or l’essentiel des besoins de financements additionnels des Etats, tant en Europe que dans presque tout le reste du monde, vient du mauvais fonctionnement des marchés et du crédit et ce, malgré les soutiens publics massifs apportés au secteur financier. Dans le même temps, ce dernier continue bien entendu à disposer de l’intégralité des dépôts et titres existants de l’ensemble des agents économiques ou en cours de création par l’injection des concours publics. Alors pourquoi ne pas assurer une partie du refinancement des Etats boudés par les marchés par l’instauration d’un plancher de bons du Trésor (BT) auprès des banques de chaque pays en fonction de leurs dépôts ? C’est un dispositif qui a fonctionné notamment en France (jusqu’en 1966) quand après la dernière guerre mondiale les Etats étaient une source essentielle du financement des économies et ce jusqu’à la montée en puissance des banques puis des marchés dans les différents pays. Les banques détiennent déjà spontanément une part importante des dettes publiques: il s’agirait qu’elles n’en baissent pas l’encours et qu’elles l’augmentent de 3 à 4 % ou de 4 à 5 % de leurs dépôts selon le poids de ceux-ci dans les PIB nationaux pour couvrir tout ou partie des déficits liés à la crise. Ces BT sont pour elles des emplois rémunérés, sans risque, non consommateurs de fonds propres et pouvant servir de collatéral pour un éventuel refinancement auprès du Système Européen de Banque Centrale (SEBC). Si les marchés renouvelaient le niveau de leurs encours actuellement souscrits, le bouclage financier des dettes publiques des pays de la zone euro pourrait être presque assuré sans le concours direct, si ce n’est assez marginal, du SEBC. Politiquement de telles interventions directes très limitées des banques centrales de la zone euro devraient réduire la crainte de « la planche à billets ». Cela devrait permettre plus facilement d’obtenir l’accord unanime des 27 pays de l’Union nécessaire pour avoir une lecture ouverte du traité de Maastricht et de rassurer les marchés.
Il est de l’intérêt général d’envisager des dispositifs de ce type pour prévenir, le cas échéant, les possibles conséquences désastreuses d’un processus extrêmement dangereux de surenchère dans la recherche de primes de risque sur tous les Etats de la zone euro– y compris les plus solides- pour voir jusqu’où on peut aller. On le sait maintenant, les risques systémiques, même les plus improbables, existent quand on les alimente. On ne sait pas quand ils peuvent éclater mais ils finissent par éclater… et on commence à en connaître le prix.


Nota : un article plus complet sera publié par l’auteur fin mars-début avril dans Euredia, Revue européenne de droit bancaire et financier, Editions Bruylant, 2009.1
 

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