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vendredi, 5 juin 2015

"La discrète américanisation" de l'Europe des capitaux

Les Echos- 21/05/2015-  Eric Le Boucher -éditorialiste

" L’union européenne du marché des capitaux est sur les rails. Elle doit aboutir, comme aux Etats-Unis, à atténuer le poids des banques dans le fonctionnement de l’économie. Un tournant historique qui eût mérité un débat."

mon commentaire :

La poursuite accélérée de la désintermédiation en Europe, à l’instar du système américain, voulue et saluée par presque tout le monde se révélera très certainement extrêmement dangereuse à terme. Il est bon qu'Eric Le Boucher invite à y réfléchir sérieusement. C 'est en effet un modèle de financement aux cycles économiques très contrastés, gérable quand il était limité aux pays anglo-saxons, qui le sera beaucoup moins quand il aura été généralisé. Sur une longue période, banques et marchés sont à égalité dans la pertinence de l’analyse du risque microéconomique. Par contre, la maîtrise du risque macroéconomique est moindre quand les marchés assurent l’essentiel des financements et des risques.
L’atomisation des risques, leur couverture et le succès apparemment durable anesthésient longtemps les acteurs et les observateurs… jusqu’à leur réveil.
Et là, c’est une déferlante, en temps réel, face à laquelle on ne sait pas faire face, pas plus demain qu’hier, malgré les dispositifs prudentiels récemment mis en place.

vendredi, 29 juin 2012

Union bancaire : une chance à saisir, une nécessité à ne pas rater

Le Cercle- Les Echos du 26/06/2012- Hubert deVauplane

Le débat est maintenant largement lancé. Le sommet des 28 / 29 juin 2012 va-t-il donner l’impulsion politique nécessaire à la création d’une union bancaire européenne ? Rien n’est moins sûr .

mon commentaire:

L’Union bancaire : une chance et une nécessité nous dit l'auteur. Il a parfaitement raison. Il soulève de nombreuses questions essentielles auxquelles il conviendra de répondre pour que les déclarations soient réellement suivies d'effets. Tentons d'y apporter quelques réponses.


Il  ne s’agit pas de traiter les crises que peuvent connaître certaines des 8000 banques des 27 pays mais la vingtaine de groupes à dimension systémique. La défaillance d’établissements comme  Northern Rock  n’est pas hors des capacités de traitement d’un  pays, pas plus que les 7 ou 8 caisses d’épargne espagnoles ne l’étaient.

Le projet de la Commission prévoit d’octroyer à l’autorité de résolution des pouvoirs qui dérogent non seulement au droit commun, mais aussi au droit de la faillite est-il rappelé. D’ores et déjà en France le code monétaire donne des pouvoirs exorbitants du droit commun à l’ACP.  Aux USA, le FDIC a des pouvoirs encore beaucoup plus grand.

Pour la composition et le fonctionnement de cette autorité on pourrait  s’inspirer des meilleures autorités administratives indépendantes françaises. Qu’on se rappelle la belle indépendance que le CECEI  refusant le rapprochement des trois banques, la BNP, Paribas et Société Générale en août 1999.

Les fonds nécessaires pour assurer la continuité d’exploitation de ces banques pourraient provenir des fonds de garantie de dépôts mutualisés et de la taxe sur les transactions financières. Pour l’immédiat, le MES et le FMI pourraient les préfinancer. Le FMI serait ainsi associé à ces sauvetages au lieu de le voir prêter aux pays ... qui prêtent ensuite.
Enfin, pour éviter une grande partie de l’aléa moral, Il  faudrait  instituer un partage du fardeau entre le pays du siège social et l’Europe pour que cette dernière ne  couvre que tout ou partie  des besoins nés des risques pris sur les marchés et dans les autres pays de l’Union.  Il devrait se faire selon une pondération multi-critères (parts des risques résidents/ non-résidents, des marchés dans les risques et le produit net bancaire, sources des résultats, composition de l’actionnariat…).

 cf. « Qui devra payer pour les banques systémiques ? »  Le Cercle- Les Echos - le 22/09/2011

mercredi, 23 mai 2012

Pourquoi il faut démondialiser le système bancaire européen

Le Cercle- Les Echos du 23/05/2012 - point de vue de Jean Arthuis et Jean Peyrelevade

Nous souhaitons bien entendu que les dirigeants européens parviennent enfin à maîtriser la crise qui menace l'euro. Mais cela ne suffira pas à porter remède à nos fragilités, qui appellent un traitement de fond.

mon commentaire  :

Je pense qu'il n'est pas plus souhaitable de démondialiser le système bancaire européen que de démondialiser les économies.

Par contre, là où je rejoins les auteurs c'est quand ils cherchent à esquisser une régulation et une supervision qui ramèneraient les banques à leur métier fondamental de financer au mieux l'économie réelle, y compris dans sa complexité. Complexité qui justifie l'appel au marché mais dans des limites qui font que les professionnels du risques doivent en garder l'essentiel car les ménages et les entreprises n'ont pas les moyens dont ils disposent pour les gérer au mieux.

Sur le caractère national des banques et les mécanismes de traitement des crises des méga-banques, je signale mon article du Cercle- Les Echos  ci-dessous, intitulé :

"Qui devra payer pour les banques systémiques ?" Le Cercle- Les Echos - le 22/09/2011

vendredi, 18 mai 2012

L'Europe a besoin de davantage de crédit non bancaire

Le Cercle- Les Echos du 18/05/2012 par Nicolas Véron

La majorité des responsables publics français et européens continuent de considérer la finance à travers le prisme des banques traditionnelles, mais ils devraient impérativement élargir leur horizon.

commentaire :

Ce n’est pas parce que le crédit bancaire se fait difficile qu’il faut promouvoir les circuits de financement non bancaires !

Quand on aura marchéïsé très fortement les financements on aura :


-plus de volatilité et d’ampleur encore dans les chocs économiques et financiers – le modèle américain a ses limites en cas de généralisation,
- une très forte démutualisation des signatures des emprunteurs. Les PME et TPE qui n’ ont pas accès au marché dépendront de banques asséchées des bonnes signatures,
- une déformation des circuits de l’épargne au profit de produits de marché. Les épargnants supporteront directement les risques de défaillance et les risque de taux alors que l’épargne intermédiée bénéficie de la protection du nominal. Les effets de richesse seront redoutables.
- des banques centrales obligées d’intervenir sur les marchés dans des proportions encore beaucoup plus grande qu’aujourd’hui par des achats fermes avec des risques de monétisation considérables.


Le canal du crédit n’est pas sans défaut mais celui de la marchéïsation non plus. A égalité pour l’analyse du risque microéconomique. la maitrise du risque macro-économique est moindre quand les marchés assurent l’essentiel des financements et des risques. L’atomisation des risques, leur couverture et le succès apparemment durable anesthésient longtemps les acteurs et les observateurs …jusqu’au moment de leur réveil. Et là, c’est une déferlante face à laquelle on ne sait pas faire face.
Un petit exemple alors même que cela ne touchait qu’un seul pays. En Août 1982 le Mexique endetté de 100 milliards de dollars sous de crédits ne pouvait plus payer. Après plusieurs mois de négociation avec les banques et le FMI un plan de redressement a été établi. En 1994, à nouveau en grande difficulté, la BRI a dû mettre 50 milliards sur la table en 24 h pour sauver de l'effondrement complet les obligations mexicaines ! Même gravité des problèmes: délais extraordinairement différents.

                                                                                         **

Ci-après un bref commentaire suite à l'article " Le financement de l'économie en danger "signé par Philippe Brassac- Jean-Louis Fort et Olivier Pastré dans Le Cercle - Les Echos du 22 mai 2012   http://www.lesechos.fr/0202062844751.htm


Je partage complètement cette analyse. Elle peut me semble t-il être prolongée par les deux commentaires que j'ai fait à propos de l'article du 18 mai dernier de Nicolas Véron intitulé :
" L'Europe a besoin de davantage de crédit non bancaire" .

Lien proposé : le Cercle - les Echos